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Lady Byng de Vimy

Marie Evelyn Byng, vicomtesse Byng de Vimy, consort vice-royale du Canada (de 1921 à 1926) et auteure (née le 11 janvier 1870 à Londres, au Royaume-Uni; décédée le 20 juin 1949 à Essex, au Royaume-Uni). Lady Byng a fait don du trophée lady Byng pour l’esprit sportif à la Ligue nationale de hockey (LNH) en 1925 (il est rebaptisé trophée commémoratif Lady Byng après sa mort en 1949). Elle est revenue au Canada durant la Deuxième Guerre mondiale et a raconté ses impressions du pays dans Up the Stream of Time, ses mémoires publiées en 1945.

Lady Evelyn Byng

Lady Evelyn Byng de Vimy (1870–1949). (photo de Rice Studios, avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada / C-019274)

Enfance, éducation et famille

Marie Evelyn Byng (née Moreton) est la fille unique de sir Richard Charles Reynolds-Moreton, adjoint maréchal des cérémonies pour la reine Victoria, et de Janie Ralli, fille du cofondateur de la société commerciale indienne Ralli Brothers. Surnommée Evelyn, du nom de la sœur cadette de son père, elle est éduquée à la maison par une série de gouvernantes qui lui enseignent le français et l’allemand. Malgré tout, elle souligne plus tard que « l’éducation qu’ils m’ont donnée ne m’a absolument pas préparée à faire face aux vicissitudes et aux changements de la vie ».

Enfance au Canada

En 1878, Evelyn se rend au Canada avec ses parents, au sein du ménage du gouverneur général lord Lorne et de son épouse, la princesse Louise, fille de la reine Victoria. Au Canada, son père est contrôleur de Rideau Hall et sa mère est dame de compagnie de la princesse Louise. La famille réside à Rideau Hall et à la Citadelle de Québec pendant environ un an, de 1878 à 1879. À cette époque, la princesse Louise donne à la jeune Evelyn le surnom de « petit phoque » en raison de son apparence quand elle porte son manteau d’hiver en peau de phoque. Evelyn se souvient aussi d’avoir fait de la luge sur la piste installée par l’ancien gouverneur général, lord Dufferin, et d’avoir fait ses leçons à Rideau Cottage avec les enfants du secrétaire particulier de Lorne. « J’étais juste assez vieille pour comprendre, sans savoir pourquoi, que M. Wilfrid Laurier et M. John A. Macdonald étaient des personnes importantes, alors j’étais fière quand ils s’adressaient à moi », écrit-elle plus tard.

Le vicomte Byng de Vimy et lady Byng

Le vicomte Byng de Vimy et lady Byng (Montreal, Quebec, ca mai 1922) (photo de Rice Studios, avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada / C-033995)

Mariage à lord Byng

Après le retour de la famille Moreton en Grande-Bretagne, la mère d’Evelyn devient dame de compagnie de la princesse Helena, duchesse d’Albany et belle-sœur de la princesse Louise. Evelyn devient l’amie intime et, plus tard, la dame de compagnie, de la princesse Alice, comtesse d’Athlone, fille d’Helena et future consort vice-royale du Canada. Evelyn voyage beaucoup durant cette période, faisant notamment une croisière mondiale avec sa tante Evelyn en 1887. Elle entraîne également des chevaux à la maison de campagne de son père.

Evelyn rencontre son futur mari, l’honorable Julian Byng, lors d’une réception en 1897. Elle écrit plus tard : « Nous sommes tombés amoureux dès le premier coup d’œil, mais nous ne nous sommes mariés qu’en 1902, en raison de la guerre des Boers qui a éclaté ». Lady Byng accompagne son nouveau mari à ses affectations militaires en Égypte et en Inde, où elle vit une série de fausses couches qui mettent fin aux espoirs du couple de devenir parents.

Au cours de la Première Guerre mondiale, les Byng sont séparés pendant de longues périodes. En effet, lord Byng est commandant du Corps canadien de 1915 à 1917. En 1914, lady Byng convertit leur maison en hôpital de 30 lits pour soldats blessés et se rend occasionnellement sur le front ouest en tant que dame de compagnie de la princesse Alice. Le couple devient officiellement lord et lady Byng de Vimy en 1919, lorsque Julian Byng est récompensé pour son leadership à la bataille de la crête de Vimy. À partir de 1928, ils sont connus sous les noms de vicomte et de vicomtesse Byng de Vimy.

Le saviez-vous?

En 1921, peu après que Julian Byng soit devenu gouverneur général du Canada, lui et sa femme, Lady Byng, deviennent les parrains nationaux de la Journée du coquelicot du Canada. La première « journée du coquelicot » au Canada et en Grande-Bretagne a lieu le 11 novembre 1921. L’Association canadienne des vétérans de la Grande Guerre (un prédécesseur de la Légion royale canadienne) décide d’adopter le coquelicot comme symbole du souvenir cette année-là et choisit la philanthrope juive canadienne Lillian Freiman pour mener la campagne. Des millions de fleurs artificielles sont distribuées à travers le Canada. Depuis 1925, la campagne du coquelicot est menée par la Légion.


Consort vice-royale du Canada

Lady Byng se réjouit de la nomination de son mari au poste de gouverneur général en 1921. « Nous étions tous deux ravis à l’idée de revenir au Canada, » écrit-elle plus tard. « Pour moi, ce poste m’a donné pour la première fois dans notre vie de couple l’occasion de partager réellement avec [lord Byng] les responsabilités et le travail qu’on lui avait confiés, parce que l’épouse d’un gouverneur général peut faire beaucoup pour aider le régime ou lui nuire. » En 1923, le roi George V demande à l’aide de camp de lord Byng, Georges Vanier, si lady Byng est bien aimée du peuple. George Vanier, lui-même futur gouverneur général, répond par l’affirmative : « L’un de ses grands atouts est sa connaissance du français, » qu’elle parle « comme une Parisienne ». Lady Byng voyage beaucoup de part et d’autre du Canada avec son mari. En 1922, par exemple, elle visite la Colombie-Britannique et le Yukon, où elle danse avec des participants ayant survécu à la ruée vers l’or de 1898.

Les visiteurs de Rideau Hall soulignent la chaleur et l’hospitalité de lady Byng, ainsi que sa forte personnalité. Lors de la visite royale de 1924 au Canada, sir Alan « Tommy » Lascelles, secrétaire particulier adjoint du futur roi Edward VIII, observe que « [lady Byng], bien qu’elle soit une créature étrange et dominatrice, est intéressante et elle m’est très affable ». Lady Byng n’aime cependant pas beaucoup le premier ministre William Lyon Mackenzie King en raison de son rôle dans l’ affaire King-Byng et aussi de son comportement déplacé à l’endroit de son amie et dame de compagnie Eva Sandford. Mackenzie King, quant à lui, décrit lady Byng comme n’étant « pas du tout une beauté, mais sensée ». Dans ses écrits, lady Byng se décrit comme « impatiente, irritable et souvent pressée », et sa maisonnée se souvient de son tempérament féroce et des chapelets de jurons qu’elle lance en privé.

Lady Byng entreprend des améliorations à Rideau Hall, faisant notamment installer de nouvelles chaudières, un gramophone, des serres supplémentaires et un jardin de rocaille qui existent encore aujourd’hui. Son mari et elle sont des jardiniers passionnés, et la pivoine cramoisie « lady Byng », développée par l’éleveur canadien Harry Norton, porte son nom. En Après le retour du couple en Grande-Bretagne à la fin du mandat de lord Byng en 1926, lady Byng incorpore des matériaux canadiens dans ses rénovations de Thorpe Hall, leur domaine d’Essex, faisant notamment planter des érables, des peupliers, des cèdres et des sapins canadiens dans les jardins. Elle revient au Canada avec lord Byng en 1932 et fait des tournées à Victoria, à Calgary, à Ottawa et à Montréal. Après la mort de lord Byng en 1935 — un événement qui lui brise le cœur —, lady Byng représente son mari lors de l’inauguration du monument de la crête de Vimy par le roi Edward VIII en 1936.

La gouverneure générale Byng et Lady Byng

En 1923, le baron Byng de Vimy, gouverneur général du Canada, et Lady Byng, ont reçu leur premier cours de ski de W.K. Ross. (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada / PA-051594)

Trophée Lady-Byng

En tant que consort vice-royale, lady Byng aime assister à des parties de hockey et elle prend même des leçons de patinage. Dans Up the Stream of Time, elle décrit sur son amour du hockey :

Malheur aux membres du personnel qui oseraient m’engager à des fonctions un samedi soir pendant la saison du hockey, alors que j’allais régulièrement encourager les « Sénateurs », une équipe composée d’excellents joueurs tels que [Eddie] Gerard, [Frank] Nighbour [sic], les [frères Georges « Buck » et Frank] Boucher, [King] Clancy et [Cy] Denneny, pour n’en nommer que quelques-uns. Ils m’ont donné de nombreuses soirées heureuses au cours de nos cinq années à Rideau Hall. Le seul défaut de ce sport était la mentalité enfantine d’une partie de la foule qui se déchargeait de sa frustration sur les arbitres ou les joueurs, en inondant la patinoire de déchets, en arrêtant le jeu et aussi — quand ils lançaient des pièces de monnaie — en mettant les joueurs en danger.

En 1925, lady Byng invite Frank Nighbor à Rideau Hall pour sonder l’intérêt de la LNH à recevoir un trophée récompensant l’esprit sportif. Le hockeyeur soutient cette initiative et reçoit le trophée Lady Byng plus tard la même année. Le trophée devient un prix annuel qui honore « le joueur qui a fait preuve d’esprit sportif et d’une conduite de gentleman tout en ayant maintenu un haut niveau d’habileté au jeu ».

Lady Byng permet à Frank Boucher de conserver le trophée après qu’il l’ait gagné à 7 reprises, et elle fait don d’un deuxième trophée à la LNH en 1936. Après le décès de lady Byng en 1949, la LNH présente un nouveau prix, le trophée commémoratif Lady Byng, qui est décerné encore aujourd’hui. Parmi les lauréats du trophée commémoratif Lady Byng, on compte Wayne Gretzky, qui l’a remporté à cinq reprises.

Retour au Canada et écriture

Lady Byng passe la Deuxième Guerre mondiale au Canada, dont son amie d’enfance, la princesse Alice, comtesse d’Athlone, la consort vice-royale de 1940 à 1946. Lady Byng réside à Ottawa, faisant des visites prolongées en Colombie-Britannique pendant l’hiver. Elle travaille dans un magasin de consignation qui recueille des fonds pour l’effort de guerre.

En 1943, elle écrit « une série d’ébauches lumineuses sur des scènes canadiennes vécues et aimées pendant [s]es séjours préférés dans le grand pays de “Notre-Dame des Neiges”. » Ces ébauches, elle les développe plus tard dans Up the Stream of Time, ses mémoires. En plus de décrire ses propres expériences au Canada, lady Byng parle beaucoup du développement de la ville d’Ottawa tout au long de sa vie, concluant : « J’ai le sentiment — et aussi l’espoir — que peu importe la taille que prendra Ottawa, elle conservera toujours, à travers les âges à venir, cette atmosphère chaleureuse et conviviale de “petite ville” canadienne. » Lady Byng raconte également ses efforts pour améliorer les conditions de logement au Canada et en Grande-Bretagne, écrivant que « les bidonvilles de Montréal étaient à notre époque — et je suis d’avis qu’ils le sont encore — une souillure sur la ville la plus riche du Canada ».

En plus de ses mémoires, lady Byng est l’auteure de plusieurs romans, dont Barriers et Anne of the Marshland. En 1945, elle rentre en Angleterre, où elle s’éteint quelques années plus tard, en 1949.

Lady Byng de Vimy

Lady Byng de Vimy (1925). (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada)