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Juana Tejada

Juana Tejada, aidante familiale, activiste (née le 27 juin 1969 à Abra, aux Philippines; décédée le 8 mars 2009 à Toronto, en Ontario). Juana Tejada est devenue l’inspiration pour une campagne populaire qui a suscité des réformes de Programme des aides familiaux résidents (PAFR), un programme fédéral. (Voir Travail domestique au Canada (aide familiale).) L’amendement au PAFR est connu sous le nom de « loi Juana Tejada ». (Voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada; Politique d’immigration au Canada.)

Jeunesse

Juana Belo Tejada naît et grandit dans la province d’Abra, dans le nord des Philippines. (Voir aussi Canadiens philippins.) Son père, Benjamin, et sa mère, Carmen Tejada, sont tous deux fermiers. Elle est la cinquième de neuf enfants. Elle termine ses études collégiales avec un diplôme en enseignement. Toutefois, elle part à l’étranger pour obtenir un emploi mieux rémunéré. En 1995, elle travaille comme aide-domestique à Hong Kong. Après huit ans de travail contractuel à l’étranger, elle retourne aux Philippines. Elle y reste brièvement avant de partir travailler au Canada. (Voir aussi Histoire de la migration de main-d’œuvre au Canada.)

Vie au Canada

Juana Tejada arrive en Alberta en mars 2003. Elle immigre dans le cadre du Programme des aides familiaux résidents. Ce programme encourage les travailleurs domestiques étrangers à venir au Canada en tant que fournisseurs de soins pour les personnes âgées, pour les besoins particuliers et pour les enfants. Les aidants familiaux doivent passer un examen médical avant de venir au Canada. Après avoir travaillé pendant au moins deux ans, ces travailleurs peuvent obtenir le statut de résidents permanents. (Voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.) Juana Tejada travaille comme bonne d’enfants pour deux paires de jumeaux. Elle envoie de l’argent aux Philippines pour aider ses parents, ses six frères et sœurs et son mari.

Après avoir terminé son contrat de deux ans, Juana Tejada soumet sa demande de résidence permanente. Le ministère Citoyenneté et immigration Canada (CIC) la juge admissible et lui accorde un permis de travail ouvert. Cependant, pour obtenir son statut de résidente permanente, elle doit subir un autre examen médical. (Voir aussi Politique d’immigration au Canada.)

Problèmes d’immigration

En 2006, la demande de Juana Tejada est refusée par un agent d’immigration de l’Alberta. Son deuxième examen médical révèle qu’elle a une forme grave de cancer. Son accès à l’assurance maladie provinciale est immédiatement coupé. (Voir Politique sur la santé.) Le CIC déclare qu’elle est inadmissible à la résidence permanente pour des raisons médicales. On lui donne également 60 jours pour faire appel, avant qu’une décision finale soit rendue.

Juana Tejada déménage avec un cousin à Toronto. Elle décide de retarder son traitement contre le cancer de plusieurs mois parce qu’elle n’est pas couverte par le système de santé public. Elle continue à travailler comme aidante familiale pour deux familles. Elle doit amasser assez de fonds pour payer son traitement médical. Des défenseurs des droits des immigrants, des groupes religieux et des dirigeants communautaires l’aident avec du soutien financier. À partir de février 2007, elle subit des scanographies et des biopsies. En mars, de l’aide temporaire vient du gouvernement de l’Ontario qui réinstaure la couverture d’assurance maladie de Juana Tejada jusqu’en août 2007.

Appel et plaidoyer

Juanan Tejada conteste les décisions précédentes du CIC. Elle fait appel par l’intermédiaire de son avocat. Elle envoie une lettre le 11 décembre 2007. Cette lettre demande au gouvernement canadien de faire une exemption en sa faveur pour des motifs humanitaires. Des groupes communautaires, comme Migrante, un organisme de défense des droits des immigrants, la soutiennent également. En avril 2008, le CIC rejette à nouveau sa demande. Selon la décision, son état de santé « pourrait raisonnablement entraîner une demande excessive de soins de santé et de services sociaux ». Un mois plus tard, le CIC reconnaît une erreur de procédure de sa part et rouvre le dossier de Juana Tejada. (Voir aussi Politique d’immigration au Canada.)

Juana Tejada continue à plaider pour des changements auprès du PAFR. (Voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.) Le 11 juin 2008, des groupes communautaires lancent une campagne populaire en son nom. Lors d’un discours public, Juana Tejada fait appel aux autres aidants familiaux qui ont des problèmes de santé comme elle à s’avancer et à demander de l’aide. Cette même journée, elle reçoit un appel du CIC qui lui annonce une décision inattendue. Son permis de travail est prolongé jusqu’à la fin de l’année. Son mari, qui a un visa de visiteur pour pouvoir s’occuper d’elle, obtient également un permis de travail. Ce même mois, un jour avant son anniversaire, son avocat lui fait part d’une mise à jour. Juana Tejada bénéficie finalement d’un sursis des autorités canadiennes de l’immigration. Son assurance maladie couvrira ses frais médicaux à partir du moment où son assurance maladie de l’Ontario expire, en août 2007. (Voir Politique sur la santé.) En juillet, le CIC rend une décision officielle dans une lettre. Il l’exempte de ses exigences médicales et lui accorde finalement sa résidence permanente. Pendant ce temps, Juana Tejada entame ses traitements de chimiothérapie contre son cancer.

Le 8 mars 2009, lors de la Journée internationale de la femme, Juana Tejada meurt à l’hôpital Toronto General. Elle a 39 ans. Sa dépouille est rapatriée par avion aux Philippines, et elle est enterrée dans sa ville natale. (Voir aussi Pratiques funéraires au Canada.)

Legs

Des manifestants portent une pancarte encourageant l'adoption de la loi Juana Tejada.

Le cas de Juana Tejada suscite envers elle l’intérêt des médias et un soutien considérable de la part du public. Divers groupes philippins forment la coalition Justice for Juana Tejada. Des pétitions sont créées pour la soutenir. Plusieurs syndicats et organismes publics se joignent à la cause.

Juana Tejada est saluée comme une héroïne migrante. Le groupe Migrante International la qualifie de « femme OFW (Overseas Filipino Worker [travailleuse des Philippines à l’étranger]) par excellence ». Elle inspire la création de groupes organisés d’ aides familiaux résidents. Son cas entraîne la formation de la Independent Workers Association - Home Worker Section (IWA) en tant qu’affiliée au Syndicat des métallos. La IWA développe plus tard la Independent Women Workers Association (iWWorkers) et devient une partie de Migrante. Juana Tejada est notamment une membre fondatrice de iWWorkers.

Connu sous le nom de « loi de Juana Tejada », un amendement à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés est adopté en avril 2010. (Voir aussi Politique d’immigration au Canada.) Les aidants étrangers n’ont plus besoin d’un deuxième examen médical lorsqu’ils font leur demande de résidence permanente, à condition qu’ils aient travaillé assez longtemps au Canada. Le ministre de l’Immigration Jason Kennedy déclare : « nous honorons la mémoire de Juana Tejada et de Celia Mansibang et de toutes les autres qui ont été de braves championnes pour leurs sœurs, les femmes philippines, et les autres du Programme des aides ». (Voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.)

Le succès de la campagne mène à davantage de discussions sur les autres enjeux auxquels font face les aidants. Ceux-ci incluent de meilleures conditions de travail et un programme d’immigration plus simplifié. Par conséquent, plusieurs améliorations sont apportées au programme. Les aides familiaux résidents peuvent obtenir un permis de travail ouvert après avoir complété le nombre d’heures requis. Ceci leur permet de se trouver un autre travail que celui d’aidant familial. Ceci permet également aux travailleurs de quitter le domicile de leur employeur pendant qu’ils font leur demande de résidence permanente. En 2011, les aides familiaux résidents obtiennent une période allant jusqu’à quatre ans pour terminer leurs deux années de travail à temps plein. De plus, les noms et adresses des employeurs abusifs sont affichés sur le site web du gouvernement et ils sont également inadmissibles pour embaucher des travailleurs étrangers pendant deux ans. En 2014, le nouveau Programme des aides est établi. L’exigence de résidence au domicile de l’employeur est éliminée. Le gouvernement introduit deux nouvelles voies pour les aidants pour enfants ou pour personnes ayant des besoins médicaux élevés.

L’histoire de Juana Tejada est présentée dans un épisode de 90 minutes de Maalaala Mo Kaya (« Te souviens-tu? »). L’émission est l’une des séries télévisées les plus populaires aux Philippines.

Un salon a été nommé en l’honneur de Juana Tejada à l’église Our Lady of Assumption à Toronto. L’espace est géré par la Archdiocesan Filipino Catholic Mission. Le salon offre des services communautaires, plus particulièrement pour les aidants.