Les Jeux d’hiver de l’Arctique sont une compétition biennale fondée en 1970 pour offrir aux athlètes du Nord des possibilités d’entraînement et de compétitions, et pour promouvoir les échanges culturels et sociaux entre les différents peuples nordiques. Bien que les Jeux aient commencé en Amérique du Nord, ils se sont développés pour accueillir des athlètes d’autres régions du monde, y compris le Groenland et certaines régions de la Russie comme le Magadan, la Laponie et la péninsule de Yamal.
Contexte
Lors des premiers Jeux d’hiver du Canada dans la ville de Québec en 1967, Cal Miller, le conseiller financier de l’équipe du Yukon, est déçu de la performance des athlètes nordiques. Comme elles ont un accès limité aux possibilités d’entraînement et aux installations sportives, les équipes nordiques peinent à rivaliser avec les équipes des régions du sud. Le spectateur et commissaire des Territoires du Nord-Ouest, Stuart Hodgson, fait écho aux préoccupations de Carl Miller. « Nous n’étions tout simplement pas dans la même ligue… Nos joueurs faisaient ça comme un simple sport, tandis que les personnes du sud avaient des commanditaires et tout ce qui était possible pour réussir. »
Afin de soutenir les équipes nordiques, Cal Miller, Stuart Hodgson et Bud Orange (député fédéral des Territoires du Nord-Ouest) proposent de mettre sur pied une compétition de jeux d’hiver pour les athlètes du Nord. Cal Miller appelle le commissaire du Yukon, James Smith, qui organise une réunion avec Carl Miller et Arthur Laing, le ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord. Carl Miller se rappelle d’être entré dans le bureau d’Arthur Laing en s’écriant qu’il avait « la meilleure idée depuis l’invention du 7-Up »; la création d’un événement culturel et sportif nordique et circumpolaire. Carl Miller discute également de l’idée avec Walter Hickel, le gouverneur de l’Alaska. Ce dernier soutient pleinement l’idée et il aide à fonder la Arctic Winter Games Corporation (AWGC) le 18 janvier 1968.
Les premiers Jeux ont lieu à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, en 1970. Le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, inaugure les Jeux qui accueillent près de 500 athlètes du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et de l’Alaska. Depuis, les Jeux ont lieu tous les deux ans, en alternance selon les juridictions participantes.
Croissance des Jeux d’hiver de l’Arctique
Lors de la deuxième édition des Jeux en 1972, des athlètes du nord du Québec et du Groenland se joignent aux trois participants fondateurs, soit le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et l’Alaska. L’Union soviétique et le Labrador envoient également des observateurs. En 1976, le nord du Québec accueille les Jeux à Schefferville, et c’est la première fois qu’ils sont présentés à l’extérieur du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et de l’Alaska. Toutefois, en 1980, en 1982 et en 1984, les Jeux retournent aux juridictions fondatrices des participants.
Après les Jeux de 1984, les Jeux d’hiver de l’Arctique contactent d’autres contingents nordiques en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba afin d’inclure plus d’athlètes et d’augmenter le niveau de compétition, ainsi que l’attrait des Jeux dans d’autres régions du Canada. Cependant, l’Alberta est la seule province qui envoie une équipe d’observateurs d’environ 40 athlètes aux Jeux de 1986. L’équipe devient un partenaire permanent en 1988 et accueille les Jeux pour la première fois en 1994.
En 1992, des athlètes russes de la province de Magadan participent aux Jeux pour la première fois; et des athlètes du Groenland reviennent également pour participer aux Jeux. Au cours de cette année-là, le budget des Jeux augmente à près de 1,2 million de dollars. En raison du succès grandissant des Jeux sur la scène internationale, la société des Jeux change son nom et devient le Arctic Games Winter International Committee (AWGIC) en 1993. En 2002, la ville de Nuuk au Groenland devient la première ville à l’extérieur de l’Amérique du Nord à accueillir les Jeux.
Les Jeux comprennent désormais des représentants du Yukon, de l’Alaska, du nord de l’Alberta, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut, du Groenland, du Nunavik, du Magadan, de la Laponie et de la péninsule de Yamal.
Le saviez-vous?
Pour la première fois depuis leur création, les Jeux d’hiver de l’Arctique ont été annulés en 2020 en raison de la pandémie COVID-19. L’année 2020 a marqué le 50e anniversaire des Jeux d’hiver de l’Arctique, qui auraient dû se dérouler à Whitehorse au Yukon. Les Jeux d’hiver de l’Arctique ont recommencé en 2023 à Wood Buffalo en Alberta.
Comité international des Jeux d’hiver de l’Arctique Le Comité international des Jeux d’hiver de l’Arctique est l’organe qui dirige les Jeux, et il est responsable de la promotion de la philosophie des Jeux, ainsi que de choisir une ville hôte et de contrôler l’image visuelle des Jeux. Le comité comprend un président et un conseil d’administration qui se rencontrent quatre fois par année pour évaluer et discuter des candidatures d’hôtes, des politiques du comité, des événements sportifs à organiser, des règlements spécifiques aux sports et de la préparation générale de la ville hôte des Jeux.
Les directeurs sont nommés par la région qu’ils représentent et ils sont tous bénévoles. En 2024, le comité compte neuf directeurs, ainsi qu’un président, un vice-président/trésorier, un secrétaire et un ancien président. Le président en 2024 est John Rodda, qui est originaire d’Alaska.
Le comité est financé par une contribution annuelle versée aux cinq gouvernements qui ont des directeurs sur ce comité : les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Yukon, l’Alaska, l’Alberta et le Groenland.
Sport et culture
Le nombre et le type des événements sportifs varient légèrement d’une année à l’autre en fonction du nombre d’athlètes qui participent à chaque épreuve, et en fonction de l’accès aux installations sportives. Bien que le comité tente de choisir des sports qui sont uniques au Nord, d’autres sports sont inclus s’il y a une large participation parmi les juridictions participantes ou s’il existe un potentiel de développement du sport. Les sports communément soutenus par les villes hôtes des Jeux d’hiver de l’Arctique comprennent :
Sports arctiques, y compris le coup de pied simple, le coup de pied double, la savate alaskane, le saut à genou, le saut en traîneau, le saut triple, le bras de fer, l’attrapé d’une main, la traction de la nuque, le saut à cloche pied et autres jeux d’origine inuite. |
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Biathlon, ski |
Biathlon, raquette (voir aussi Raquette) |
Jeux d’origine dénée, y compris la traction du doigt, le serpent à neige, la traction au bâton, les jeux de mains et la poussée de la perche (voir aussi Dénée) |
Course de traîneaux à chiens (voir aussi Traîneau à chiens) |
Soccer intérieur |
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En plus des compétitions sportives, la ville hôte des Jeux met sur pied un programme culturel qui dure tout le long des Jeux et qui présente des arts visuels et de l’artisanat autochtones aux communautés nordiques (voir aussi Art autochtone et Art inuit). Chaque contingent amène un petit groupe d’artistes aux Jeux afin d’exprimer sa culture unique. Les Jeux d’hiver de l’Arctique se terminent avec un gala culturel.
Trophée Hodgson
Nommé en l’honneur de l’un des fondateurs du comité des Jeux, le commissaire Stuart Hodgson (Territoires du Nord-Ouest), le trophée Hodgson est remis à la délégation d’athlètes qui symbolisent le mieux l’esprit d’équipe et l’esprit sportif. Les membres de l’équipe gagnante reçoivent également une épinglette unique pour souligner leurs réalisations.
Le trophée Hodgson est une œuvre d’art inuite qui provient de l’Arctique canadien (voir aussi Cercle arctique). La pièce maîtresse est une défense de narval gravée. Un ours en stéatite, qui essaie d’atteindre le haut de la défense, symbolise l’esprit de compétition. La figure d’un morse est gravée dans la base en stéatite du trophée, et il s’enroule autour de la défense.
Le trophée Hodgson est exposé au Temple de la renommée du sport du Yukon à Whitehorse.
Villes hôtes
Les villes qui ont accueilli les Jeux depuis leur création en 1970 sont :
Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (1970) |
Whitehorse, Yukon (1972) |
Anchorage, Alaska (1974) |
Schefferville, Québec (1976) |
Hay River et Pine Point, Territoires du Nord-Ouest (1978) |
Whitehorse, Yukon (1980) |
Fairbanks, Alaska (1982) |
Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (1984) |
Whitehorse, Yukon (1986) |
Fairbanks, Alaska (1988) |
Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (1990) |
Whitehorse, Yukon (1992) |
Slave Lake, Alberta (1994) |
Chugiak et Eagle River, Alaska (1996) |
Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (1998) |
Whitehorse, Yukon (2000) |
Iqaluit, NU et Nuuk, Groenland (2002) |
Wood Buffalo, Alberta (2004) |
Kenai Peninsula Borough, Alaska (2006) |
Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (2008) |
Grande Prairie, Alberta (2010) |
Whitehorse, Yukon (2012) |
Fairbanks, Alaska (2014) |
Nuuk, Groenland (2016) |
Hay River et Fort Smith, Territoires du Nord-Ouest (2018) |
Whitehorse, Yukon (2020) (annulés en raison de la pandémie COVID-19) |
Wood Buffalo, Alberta (2023) | Vallée de la Matanuska-Susitna, Alaska (2024) |