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Kokoro Dance Theatre Society

Bourget déclare être attirée par l'intérêt particulier du butoh envers le ma, l'espace entre les événements. Hirabayashi dit qu'il fait de « la danse jazz zen de butoh ». La fusion de ces deux approches aboutit à une création et à une distribution prolifiques.

Kokoro Dance Theatre Society

« Kokoro » est un mot japonais signifiant le cœur, l'âme et l'esprit. En 1986, quand Barbara Bourget, formée aussi bien pour le ballet que pour la danse contemporaine, et Jay Hirabayashi, skieur de compétition et érudit bouddhiste, fondent la Kokoro Dance Theatre Society, c'est avec le mandat de favoriser l'exploration interculturelle et la collaboration multidisciplinaire. Par la suite, la compagnie met au point son propre langage gestuel en s'inspirant de la danse japonaise nommée le butoh, une esthétique sereine et brutale de l'après Deuxième Guerre mondiale qui redéfinit le temps et l'espace par le rejet des formes externes stéréotypées et par l'exploitation d'une imagerie tirée du subconscient. Les danseurs de kokoro se concentrent sur le moi intérieur et font preuve d'un contrôle intense pour produire des images corporelles singulières et des effets de scène, le tout amplifié par des cranes rasés, des mains et des pieds noueux et du maquillage corporel d'un blanc crayeux.

Bourget déclare être attirée par l'intérêt particulier du butoh envers le ma, l'espace entre les événements. Hirabayashi dit qu'il fait de « la danse jazz zen de butoh ». La fusion de ces deux approches aboutit à une création et à une distribution prolifiques. La compagnie produit plus de 100 œuvres depuis sa fondation - dont 40 durent une soirée complète -, fait des tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe, joue dans un nombre incroyable de lieux, notamment sur des scènes de théâtre, à des endroits spécifiques (rues, parcs, plages), dans des festivals de jazz et de folk, dans des galeries, des restaurants et des boîtes de nuit.

Parmi les œuvres essentielles créées par une seule personne ou en collaboration, mentionnons Rage (Hirabayashi, 1987), la trilogie Sunyata (Bourget et Hirabayashi, 1991, montée à nouveau en 1997 et 2006), Crime Against Grace (Bourget, 2001) et Sheepman Dreams (Bourget et Hirabayashi, 2003). En 2005, la compagnie présente Tutaj Tam/Here to There, une œuvre collaborative conçue pour douze danseurs de Kokoro Dance Theatre et de Silesian Dance Theatre (Pologne) pour laquelle Hirabayashi, Jacek Luminiski et Bourget chorégraphient chacun une partie. Des collaborateurs assidus contribuent à façonner l'identité créatrice de la compagnie, notamment le compositeur Robert J. Rosen, le concepteur d'éclairage Gerald King et le costumier-concepteur Tsuneko Kokubo.

En 2000, Kokoro lance le Vancouver International Dance Festival (VIDF). Le premier festival de la compagnie explore le butoh contemporain dans ses nombreuses variantes internationales, dont celles d'artistes canadiens et de compagnies comme Jocelyne MONPETIT Danse de Montréal et Fujiwara Dance Inventions de Toronto. En 2001, le festival s'élargit pour représenter le vaste domaine de la danse d'avant-garde contemporaine et évolue pour englober les formes allant du ballet au hip-hop en passant par le flamenco et l'improvisation de contact. Le VIDF est un événement annuel populaire pour le monde de la danse à Vancouver. Il met en vedette tant des spectacles payants que des représentations gratuites visant à attirer de plus en plus d'amateurs de danse. L'édition 2011 du festival présente des compagnies de l'Allemagne, de l'Espagne, de Montréal et de Vancouver, ainsi que la quatrième partie d'une série collaborative entre Kokoro et l'orchestre symphonique de Vancouver.

Kokoro Dance est atypique au sein des compagnies canadiennes de danse contemporaine, car elle forme les danseurs dans son propre style de mouvement en plus de chorégraphier, de jouer et de présenter. Les deux directeurs enseignent : Bourget se concentre sur l'enseignement technique selon une structure de classe cohérente et Hirabayashi fournit un cadre d'enseignement technique du butoh plus éclectique permettant d'intégrer la technique et l'improvisation.

La compagnie joue aussi beaucoup pour de jeunes publics. Son spectacle adapté pour les écoles, The Believer (Hirabayashi, 1995), est une danse de 40 minutes qui découle de l'une de ses propres créations à ses débuts, Rage. Mettant en scène quatorze tambours taiko, trois danseurs, un artiste martial et un personnage monté sur des échasses, Rage est une polémique passionnée sur le traitement qu'ont subi les Canadiens d'origine japonaise pendant la guerre. The Believer est une pièce épurée et concentrée, interprétée sur une musique à laquelle s'intègrent des entrevues enregistrées avec les parents de Hirabayashi (Gordon et Esther), le tout accompagné d'un guide d'études et d'une bibliographie complète.

Kokoro Dance est une compagnie de danse d'un caractère exceptionnel à Vancouver et participe régulièrement à des événements publics, dont le Powell Street Festival, dans le quartier centre-est de la ville. Même les gens qui n'ont jamais assisté à des spectacles de danse connaissent Wreck Beach Butoh, que la compagnie présente annuellement depuis 1996. On peut y voir jusqu'à 23 danseurs nus qui s'exécutent sur une plage où « les vêtements sont facultatifs ». C'est devenu l'œuvre emblématique de Kokoro et demeure une source d'inspiration créative. « Elle ne cesse de nous revigorer, dit Hirabayashi, et nous met en contact avec la terre, l'air et la mer. »