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La Bataille du lac Érié (de Put-in-Bay)

La bataille du lac Érié est une bataille navale menée par la marine américaine et la Marine royale britannique le 10 septembre 1813 dans la partie ouest du lac Érié pendant la guerre de 1812. Également connu sous le nom de « bataille de Put-in-Bay », le combat s’est soldé par une victoire des Américains. Cet événement est unique dans l’histoire des combats navals parce qu’il s’est déroulé sur une mer intérieure d’eau douce et qu’il a marqué un tournant dans les affaires des deux puissances concurrentes au cœur du continent et dans les eaux du lac Érié. Elle a également eu une incidence sur les Premières Nations, notamment sur la tristement célèbre alliance panautochtone dirigée par le chef de guerre shawnee, Tecumseh.

Engagement à Put-in-Bay

Au début de la guerre, les forces britanniques dirigées par le major général Isaac Brock prennent Detroit et ce faisant, placent le flanc de leur formation en sécurité en Ohio. Cette tactique leur donne un immense avantage tout comme la capture du fort Michilimackinac, situé aux abords du lac Huron. Le lac Érié est en effet indispensable aux Britanniques puisque c’est par lui que transitent l’approvisionnement destiné à l’armée dans l’ouest et les marchandises de la Compagnie du Nord-Ouest, sans compter qu’il est également utile à leurs alliés autochtones. Par la suite, les Britanniques et les Américains décident de construire leurs escadrons navals sur le lac Érié.

L’escadron britannique quitte sa base d’Amherstburg, dans le Haut-Canada et prend la mer. À l’aube, il découvre la flotte américaine amarrée à Put-in-Bay, dans les Bass Islands (Ohio). La flotte britannique, plus petite et dotée de moins de canons, est composée de six bâtiments (Detroit, Queen Charlotte, Lady Prevost, Hunter, Little Belt et Chippeway) sous le commandement du commodore Robert Barclay. La flotte américaine est quant à elle composée de neuf bâtiments (Lawrence, Niagara, Caledonia, Ariel, Somers, Porcupine, Tigress, Scorpion et Trippe) sous le commandement du commodore Olivier Hazard Perry. Il apparaît bien vite que le vent et la vitesse ne se rangent pas du côté des Britanniques. Quand les Américains ont pris la mer, ils ont placé leurs vaisseaux de façon à ce qu’ils soient dans la direction du vent, contrairement aux navires britanniques. Les flottes ont pris leur position sur le lac, le plus puissant vaisseau de chaque armée se faisant face.

L’affrontement

À 11 h 45, les choses commencent à bouger : Barclay, à bord du Detroit, ouvre le feu avec ses canons à longue portée. Perry, à bord du Lawrence et épaulé par deux goélettes, attaque le Detroit, puis très rapidement, s’en prend au Queen Charlotte. La lourde artillerie des bricks américains, des canons à longue portée, sème le chaos sur les navires britanniques. Le Detroit est détruit, les autres bâtiments endommagés, les voiles enchevêtrées et désormais inutiles. Le Lawrence étant grièvement endommagé, Perry hisse donc son pavillon sur le Niagara.

La bataille cesse à 14 h 30. Tous les vaisseaux britanniques sont capturés et tous les hommes et officiers qui ont survécu sont faits prisonniers. Chez les Britanniques, on compte 41 morts, 94 blessés et 306 prisonniers; chez les Américains, 27 morts et 96 blessés. Les fanions des bâtiments britanniques sont emportés à Annapolis, au Maryland, pour y être exposés.

Les raisons de la victoire américaine

Les raisons de la victoire américaine sont évoquées lors du procès en cour martiale de Barclay : l’absence de ressources, aussi bien l’absence d’équipement que le nombre insuffisant d’hommes, la supériorité de l’escadron américain et la mort prématurée des hauts gradés britanniques dès le début des hostilités. La cour martiale met en évidence les efforts que Barclay a fournis pour préparer ses vaisseaux à la bataille et déclare sa décision de lancer son escadron dans la bataille tout à fait justifiée. Lui et ses officiers, du moins ceux qui ont survécu, sont honorablement acquittés.

Les retombées de la bataille

La victoire permet aux Américains d’avoir la mainmise sur le lac Érié, ils disposent donc d’une grande liberté d’action au cours des opérations militaires ultérieures. N’ayant que très peu de moyens d’obtenir des vivres, le major général Henry Procter, le plus haut gradé des troupes britanniques, ordonne de mettre le feu au fort Amherstburg et bat en retraite sur la rivière Thames. Tecumseh, allié de Procter, ayant compris les répercussions de la défaite britannique sur son alliance pan autochtone, fuit lui aussi aux côtés des Britanniques. Le major général américain William Henry Harrison entreprend de les poursuivre et retrouve Procter et Tecumseh près de Moraviantown. Au cours de la bataille de Moraviantown, les Britanniques essuient une défaite de plus et Tecumseh est tué.

Des unités de la flotte américaine, plus forte que jamais, mettent les voiles vers le lac Huron et en 1814, y mènent quelques opérations de recherche de vaisseaux ennemis (le Nancy est détruit sur la Nottawasaga; voir Lieu historique national de l’Île-Nancy), attaquent Sault Ste. Marie et tentent en vain de reprendre le fort Michilimackinac. Le Niagara est devenu le symbole des prouesses navales américaines et est désormais exposé au musée d’Erie, en Pennsylvanie.