Jason D. Harrow, rappeur, producteur de musique (né le 12 mai 1976 à Scarborough, ON). Qualifié de « secret le mieux gardé du hip-hop canadien » par le magazine Billboard, Kardinal Offishall a joué un rôle central pour faire sortir ce type de musique des circuits parallèles et lui faire une place dans l’univers de la musique grand public à la fin des années 90 et au début des années 2000. Interprète endiablé et bourré d’énergie, il est réputé pour son sens de la répartie, pour sa conscience sociale, pour les influences que le reggae et le dancehall exercent sur sa musique et pour ses prestations empreintes de lyrisme souvent émaillées de patois jamaïcain. Producteur prolifique, il a enregistré les plus grands noms du hip-hop avec lesquels il s’est également produit. Ambassadeur international de Toronto et du hip-hop canadien, il a remporté de multiples prix Juno et SOCAN.
Jeunesse
Fils d’immigrants jamaïcains, Jason Harrow grandit à Toronto, durant son enfance dans la région de Flemingdon Park, puis, pendant son adolescence, dans le quartier Oakwood-Vaughan. Son intérêt pour la musique est largement stimulé par la collection musicale de son père qui exerce le métier de DJ et cultivé par sa mère, enseignante et animatrice communautaire, qui l’encourage à écrire ses premières rimes hip-hop à l’âge de dix ans. Il commence à se produire dès douze ans et adopte Kool Aid comme nom de scène à treize ans. Âgé de quatorze ans, il remporte une compétition pour la composition d’une chanson antidrogue et gagne la possibilité de rencontrer le pionnier du hip-hop canadien Maestro Fresh Wes.
Harrow crée un groupe avec des amis et commence à se produire dans des centres commerciaux et des centres communautaires de la région de Toronto. Il monte également sur scène pour Nelson Mandela lors de sa visite au Canada en 1990, peu après sa libération de prison en Afrique du Sud. En 1993, Harrow participe au programme « Fresh Arts », financé par Jobs for Ontario Youth (JOY), par l’intermédiaire duquel il rencontre de nombreux collaborateurs et collègues, notamment la chanteuse Jully Black, le musicien hip-hop Saukrates et le réalisateur de vidéos musicales Little X (devenu Director X). Conforté dans son projet d’enregistrer des disques, Harrow forme, avec un certain nombre de ses camarades du programme « Fresh Arts », l’influent collectif torontois de hip-hop Figurez ov Speech.
C’est à peu près à cette époque qu’il change son nom pour adopter celui de Kardinal Offishall. Le terme Kardinal fait référence au cardinal de Richelieu, un homme d’État français. « Offishall » est un jeu de mots entre « official » (officiel) et « off-I-shall » (je sortirai) qui se veut une expression synthétique de la tendance qu’a Harrow à quitter la scène durant ses spectacles en direct. Alors qu’une scène hip-hop indépendante émerge à Toronto, Figurez ov Speech gagne en notoriété, en particulier grâce aux premiers enregistrements de Saukrates. Le collectif fait bientôt cause commune avec Choclair, un MC dont Saukrates est le producteur, pour former un nouveau collectif hip-hop riche de douze membres appelé The Circle.
Premiers succès individuels
Un jour, à l’école, Offishall se retrouve avec une chanson qui lui trotte dans la tête et dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il fait l’école buissonnière, se rend au studio et enregistre « Naughty Dread » un morceau contenant un échantillonnage de « Natty Dread » de Bob Marley. En tant que premier simple d’Offishall, ce morceau figure sur la compilation de 1996, intitulée Rap Essentials Volume 1, qui constitue un jalon essentiel de l’histoire du rap; il lui vaut également une place dans la sélection finale pour le meilleur enregistrement de rap lors des prix Juno. Durant cette période, Offishall émerge comme une figure charismatique du nouveau collectif Circle dont les effectifs s’accroissent encore et qui entraîne derrière lui de nombreux amateurs locaux lors de ses spectacles en direct.
En 1997, Offishall publie son premier album autoproduit Eye and I et remporte un petit succès avec le seul simple de l’album « On Wit Da Show » qui passe régulièrement sur les ondes anglophones de la chaîne MusiquePlus. Il décide de quitter l’Université York où il étudie les communications de masse pour se concentrer exclusivement à sa carrière discographique. En 1998, il apparaît sur le simple révolutionnaire de Rascalz « Northern Touch » qui remporte un immense succès et lui vaut une part du prix Juno 1999 du meilleur enregistrement de rap.
Après la sortie en 1999 de Husslin’, un maxi qui fait partie de la sélection finale pour les prix Juno, Offishall signe un contrat avec la compagnie MCA Records. Il produit aussi le simple « Let’s Ride » de Choclair, comme lui membre de Circle, à l’occasion du premier enregistrement de ce dernier chez une major. En 2000, il produit également « Bustin’ Loose » de Maestro Fresh Wes sur lequel il fait une apparition.
Succès grand public et changements de maisons de disques
Le premier enregistrement d’Offishall pour une major en 2001, Quest for Fire: Firestarter Vol. 1, inclut « Bakardi Slang », le principal simple de l’album, qui rend compte sans équivoque de la présence antillaise à Toronto. Ce titre est le premier simple d’Offishall à intégrer le classement des titres de rap les plus en vue « Hot Rap Tracks » du magazine Billboard et à se propulser dans les quarante premiers de ce palmarès; « Bakardi Slang » lui permet également d’apparaître, pour la première fois, au palmarès des vingt plus grands succès canadiens. Offishall donne un coup d’accélérateur à sa notoriété internationale en enregistrant un remix de la chanson de la « supervedette » jamaïcaine du dancehall Bounty Killer. Le deuxième simple de l’album « Ol’ Time Killin’ » se classe dans les quarante plus grands succès au Canada et est remixé par Offishall et par la grande vedette du hip-hop Busta Rhymes. Quest for Fire: Firestarter Vol. 1 fait partie de la sélection finale pour le prix Juno 2002 du meilleur enregistrement de rap.
Offishall commence à collaborer avec des artistes et des producteurs aussi en vue que Timbaland, Missy Elliott et Pharrell Williams, ce dernier lui offrant une apparition sur le remix du succès de Clipse dans les circuits parallèles « Grindin’ ». Williams produit également « Belly Dancer », qui devait être le premier simple du prochain album d’Offishall. Toutefois, sa maison de disques, MCA Records, est en cours d’absorption par Geffen Records et l’album ne sortira jamais. Dans un premier temps, Offishall est retenu par Geffen; toutefois, il se retrouve rapidement frustré par les orientations artistiques qu’on lui demande de prendre et finit par quitter cette maison de disques.
Travail indépendant et compilations
Offishall fait une apparition comme acteur dans le film canadien de 2003 Love, Sex and Eating the Bones, mais continue à rester concentré sur sa réussite dans le domaine musical en tant qu’artiste sans agent. En exploitant ses relations et sa crédibilité artistique, il collabore avec de nombreux artistes dans différents genres, qu’il s’agisse du dancehall, du hip-hop ou de la variété, notamment avec le chanteur canadien de R & B Glenn Lewis et avec le groupe de variété écossais Texas. Il sort également plusieurs compilations indépendantes, en particulier, en 2004, une compilation inspirée par Tarantino Kill Bloodclott Bill Vol. 1. « Bang Bang », un simple issu de cette compilation, fait partie de la liste des finalistes pour le meilleur enregistrement de rap lors des prix Juno 2005.
En 2005, Offishall se produit avec Jay-Z au festival Caribana de Toronto et apparaît sur le premier album de Rihanna Music of the Sun. Toujours en 2005, son troisième album, Fire and Glory, sort par l’intermédiaire de Virgin Canada et obtient une place de finaliste aux prix Juno dans la catégorie meilleur enregistrement de rap. Le simple vedette de cet album « Everyday (Rudebwoy) » se hisse à la 16e place des plus grands succès au Canada et remporte trois MuchMusic Video Awards. Toutefois, selon lui, les organisateurs font peu de place au hip-hop et, après la cérémonie de remise des prix, Kardinal se promet de ne plus jamais participer aux prix Juno.
Offishall signe alors avec Kon Live, une structure dirigée par le chanteur d’origine sénégalaise Akon. Après la sortie d’autres compilations et des apparitions ponctuelles supplémentaires sur des enregistrements d’autres artistes, comme « Just Dance » de Lady Gaga, Offishall sort son album Not 4 Sale en 2008. Le principal simple de cet enregistrement, intitulé « Dangerous », remporte un succès immédiat au Canada et à l’étranger, devenant le premier morceau d’un artiste hip-hop canadien à faire irruption dans le classement des cent chansons les plus en vue du magazine Billboard, le « Hot 100 », dans lequel il atteint même la place de numéro 5. « Dangerous » décroche la deuxième place de ce même classement pour le Canada où il obtient également une triple certification Platine; dans de nombreux pays européens, le morceau se classe parmi les dix simples ayant obtenu le plus grand succès. La vidéo du morceau sur YouTube est vue plus de soixante millions de fois à ce jour et continue à être regardée.
Offishall remporte des prix Juno dans la catégorie « meilleur enregistrement de rap » pour Not 4 Sale et dans la catégorie « meilleur simple de l’année » pour « Dangerous ». L’album a également donné naissance au simple à succès « Set It Off », une collaboration avec Clipse qui incite le producteur vedette Dr. Dre à émerger d’un long silence pour ajouter ses propres rimes à une version du morceau ayant fuité sur Internet. Le simple « Numba 1 (Tide Is High) » échantillonne le morceau « Tide Is High » de Blondie dans ses choeurs et Rihanna fait une apparition sur la version album. La version simple, sur laquelle apparaît Keri Hilson, se classe parmi les 40 plus grand succès au Canada.
Fin 2010, Offishall est choisi pour porter la flamme olympique à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver à Vancouver et sort « The Anthem, » un hommage à Toronto, qui constitue, à de nombreux égards, une version cosmopolite renouvelée de « Bakardi Slang » sorti près de dix ans plus tôt. La vidéo du morceau met largement en évidence un certain nombre de vedettes (par exemple George Stroumboulopoulos et Russell Peters) et de lieux emblématiques locaux ainsi que les différents quartiers et la vie nocturne de Toronto.
En 2011, Offishall se produit lors du sommet du hip-hop diffusé sur les ondes anglophones de Radio-Canada pour célébrer les vingt-cinq ans du hip-hop canadien. En 2012, après avoir quitté l’étiquette Kon Live d’Akon, il sort une compilation collaborative gratuite avec le producteur Nottz intitulée A.M.T.R.I.M. (Allow Me to Re-Introduce Myself) dont il dit qu’il s’agit de l’un de ses projets les plus personnels et les plus introspectifs à ce jour. Les doutes relatifs à la sortie de son prochain album dont le titre devait être Mr. International, un projet en gestation de longue date, s’accroissent lors de l’annonce, en décembre 2013, qu’Offishall a accepté le poste de Creative Executive Director of A & R (artists and repertoire) chez Universal Music Canada.
Participation à des œuvres de bienfaisance
Offishall est, depuis longtemps, un soutien actif de l’association Enfants Entraide. Depuis 1998, il organise pour Noël une fête annuelle de collecte de fonds, appelée Free the City, dont les bénéfices sont reversés à cet organisme. Il s’est rendu au Kenya pour aider Enfants Entraide à construire des écoles et participe activement au programme « 30 éléphants » dont l’objectif est d’envoyer des petits groupes d’enfants en voyage éducatif autour du monde.
En 2010, Offishall fait partie des dizaines d’artistes canadiens qui contribuent à un remix de « Wavin’ Flag » de K'Naan qui permet de collecter plus d’un million de dollars pour les victimes du tremblement de terre en Haïti. Fin 2013, après le décès de Nelson Mandela, Offishall s’exprime dans une école de Toronto et révèle qu’il a appelé son fils Dela en hommage au responsable sud-africain récemment disparu.
Prix
Meilleure vidéo de rap (« Northern Touch »), MuchMusic Video Awards (1998)
Meilleur enregistrement de rap (« Northern Touch »), Prix Juno (1999)
Prix SOCAN (« Husslin’ »), SOCAN (2000)
Meilleure vidéo de rap (« Money Jane »), MuchMusic Video Awards (2001)
Meilleure vidéo, « Everyday (Rudebwoy) », MuchMusic Video Awards (2006)
VideoFACTAward, « Everyday (Rudebwoy) », MuchMusic Video Awards (2006)
Simple de l’année (« Dangerous »), Prix Juno (2009)
Enregistrement rap de l’année (Not 4 Sale), Prix Juno (2009)
Prix des musiques urbaines (« Dangerous »), SOCAN (2009)
Prix des musiques urbaines (« Body Bounce »), SOCAN (2011)
Distinguished Man of Honour Award, Black Business & Professional Association (2012)