Jean-Baptiste Colbert, homme d’État français, contrôleur général des finances pendant le règne de Louis XIV (né le 29 août 1619 à Reims, en France; décédé le 6 septembre 1683 à Paris). Homme de confiance du roi, il donne un élan sans précédent au commerce, à l’industrie, à l’organisation des finances, à la justice et à la marine royale. Il favorise grandement l’essor de la France dans le monde et a une influence majeure sur le développement et le peuplement de la Nouvelle-France. Il participe aussi à la rédaction du Code noir qui codifie l'esclavagisme, notamment dans les Antilles et en Lousiane. (Voir aussi Esclavage des Noirs au Canada.)
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Ascension de carrière fulgurante
Jean-Baptiste Colbert, deuxième enfant d’une fratrie de neuf, est issu d’une famille aisée engagée dans le commerce international depuis le 16e siècle. Son père, Nicolas Colbert de Vandières, est d’abord marchand de tissu, mais il quitte le commerce et sa région pour concentrer sa carrière en finances à Paris vers 1630. Il y introduit Jean-Baptiste auprès de ses relations parisiennes influentes.
Jean-Baptiste Colbert entre au service de l’État en 1640 où il connaît une ascension fulgurante. Il occupe différents postes et fait rapidement valoir ses talents d’administrateur. Sa chance tourne véritablement en 1651, alors que la France est aux prises avec la Fronde, une période de guerre civile qui secoue le pays. Le pouvoir est alors aux mains du cardinal Jules Mazarin, le principal ministre de la régente Anne d’Autriche et mère de Louis XIV. Forcé de quitter la capitale à cause de la violence pour s’exiler en campagne, le cardinal Mazarin fait de Jean-Baptiste Colbert son agent de liaison à Paris et son intendant personnel.
Ce dernier est si polyvalent qu’il devient vite indispensable. Véritable bourreau de travail, il confie au cardinal : « Mon inclination naturelle est tellement au travail que je reconnais tous les jours, en m’examinant en mon dedans, qu’il m’est impossible que mon esprit puisse soutenir l’oisiveté ou le travail modéré ». De retour à Paris, le cardinal Mazarin fait de lui un homme riche et influent. À 30 ans, Jean-Baptiste Colbert a acquis une fortune et un prestige considérable. Il acquiert un titre de noblesse en 1657 en achetant le château de Seignelay, devenant ainsi Marquis de Seignelay.
(avec la permission de Bibliothèque et Archive Canada/4313225)
Peu avant sa mort en 1661, le cardinal recommande son protégé à Louis XIV. Pendant toute sa vie, le roi est très proche de Jean-Baptiste Colbert et fait de lui son conseiller personnel et son ministre le plus puissant. Principal artisan de la disgrâce de Nicolas Fouquet, Jean-Baptiste Colbert lui succède comme intendant des finances. Il occupe les postes les plus importants, notamment surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures (1664), contrôleur général des finances (1665) et secrétaire d’État chargé de la Maison du roi, de la ville de Paris, du clergé et de la marine (1669). Pendant près de 20 ans, il domine l’administration du royaume.
Administrateur colonial hors pair
En tant que contrôleur général des finances, Jean-Baptiste Colbert est responsable de tout ce qui touche l’économie des provinces françaises, y compris le Canada. Comme pour tous les domaines qui retiennent son attention, il déploie une énergie considérable dans sa tâche et a une influence majeure sur l’administration, le peuplement, la défense et le commerce en Nouvelle-France.
Il encourage l’autonomie de la colonie en instaurant une politique de protectionnisme dont un des effets à long terme est l’établissement des forges du Saint-Maurice. C’est lui qui choisit personnellement Jean Talon pour devenir l’intendant de la Nouvelle-France (1665-1668 et 1670-1672) au moment où celle-ci est sérieusement menacée par les Haudenosaunee. Pour mettre un terme au conflit, Colbert favorise la venue en Nouvelle-France de 1 300 soldats professionnels du régiment de Carignan-Salières. De ce nombre, 283 restent en Nouvelle-France et se marient. Plusieurs d’entre eux épousent des Filles du roi, dont plus de 800 débarquent en Nouvelle-France entre 1663 et 1673. (Voir aussi Peuplement de la Nouvelle France.)
Les efforts de Jean-Baptiste Colbert portent leurs fruits. La natalité canadienne est en hausse et par conséquent la population du Canada triple en dix ans. Sous Jean Talon, le Canada devient autosuffisant en lard et en cuir, et l’agriculture est si abondante qu’on commence à exporter des pois, du blé, du houblon et même de la bière. (Voir aussi Industrie brassicole au Canada.)
(avec la permission des Archives nationales)
Après 1669, la défense de la Nouvelle-France relève désormais du nouveau ministère de la Marine auquel le secrétaire d’État, Jean-Baptiste Colbert, fixe les politiques et les règlements. Travailleur infatigable, il favorise l’organisation de soldats attachés à la défense des ports de France, qui évolueront, plus tard, en un corps militaire nommé les troupes de la Marine. À partir de 1683, ces soldats sont envoyés en Nouvelle-France pour défendre le pays de façon permanente. Autrefois négligée, la Nouvelle-France dispose désormais des ressources administratives et militaires pour assurer son développement.
Fin de carrière
Dans les années 1664-1671, le travail considérable entrepris par Jean-Baptiste Colbert pour renforcer l’industrie française donne des résultats remarquables. Les draperies françaises, par exemple, sont exportées en Espagne, en Italie, en Allemagne et jusqu’en Inde. À partir de 1672, toutefois, le coût de la guerre de Hollande affecte considérablement l’aide financière de l’État à l’économie, ce qui entraîne le déclin ou la fermeture de nombreuses manufactures françaises. De plus, les réformes rapides de Jean-Baptiste Colbert se heurtent non seulement à la concurrence commerciale des Anglais et des Hollandais, mais aussi aux structures économiques archaïques et féodales de l’Ancien Régime.
Vers 1680, l’influence de Jean-Baptiste Colbert sur Louis XIV diminue. Malgré les efforts de son principal rival, le marquis de Louvois, il conserve jusqu’à la fin de sa vie un rôle essentiel dans la direction des affaires de l’État. C'est également à cette époque qu'il contribue à la rédaction du premier Code noir : un texte juridique qui légifère l'esclavagisme dans certaines colonies françaises, notamment dans les Antilles et en Louisiane. (Voir aussi Esclavage des Noirs au Canada.) Le « grand commis » de Louis XIV s’éteint en 1683, épuisé par le travail.