Judy Rebick, féministe, activiste sociale, auteure, communicatrice et oratrice (née le 15 août 1945 à Reno, au Nevada). Judy Rebick défend les droits des femmes, des minorités et des travailleurs depuis les années1960. Elle a été membre du caucus Waffle du NPD et porte-parole pro-choix de l’Ontario Coalition for Abortion Clinics. Elle se taille une réputation à l’échelle nationale en tant que présidente du Comité canadien d’action sur le statut de la femme (de 1990 à 1993) et en tant qu’animatrice d’émissions de télévision à la CBC (de 1994 à 2000). De 2002 à 2010, elle a été titulaire de la chaire Sam Gindin en justice sociale et démocratie à l’Université Ryerson. Elle est également auteure à succès ainsi qu’éditrice et fondatrice de rabble.ca.
Jeunesse et éducation
La famille de Judy Rebick quitte les États-Unis pour le Canada lorsqu’elle a neuf ans. Partisane de l’activisme politique de gauche, elle écrit pour le McGill Daily pendant son baccalauréat en psychologie à l’Université McGill. En 1968, elle s’installe à New York et s’implique dans la culture hippie et le mouvement de la contre-culture. Elle est surprise et fâchée par l’attitude sexiste des leaders masculins de la contre-culture. Judy Rebick entreprend également une aventure de randonnée en solitaire au Moyen-Orient et en Asie du Sud, où elle est témoin d’expressions encore plus flagrantes de discrimination raciale et sexuelle.
Débuts professionnels
À son retour au Canada, elle travaille avec le Groupe marxiste révolutionnaire et, plus tard, avec la Ligue ouvrière révolutionnaire. Ces groupes trotskystes font partie du mouvement de la nouvelle gauche. Ses partisans ne s’entendent pas sur les tactiques à préconiser, mais prônent à l’unisson le désarmement nucléaire, l’organisation communautaire, les droits des travailleurs et l’égalité des sexes.
NPD et caucus Waffle
L’activisme de Judy Rebick la conduit à s’impliquer dans le caucus Waffle, le groupe de gauche radical au sein du Nouveau Parti démocratique (NPD). Fondé en 1969, le caucus Waffle fait valoir que le NPD a tort d’abandonner ses convictions socialistes pour tenter d’attirer davantage d’électeurs. Judy Rebick joint sa voix à celles de Mel Watkins et de James Laxer, les dirigeants du caucus, qui soutiennent que le parti devrait défendre fièrement des idées socialistes radicales pour protéger les Canadiens de la puissante élite qui a gouverné le Canada et des influences américaines qui ont menacé la survie du pays. (Le caucus Waffle est exclu du NPD en 1972 et devient une organisation politique distincte, pour ensuite être dissous en 1974.)
En 1986, Judy Rebick se porte candidate à la présidence du NPD en Ontario, mais ne remporte pas la course. Lors des élections provinciales de 1987 en Ontario, elle défend les idées du caucus Waffle en tant que candidate du NPD dans la circonscription torontoise d’Oriole. Elle se classe troisième.
Porte-parole pro-choix
Le droit des femmes à contrôler leur corps grâce à l’accès à des moyens de contraception et à l’avortement est un aspect important du mouvement des femmes au Canada dans les années 1980. Judy Rebick est reconnue publiquement pour son rôle de porte-parole pro-choix de l’Ontario Coalition for Abortion Clinics. En 1983, alors qu’elle et le Dr Henry Morgentaler, défenseur du droit à l’avortement, marchent vers une nouvelle clinique qu’il est sur le point d’ouvrir à Montréal, un fanatique anti-avortement s’élance sur Henry avec une paire de cisailles. Judy Rebick intervient rapidement, sauvant ainsi le Dr Morgentaler du danger.
De la fin des années 1970 au début des années 1990, Judy Rebick occupe le poste de directrice des projets spéciaux de la Société canadienne de l’ouïe. (Voir aussi Perte d’audition et Culture des sourds.) Elle a expliqué par la suite : « Je faisais avancer les choses. Mon travail consistait à apporter des changements. C’est ce que je faisais. »
Comité canadien d’action sur le statut de la femme
Le rapport de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, publié en décembre 1970, recommande un certain nombre de changements de politique, notamment un meilleur accès aux moyens de contraception, aux services de garde de jour, aux congés de maternité et à l’éducation. L’incapacité du gouvernement à mettre immédiatement ces recommandations en œuvre conduit à la formation du Comité canadien d’action sur le statut de la femme (CCASF) en janvier 1971. Le CCASF devient rapidement le plus grand groupe de pression féministe au Canada. Il obtient le soutien de plus de 700 organisations, dont des syndicats, des églises et des groupes populaires. De 1990 à 1993, Judy Rebick est la présidente du CCASF. Sous sa direction, le comité met de la pression sur le gouvernement fédéral et l’incite à adopter des lois en matière d’équité salariale et à offrir un meilleur accès aux cliniques d’avortement et aux centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle pour améliorer la vie des femmes.
Carrière de journaliste et de commentatrice
À titre de présidente du CCASF, Judy Rebick gagne en visibilité à l’échelle nationale, ce qui la pousse à devenir commentatrice à la télévision et à la radio. Elle est coanimatrice de l’émission d’actualités et de débats Face Off de la CBC et animatrice de l’émission sur les enjeux féminins Straight from the Hip. En 2001, elle cofonde rabble.ca, un site d’actualités influent qui encourage le débat sur une série d’enjeux sociaux progressistes. Elle est également éditrice de rabble.ca de 2001 à 2005.
Durant cette période, Judy Rebick rédige des articles pour divers journaux et revues et devient une oratrice très recherchée. Elle écrit aussi quatre livres et en co-écrit un cinquième. Elle exprime de manière très concrète sa frustration à l’égard des partis politiques en tant qu’agents du changement dans son livre Imagine Democracy (2000). Selon elle, les partis politiques se ressemblent de plus en plus et les électeurs, au lieu d’avoir accès à de véritables options politiques, doivent choisir entre une droite sauvage, avec un sourire aux lèvres et le regard inquiet, et un centre-droite fade, avec un haussement d’épaules. Dans son livre Occupy This! elle soutient que les partis de gauche établis n’apportent plus de changement positif. Elle applaudit une « approche collective, diversifiée, compatissante et ascendante du changement social, dans laquelle les enjeux et les communautés se rejoignent et produisent quelque chose de nouveau et de puissant. »
Chaire Sam Gindin en justice sociale et démocratie
Judy Rebick est la première titulaire de la chaire Sam Gindin en justice sociale et démocratie à l’Université Ryerson, poste qu’elle occupe de 2002 à 2010. Elle prend de nombreuses initiatives et organise notamment une grève d’occupation de trois jours à l’Assemblée législative de l’Ontario en mai 2008 dans le but d’attirer l’attention sur les efforts des Autochtones dans la protection de leurs territoires contre l’exploitation injuste et illégale des ressources par les entreprises. Judy Rebick contribue à la mise sur pied du groupe de travail antiraciste de l’Université Ryerson et du Toronto Social Forum pour promouvoir la justice sociale dans la ville. Elle organise aussi une conférence internationale rassemblant des militants politiques du monde entier.
Mémoire et santé mentale
En 2018, Judy Rebick publie un mémoire intitulé Heroes in my Head. Elle écrit qu’au cours des années 1980, elle souffre d’une dépression et d’un trouble dissociatif de l’identité; de ce fait, elle entend 11 voix distinctes qui lui parlent dans sa tête. (Voir Santé mentale.) La thérapie révèle plus tard que ses troubles mentaux sont causés par le souvenir refoulé d’avoir été agressée sexuellement par son père lorsqu’elle avait cinq ans. Elle explique : « Je me suis dit que [le livre] aiderait d’autres femmes à savoir qu’une personne comme moi, que la plupart des gens considèrent comme forte et compétente, a souffert de la violence masculine et s’en est remise en grande partie. Je suis aussi d’avis que nos croyances à l’égard de la santé mentale sont encore assez problématiques. Nous stigmatisons, criminalisons et marginalisons les personnes souffrant de problèmes de santé mentale. »
Prix
- Prix Sarah-Shorten, Association canadienne des professeures et professeurs d’université (2009)
Livres
- Transforming Power: From the Personal to the Political (2009)
- Imagine Democracy (2000)
- Ten Thousand Roses: The Making of the Modern Identity (2004)
- Occupy This! (2012; Le Mouvement Occupy : nous sommes les 99 %, 2013)
- Heroes in My Head (2018)