Kennedy Stewart, politicien, professeur universitaire et maire de Vancouver de 2018 à 2022 (né le 8 novembre 1966 à Halifax, en Nouvelle-Écosse). Au cours de sa carrière, Kennedy Stewart a défendu le mandat de député de Burnaby-Douglas et de Burnaby South et a été membre du caucus fédéral du NPD. Il est également professeur agrégé à la School of Public Policy de l’Université Simon Fraser. Kennedy Stewart est devenu le 40e maire de Vancouver le 20 octobre 2018. Après avoir présidé un conseil municipal paralysé et dysfonctionnel, il a perdu sa candidature à la réélection le 15 octobre 2022.
Jeunesse
Kennedy Stewart voit le jour à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Dans un contexte économique instable où les taux hypothécaires sont à la hausse, son père perd son emploi, ce qui mène la famille à perdre sa maison et à déclarer faillite. Cet événement de sa jeunesse affecte grandement Kennedy Stewart et oriente plus tard ses projets politiques en ce qui a trait à l’accessibilité au logement et à l’itinérance.
Vie personnelle
Kennedy Stewart est aussi un musicien. Lorsqu’il s’installe à Burnaby, en Colombie-Britannique, il joue de la guitare basse pour State of Mind, un groupe pop qui a remporté trois West Coast Music Awards en 1991. Kennedy Stewart est marié à Jeanette Ashe, professeure au Douglas College à New Westminster, en Colombie-Britannique, et présidente du département de science politique.
Formation et début de carrière
Kennedy Stewart obtient un baccalauréat en histoire de l’Université Acadia. En 1989, avec seulement 100 $ en poche, il quitte la Nouvelle-Écosse, sa province natale, pour se rendre à Vancouver. Il y occupe divers emplois, notamment ceux de superviseur de presses à imprimer, de musicien dans un groupe et de livreur de bière.
Alors qu’il travaille au service d’urbanisme et au conseil des parcs de la Ville de Vancouver, Kennedy Stewart développe une véritable fascination quant au fonctionnement des villes. Il décide donc d’entreprendre une maîtrise en politique urbaine à l’Université Simon Fraser. Il effectue ensuite un doctorat à la London School of Economics, où il étudie les villes du monde. En 2002, il retourne à Vancouver pour travailler comme professeur à la School of Public Policy de l’Université Simon Fraser. En plus de l’enseignement, il devient conseiller pour les gouvernements et les Nations Unies sur des questions de logement et urbaines.
Carrière politique
Kennedy Stewart entame sa carrière en politique fédérale en 2004, lorsqu’il se présente comme candidat du NDP pour la circonscription de Vancouver Centre. Il ne remporte toutefois pas cette élection. En 2011, il se présente à nouveau et est élu député pour la circonscription de Burnaby-Douglas. Il est réélu en 2015. En tant que député, le politicien travaille sur deux grands dossiers : l’activisme écologique et l’attribution d’une plus grande part du budget fédéral pour l’accessibilité au logement.
Au cours de ses deux mandats, Kennedy Stewart joue le rôle de porte-parole de l’opposition pour les sciences et la technologie. En 2013, il présente une motion pour la modernisation du processus de dépôt de pétitions dans le but d’accepter les pétitions électroniques en plus des pétitions traditionnelles sur papier. Les pétitions électroniques sont ainsi approuvées en 2015 et contribuent depuis à augmenter la participation démocratique.
Kennedy Stewart a signé plusieurs articles sur les politiques publiques et la démocratie. En 2017, il collabore avec les politiciens Scott Simms, libéral, et Michael Chong, conservateur, pour la rédaction du livre Turning Parliament Inside Out: Practical Ideas for Reforming Canada’s Democracy.
Militantisme
Au cours de son mandat de député, Kennedy Stewart travaille avec acharnement pour empêcher Kinder Morgan de construire son allongement du pipeline Trans Mountain, qui comprend un terminal à Burnaby. L’extension est cependant approuvée par le gouvernement fédéral en 2016. En mars 2018, le politicien est arrêté pour avoir bloqué l’accès aux installations de Kinder Morgan alors qu’il manifeste contre l’allongement du pipeline à Burnaby. Avec sa consœur Elizabeth May, chef du Parti vert, et d’autres militants, Kennedy Stewart contrevient à l’ordonnance de la cour de demeurer à plus de 5 mètres des chantiers lors de manifestations. Il plaide coupable à des accusations d’outrage au tribunal de nature criminelle et reçoit une amende de 500 $.
Mairie
En septembre 2018, Kennedy Stewart démissionne de son poste à la Chambre des Communes pour se présenter comme maire de Vancouver en tant que candidat indépendant. Lors de sa campagne électorale, il mise sur quatre enjeux principaux : l’accessibilité au logement, le développement économique durable, l’environnement et le développement d’une ville pleine de compassion dans le contexte de la crise des opioïdes. Il met également l’accent sur la collaboration entre les politiciens progressistes pour instaurer davantage de politiques progressistes à Vancouver. Le 20 octobre 2018, il devient maire lorsqu’il remporte de peu l’élection contre son plus grand adversaire, l’homme d’affaires Ken Sim, candidat de l’Association non partisane, qu’il ne devance que par 957 voix.
Accessibilité au logement et itinérance
La priorité de Kennedy Stewart en tant que maire est de gérer la crise d’accessibilité au logement qui sévit à Vancouver. Pendant sa campagne électorale, le candidat à la mairie promet de protéger la ville des spéculateurs fonciers et des investisseurs étrangers, qui ont fait exploser le prix des habitations. Il promet, au cours de la décennie à suivre, de bâtir 25 000 nouvelles maisons de location abordables sans but lucratif et, pour les acheteurs d’une première maison, 35 000 unités abordables (telles que des condominiums, des maisons en rangée et des annexes). En février 2019, de concert avec BC Housing et Vancouver Coastal Health, le conseil municipal approuve un grand projet de construction. Ce dernier vise à mettre en place 90 unités de logement abordable à long terme ainsi qu’un centre de gestion des sevrages de drogue au coin de East First Avenue et de Clark Drive, dans le quartier Downtown Eastside.
Développement économique durable
Pendant sa campagne électorale de 2018 pour la mairie, Kennedy Stewart démontre son appui envers les arts et la culture. Il promet d’augmenter le financement pour les arts, d’élargir les services de bibliothèques et de construire 9 290 m² de studios abordables pour les créateurs. Le politicien promet également de soutenir les petites entreprises et met de l’avant un plan pour construire un incubateur pour les jeunes entreprises dans le milieu technologique. Pendant le mandat du maire, le conseil municipal déclare son intention de réviser toutes les politiques concernant les petites entreprises.
Environnement
En matière d’environnement, Kennedy Stewart promet de poursuivre l’objectif de Vancouver de devenir la ville la plus verte au monde, un but énoncé dans le Plan d’action 2020 pour la ville la plus verte du maire précédent, Gregor Robertson. Le politicien affirme également soutenir les bandes cyclables, le transport en commun sans combustibles fossiles et la technologie verte. En tant que maire, il continue de lutter contre le projet d’extension du pipeline Trans Mountain. Fidèle au rôle qu’a joué précédemment Vancouver, il soutient les groupes autochtones dans leurs contestations judiciaires en lien avec l’extension du pipeline. D’ailleurs, en novembre 2018, il rencontre le premier ministre Justin Trudeau, auquel il fait la promesse de continuer à s’opposer au projet.
Crise de la drogue
Peu après être devenu maire de Vancouver, Kennedy Stewart organise un groupe de travail d’urgence pour aider à la gestion de la crise de la drogue qui frappe la ville : en avril 2016, l’officier de santé provincial de la Colombie-Britannique déclare que la crise des opioïdes est une urgence de santé publique. Les objectifs du nouveau groupe de travail sont de prévenir les décès causés par le fentanyl, d’explorer toutes les options de politiques liées aux drogues, d’améliorer le réseau de centres d’injection sécuritaire et de coopérer avec les gouvernements provincial et fédéral pour négocier un nouvel Accord de Vancouver (le précédent ayant échu en 2010). Cette entente fait la promotion de la collaboration de tous les paliers de gouvernement pour le développement du quartier Downtown Eastside.
En novembre 2018, Kennedy Stewart rencontre le premier ministre Justin Trudeau pour discuter de la crise de la drogue. En décembre 2018, le groupe de travail publie son premier rapport, faisant état d’un nombre de décès élevé malgré l’existence de mesures d’atténuation. On y retrouve de nombreuses recommandations, y compris la construction d’un nouveau site extérieur de prévention des surdoses par inhalation, la propagation des mesures d’atténuation à d’autres quartiers en plus de Downtown Eastside et l’amélioration de l’accès à des opioïdes sains pour remplacer les drogues de rue toxiques, souvent contaminées par le fentanyl. Le rapport recommande un financement de près de quatre millions de dollars pour améliorer les programmes d’atténuation des dommages.
Tentative de réélection échouée
La mince victoire électorale de Kennedy Stewart en 2018 le laisse sans majorité au conseil municipal. Cela, parmi d’autres facteurs, conduit à une impasse et à un dysfonctionnement dans l’administration de la ville. Le temps passé en réunion dépasse largement tout ce qui a été fait dans l’histoire du conseil municipal de Vancouver. Kennedy Stewart lui-même reconnaît candidement que c’était un problème. « Je suis un bassiste, pas un chanteur », a-t-il déclaré dans une entrevue accordée à Vancouver Is Awesome en octobre 2022. « Donc je pense que si j’étais un peu plus un chanteur principal et que je chantais mes propres louanges, cela aurait pu aider. Mais j’étais plutôt occupé à garder le groupe ensemble. »
Dans le but d’améliorer sa candidature à la réélection, Stewart Kennedy forme le parti Forward Together. Cependant, c’est son rival Ken Sim, aux rênes du nouveau parti A Better City (ABC), qui remporte une victoire écrasante lors des élections municipales du 15 octobre 2022. Se présentant avec un programme de loi et d’ordre et affirmant que Vancouver est « en crise », Sim remporte 85 732 voix et devient le premier maire sino-canadien de Vancouver. Kennedy Stewart reçoit quant à lui 49 593 voix. Il devient le premier maire sortant de Vancouver à perdre une tentative de réélection depuis Jack Volrich en 1980. Le parti de Kennedy Stewart, Forward Together, est également dissous, puisque ses six candidats au conseil municipal – y compris l’épouse de Stewart, Jeanette Ashe – perdent leur élection. Ken Kim et ABC, en revanche, bénéficient d’une majorité de huit sièges.
Après l’élection, Kennedy Stewart déclare : « Je suis vraiment fier de ce que nous avons pu accomplir et je suis en fait triste d’abandonner le fauteuil de maire, mais, vous savez, gérer les points d’ordre et un million d’amendements à chaque réunion, cela ne va pas trop me manquer. »