Jeu d'argent
Les jeux d'argent consistent à parier un objet d'une certaine valeur ou une somme d'argent sur l'issue d'une éventualité ou d'un événement, cette issue étant incertaine et pouvant être tributaire du hasard, du talent, d'une combinaison de hasard et de talent, ou d'un concours. Bien avant l'arrivée de Jean Cabot au Canada en 1497, le jeu était populaire chez les autochtones. Même si bon nombre de leurs jeux anciens ne sont aujourd'hui qu'un élément de l'histoire culturelle de ces peuples, les autochtones utilisaient des bâtonnets à jouer depuis déjà des siècles quand sont arrivés les Européens avec leurs jeux de cartes.
Depuis près d'un siècle, les jeux d'argent les plus populaires sont les jeux de cartes comme le poker, le stook et le vingt-et-un (blackjack), ainsi que les jeux de dés comme le craps et la barbotte. À l'époque de la RUÉE VERS L'OR DU KLONDIKE, le jeu de Faro, joué à l'aide d'un jeu de cartes ordinaires, était aussi en vogue. Ses origines remontent au jeu allemand appelé lansquenet, qui se pratiquait déjà dans les années 1400. Ce sont des joueurs américains qui ont fait connaître le Faro dans des régions comme Dawson City, au Yukon, où des fortunes se sont faites et se sont perdues par de simples parties de cartes. Au Canada, la popularité du FARO s'est estompée en même temps que la ruée vers l'or. En revanche, elle s'est maintenue aux États-Unis. (Le nom a survécu au Yukon, où une ville s'appelle ainsi.)
Statut légal
Depuis sa promulgation originale en 1892, le CODE CRIMINEL canadien, à l'instar de la common law anglaise, tolère les jeux de hasard sous certaines conditions. En 1910, une mesure législative modifie la loi afin de permettre le pari mutuel. En 1894, ce genre de gageure, où les gagnants se partagent les enjeux dont on prélève une part pour l'hippodrome, les écuries et l'État, devient la forme officielle et légale de pari en France. Cette modification ouvre aussi une brèche pour les jeux d'argent occasionnels dont les profits servent à des fins religieuses ou de bienfaisance. Certains jeux sont aussi permis à l'occasion de foires et d'expositions agricoles.
À part quelques rares modifications, les lois sur le jeu restent pratiquement intactes jusqu'en 1970, année où le Code criminel subit des changements énormes qui donnent aux provinces l'autorité de réglementer le jeu, à peu d'exceptions près.
Industrie de plusieurs millions de dollars
Les changements survenus dans les années 70 entraînent la création d'une industrie du jeu de plusieurs millions de dollars dans tout le Canada. En 1989, le premier casino commercial du pays ouvre ses portes à Winnipeg, suivi de celui de Montréal en 1993. D'autres provinces emboîtent le pas par la suite. Le Manitoba, le Québec, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan possèdent tous des casinos commerciaux. Par ailleurs, plusieurs gouvernements provinciaux mettent en place des appareils de loterie vidéo. Il s'agit tout simplement de machines à sous vidéo qui, plutôt que de remettre des pièces de monnaie au gagnant, produisent un coupon que le détenteur de licence chez qui se trouve ces machines échange contre de l'argent. Les appareils de loterie vidéo se révèlent très populaires et génèrent annuellement des millions de dollars dans les coffres des gouvernements provinciaux, qui sont maintenant activement engagés dans les LOTERIES. Un grand nombre de groupes religieux et de bienfaisance en sont venus à compter sur les recettes du jeu pour satisfaire leurs besoins budgétaires annuels. Les expositions et les foires agricoles tirent des profits substantiels des activités de jeu lors de leur tenue annuelle. Le pari mutuel dans les champs de courses est depuis longtemps un passe-temps populaire. En 1984, les Canadiens ont parié 1,64 milliard de dollars dans les hippodromes des quatre coins du pays (voir PUR-SANG, COURSES DE).
Les paris lors d'événements sportifs particuliers, de loin la forme de jeu illégal la plus répandue, enrichissent largement les preneurs de paris et constituent la plus importante source de revenus de jeu du CRIME ORGANISÉ. On trouve des maisons de jeu privées illégales dans toutes les grandes villes canadiennes. Elles accueillent souvent des escrocs qui trichent au moyen d'une foule de techniques. En fait, ces tricheurs fréquentent aussi les établissements de jeu privés légaux, mais n'attirent presque jamais l'attention des responsables de l'application de la loi.
Le jeu illégal
Le jeu illégal est généralement perçu comme une forme de crime « sans victime » et fait l'objet de peu de plaintes auprès de la police. Contrairement à d'autres crimes, le jeu illégal moderne est toléré. La population n'exerce aucune pression pour qu'il soit réglementé. L'existence du jeu illégal et sa croissance soutenue semblent n'avoir eu aucune incidence sur le marché du jeu légal. De même, la libéralisation des activités de jeu légales qui s'opère depuis les années 70 semble n'avoir eu aucun effet sur le jeu illégal.
Au cours des 80 dernières années, le jeu a beaucoup évolué au Canada, passant d'une activité socialement tolérée uniquement dans certaines limites étroites, à un passe-temps largement accepté. On commence à répertorier les conséquence sociales, juridiques et économiques de ces activités.
La vaste majorité des Canadiens peuvent intégrer le jeu à leur style de vie sans se mettre dans une situation critique. Cependant, pour une minorité de Canadiens, le jeu effréné peut avoir un effet dévastateur. Des études provinciales récentes montrent qu'environ 5 p. 100 des adultes éprouvent des problèmes par suite de leurs habitudes de jeu et que la proportion de joueurs compulsifs chez les adolescents est trois fois plus élevée que chez les adultes. Même si le pourcentage de joueurs compulsifs dans la société canadienne est plutôt faible, le jeu excessif n'est pas une activité sans victime. On estime que le joueur compulsif porte préjudice à entre 10 et 15 personnes de son entourage, y compris des membres de sa famille, des amis et des employeurs.
Les répercussions du jeu compulsif prennent diverses formes : perte des économies de toute une vie, faillite commerciale, recours par les joueurs invétérés à des crimes comme la fraude et le détournement de fonds pour soutenir leurs habitudes, négligence à l'égard d'enfants, violence domestique et rupture de mariages, absentéisme et baisse de productivité en milieu de travail. Les gouvernements provinciaux ont commencé à reconnaître les coûts associés au jeu et, en conséquence, ils fournissent un financement continu à des programmes de prévention et de réduction des dommages causés par les problèmes du jeu.