Premier roman d'Anne Michael, La mémoire en fuite (1998) est la traduction de Fugitive Pieces (1996) et consiste en une étude émouvante de l'amour, du souvenir, du témoignage historique et de la perte. La mémoire en fuite comporte plusieurs niveaux. Divisé en deux parties, il raconte les histoires de trois hommes, histoires qui se recoupent. Cela commence par le journal de Jakob Beer, poète et traducteur qui, enfant, est devenu orphelin en Pologne à la suite des horreurs de l'holocauste. Athos Roussos, un scientifique et humaniste, le sauve et s'occupe de lui, d'abord dans une île grecque puis, après la guerre, à Toronto. Dans la seconde partie du roman, le narrateur est un jeune professeur du nom de Ben, lui-même fils de survivants de l'holocauste. Hanté par la culpabilité, les fantômes de ses frères et soeurs disparus et l'angoisse de ses parents que rien ne vient dissiper, Ben grandit à Toronto dans une maison plongée dans le silence. Quand il rencontre Jakob, âgé de 60 ans, il est fasciné par l'homme et ses écrits.
Tout au long du roman, l'auteur insiste sur la relation qui existe entre l'humanité et la Terre. Le coeur de l'homme, dit Athos à Jacob, a « la dimension et le poids d'une poignée de Terre ». Les souvenirs enfouis et le passé des personnages se manifestent par leur curiosité scientifique pour la géographie, la géologie, la météorologie, l'archéologie et la botanique. Chacun des personnages cherche à « rendre l'amour nécessaire » et à donner un sens à la vie, par-delà la souffrance et la perte. La mémoire en fuite a été sélectionné pour le Giller Prize et a remporté le Tillium Award de l'Ontario, le prix pour un premier roman du Chapters/Books in Canada, ainsi que le Guardian Book Prize et l'Orange Prize en Angleterre.