Lament for a Nation: The Defeat of Canadian Nationalism, de George Grant (1965; rééd. en 1970 avec une préface de l'auteur), est un pamphlet qui défend avec éloquence une seule thèse : le Canada n'est plus une nation. Selon Grant, une telle déconfiture est inévitable car, malgré l'espoir des Canadiens de construire une société plus stable et mieux organisée que la société américaine, toute possibilité de préserver une culture authentique au Canada est d'emblée battue en brèche du moment que les États-Unis, champions du libéralisme tous azimuts, s'affirment aussi leader dans les domaines des sciences, des technologies et de l'économie capitaliste.
Pour Grant, le Parti libéral en est responsable en accueillant à bras ouverts le continentalisme qui confine inexorablement le Canada au rôle de simple courroie d'alimentation du capitalisme américain. N'en déplaise également à John Diefenbaker dont le gouvernement a, dans un dernier élan de nationalisme, tenté de renverser la vapeur sans succès. Certains critiques jugent les théories de Grant brillantes et captivantes; d'autres les trouvent exagérées et simplistes donc irrecevables. Quoi qu'il en soit, la thèse de Grant a suscité un vif débat sur la capacité du Canada de préserver une certaine autonomie face à l'empire américain.