Juliette Huot, comédienne (née le 9 janvier 1912 dans le quartier de Tétreaultville, aujourd’hui Mercier-Est, à Montréal, Québec; décédée le 16 mars 2001 à Brossard, Québec). Elle est l’une des pionnières québécoises du monde de la radio, du théâtre et de la télévision.
Éducation et début de carrière
Issue d’une famille de sept enfants, elle travaille à l’imprimerie Wilson de Montréal dès l’âge de 14 ans afin d’aider ses parents, Aldéric Huot et Rose-de-Lima Bélanger, à subvenir aux besoins de la famille. Alors qu’elle cherche un loisir pour occuper ses temps libres, elle découvre le théâtre et se joint à une troupe amateur de la paroisse de Sainte-Claire de Tétreaultville. Dans les années 20, elle devient officiellement membre de la troupe Les Compagnons du masque, et, un peu plus tard, dans les années 30, de celle de La Renaissance fondée par la comédienne Liliane Dorsen. En 1935, elle suit une formation afin de parfaire son jeu de comédienne, à la nouvelle école d’art dramatique, le Studio Maubourg-Roberval, fondée par Jeanne Maubourg.
Une femme de théâtre et de radio
En 1937, Juliette Huot obtient un rôle dans la pièce Le dernier miracle du frère André écrite par Jean Desprez. Cette pièce présentée l’année même du décès du frère André (voir Saint André) obtient un succès retentissant. La troupe entreprend une tournée à travers la province de cinq mois, ce qui incite Juliette Huot à abandonner son emploi à l’imprimerie pour se consacrer entièrement au théâtre. Elle devient ensuite comédienne à la radio (voir Radiodiffusion et télédiffusion) où elle prête sa voix à des personnages de radio-roman pour les stations CKAC, CBF et à la Société Radio-Canada. L’auditoire la découvre notamment dans le rôle de Bertine du feuilleton Un homme et son péché scénarisé par Claude-Henri Grignon (l’auteur du roman du même titre) et réalisé par Guy Maufette et Lucien Thériault. L’émission est diffusée sur les ondes de la radio de Radio-Canada pendant plus de 20 ans.
À partir de 1939, Juliette Huot passe au théâtre professionnel. Elle joue dans les Fridolinades, une revue composée de sketches, de chansons, de parodies et de monologues écrits par Gratien Gélinas et adaptés pour la scène théâtrale au Monument National jusqu’en 1946. En ces années de guerre, Juliette Huot est engagée aux côtés de Marcel Gamache, Juliette Béliveau, Denis Drouin, ainsi que plusieurs autres comédiens comiques, afin de divertir les troupes de soldats qui se préparent à partir au front. En 1948, elle est également de la distribution d’une des plus célèbres pièces de Gélinas, Ti-Coq. Par la suite, on la trouve aux Variétés lyriques sous la direction de Charles Goulet et Lionel Daunais.
Son petit logement situé au 1184 rue Mackay devient un lieu de rassemblement fréquenté par de nombreux artistes, et ce, à toute heure du jour et de la nuit. Juliette est considérée par ses pairs, comme une âme chaleureuse et invitante et selon son ami Gilles Latulippe, une femme à qui l’on peut tout confier.
Des rôles marquants à la télévision et au cinéma
Pendant plusieurs décennies et jusqu’à la fin du 20e siècle, Juliette Huot incarne des personnages qui ont marqué l’imaginaire collectif québécois. C’est le cas de Madame Sylvain dans la comédie Symphorien présentée à Télé-Métropole entre 1970 et 1977. On se souvient également du personnage de Germaine Lauzon, dans la pièce Les belles-sœurs de Michel Tremblay; un rôle qu’elle défend avec brio lors d’une tournée à Paris en 1973.
Au cinéma, elle incarne dignement Maman Plouffe (Joséphine Plouffe) dans Les Plouffes de Gilles Carle (1981) et Le crime d’Ovide Plouffe (1984) de Denys Arcand, adaptions cinématographique des romans de Roger Lemelin. Ce rôle lui vaut d’ailleurs une nomination aux Prix Génie pour la meilleure actrice de soutien (1982).
Entre 1982 et 1987, Juliette Huot joue au petit écran, dans la comédie Peau de banane, de Guy Fournier, aux côtés de Louise Deschâtelets, Yves Corbeil, Sebastien et Marie-Soleil Tougas. Dans les années 1990, elle est présente dans plusieurs téléromans à succès dont Jamais deux sans toi de Guy Fournier où elle personnifie Marie-Ange Duval ainsi que dans Montréal P.Q. de Victor-Lévy Beaulieu où elle incarne Délicia. En 1996, elle décroche son dernier rôle à la télévision dans la dramatique L’enfer de l’âge d’or, sur la violence faite aux personnes âgées, dans le cadre de la série Avec un grand A de l’auteure Janette Bertrand.
Remarquable cuisinière, elle lance aussi ses propres livres de recettes qui obtiennent beaucoup de succès. Pendant cinq ans, elle anime l’émission quotidienne Les recettes de Juliette à la télévision de Radio-Canada.
Une artiste engagée
Dans les années 40, madame Huot siège au Conseil de l’Union des artistes (UDA) et s’implique avec passion au sein de cette association. Elle fonde avec Jean Duceppe, Paul Guèvremont et Gérard Delage la Caisse de fonds de secours destinée aux artistes.
À partir de 1962, elle est bénévole pour Les Petits frères des Pauvres dans le quartier Plateau-Mont-Royal à Montréal. En 1988, en reconnaissance à son dévouement pour cette organisation, une maison de vacances pour personnes âgées située à Oka est nommée en son honneur Maison Juliette-Huot. Un parc montréalais dans l’Arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve porte depuis 2007 son nom, ainsi qu’un prix (Prix Juliette-Huot), décerné annuellement par Les Petits frères du Québec, afin de reconnaître l’engagement exceptionnel d’un ou d’une bénévole au sein de cet organisme.
Juliette Huot qui a si souvent incarné les belles-mères et les matriarches aux grands et petits écrans laisse derrière elle, un public fidèle et conquis par son incommensurable talent.
Prix et distinctions
Trophée du Prince Paul-Lieven, meilleure comédienne de théâtre (1938)
Trophée Laflèche (1945)
Miss Radio-Télévision, prix décerné à l’artiste la plus populaire à la suite d’un vote du public (1968)
Médaille de l’Ordre Militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, pour son implication auprès des Petits Frères des Pauvres (1974)
Nomination meilleure actrice de soutien, Prix Génie (1982)
Chevalier de l’Ordre national du Québec (1988)