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Kwakwaka’wakw (Kwakiutl)

Les Kwakwaka’wakws forment un peuple qui occupe traditionnellement les régions côtières du nord-est de l’île de Vancouver et la partie continentale de la Colombie-Britannique. Le recensement de 2016 dénombre 3 670 personnes se disant d’ascendance kwakwaka’wakw.

À l’origine, le peuple compte 28 collectivités, parlant toutes des dialectes du kwak’wala. Certains groupes se dissipent avec le temps, tandis que d’autres s’amalgament, réduisant pratiquement de moitié le nombre de collectivités qui forment le peuple. Après avoir établi une relation durable avec le peuple vers la fin du 18e siècle, les Européens attribuent, en 1849, le nom d’une des bandes, « Kwakiutl », à l’ensemble du peuple autochtone, qui d’ailleurs porte toujours ce nom. Le nom « Kwakwaka’wakw » signifie « ceux qui parlent le kwak’wala », langue qui comprend cinq dialectes. (Voir aussi Peuples autochtones de la côte du Nord-Ouest au Canada.)

Vie avant le contact avec les Européens

Des fouilles archéologiques prouvent que la région où l’on parle le kwak’wala est habitée depuis au moins 8 000 ans. Avant le contact avec les Européens, les Kwakwaka’wakws vivent de la pêche, de la chasse et de la cueillette, selon les saisons, ce qui leur assure d’abondantes réserves de nourriture et leur permet de séjourner dans leurs villages d’hiver où ils se consacrent à plusieurs mois d’intenses activités cérémonielles et artistiques. De plus, des sentiers traversant l’île de Vancouver leur permettent de commercer avec les villages nuu-chah-nulth de la côte ouest de l’île.

Société et culture

La culture des Kwakwaka’wakws est semblable à celle de leurs voisins du nord, les Heiltsuks et les Oowekyalas. Le potlatch, par exemple, est une cérémonie observée par les Kwakwaka’wakws et certaines autres nations autochtones de la Colombie-Britannique depuis la nuit des temps, bien avant le contact avec les Européens. Interdit pendant un certain temps en vertu de la Loi sur les Indiens, le potlatch n’en demeure pas moins un volet essentiel de la vie communautaire moderne.

Les Kwakwaka’wakws sont connus pour leur art, qui se distingue des autres formes d’art autochtone de la côte nord-ouest de par son style et son importance culturelle. Par exemple, les mâts totémiques sculptés par les Kwakwaka’wakws se distinguent de ceux des Haïdas, aux grands yeux expressifs, par leurs yeux en fente étroite.

Langue

Le kwak’wala, de la famille linguistique wakashane, est apparenté à d’autres langues autochtones parlées en Colombie-Britannique, notamment le nuu-chah-nulth (Nootkas), le heiltsuk (Bella Bellas), l’oowekyala et le haisla (Kitamaat). La langue kwak’wala est considérée comme étant en danger. De nos jours, la plupart des enfants kwakwaka’wakws parlent l’anglais comme première langue, et on ne compte que très peu de personnes qui parlent couramment le kwak’wala. En 2016, Statistique Canada dénombre 585 locuteurs du kwak’wala (bien que ce chiffre ne tienne pas compte du niveau d’aisance), dont la majorité vit en Colombie-Britannique (99 %). Afin de perpétuer la langue kwak’wala, certaines écoles de la région parrainent des cours donnés dans cette langue.

Histoire coloniale

En 1792, les explorateurs espagnols Dionisio Alcalá-Galiano et Cayetano Valdés ainsi que le capitaine britannique George Vancouver rencontrent la plupart des groupes kwakwaka’wakws du sud. Plus au nord, en 1849, la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) établit Fort Rupert, poste qui reste en activité jusqu’en 1882 et qui est ensuite vendu à Robert Hunt, dernier facteur (commerçant). En 1885, HBC cède la terre de Fort Rupert à Robert Hunt qui, par la suite, avec son épouse Mary Hunt (née Ebbetts), y ouvre un magasin. Mary Hunt, également connue sous le nom d’Ansnaq ou d’Anisalaga, est une tisseuse de chilkat renommée. George Hunt, fils de Robert et de Mary, travaille avec l’anthropologue Franz Boas, avec qui il rédige une importante documentation sur la langue et la culture des Kwakwaka’wakws. Les tissages d’Anisalaga, conservés dans des musées du monde entier, font partie de ces travaux.

En 1885, le gouvernement fédéral adopte une loi interdisant le potlatch, un élément important de la culture kwakwaka'wakw. En 1921, le chef Dan Cranmer organise en secret un grand potlatch à ʼMimkwa̱mlis (également orthographié Memkumlis et connu sous le nom de Village Island), en Colombie-Britannique. En raison de la loi interdisant le potlatch, 45 personnes sont arrêtées pour y avoir participé. Environ la moitié des personnes arrêtées sont emprisonnées, et leurs objets cérémoniels sont confisqués. Considérant que ces masques et autres objets rituels leur ont été enlevés à tort, les Kwakwaka‘wakws entreprennent de les recouvrer. Les Musées nationaux du Canada consentent à leur rendre cette partie de la collection détenue par le Musée canadien des civilisations (aujourd’hui le Musée canadien de l'histoire) sous une condition : deux musées doivent être construits, soit le Musée Kwakiutl, maintenant connu sous le nom du Centre culturel Nuymbalees, à Cape Mudge, et le Centre culturel U’mista, à Alert Bay. ( Voir aussi Art autochtone de la côte nord-ouest.)

Vie contemporaine

Traditionnellement pêcheurs, les Kwakwaka’wakws continuent de pratiquer la pêche commerciale dans une industrie hautement concurrentielle. Les chefs héréditaires transmettent toujours leurs droits et privilèges au cours de potlatchs. Toutefois, l’administration des bandes est confiée à des conseillers élus.

Un certain nombre des premiers villages ont été abandonnés, leurs habitants s’étant installés à Alert Bay, à Campbell River et à Port Hardy pour se rapprocher des écoles et des hôpitaux.

Créée en 1974, la Société culturelle U'mista a pour mission de préserver le patrimoine culturel du peuple kwakwaka'wakw. La U’mista exploite à Alert Bay un musée moderne et un centre d’éducation culturelle.

Les Kwakwaka’wakws (répertoriés sous le nom de Nation Kwakiutl) en sont à la quatrième étape du processus des traités de la Colombie-Britannique. Il y a en tout six étapes, visant à atteindre l’autonomie gouvernementale, des ressources monétaires et des terres, ainsi que la reconnaissance des droits ancestraux et des titres fonciers. (Voir aussi Traités autochtones au Canada.)

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

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