Éducation et début de carrière
Fils de l’industriel Trefflé Lamontagne et d’Anna Kieffer, Gilles Lamontagne fait ses études à Montréal, d’abord chez les Sœurs de la Providence, puis au Collège Jean-de-Brébeuf et à l’École des hautes études commerciales (HEC Montréal).
En 1941, il joint les rangs de l’Aviation royale canadienne. Après sa formation de pilote, il est envoyé en Angleterre au sein de la 425e Escadrille de bombardement (Les Alouettes), la première escadrille canadienne-française. Malheureusement, en mars 1943, il est fait prisonnier par les Allemands après que son avion ait été abattu aux Pays-Bas. Il est détenu dans un camp pendant plus de deux ans.
La guerre terminée, Lamontagne revient au Canada et s’installe à Québec, où il ouvre un premier magasin de porcelaine (le Korker Shop). En 1950, il devient officier recruteur dans la réserve de l’Aviation royale canadienne. Également très engagé dans son milieu, il entre au Club Rotary de Québec, un club de service à la communauté principalement composé d’hommes d’affaires. Il en est le président en 1962 et en 1963.
Politique municipale
En 1962, il participe à la fondation du parti municipal Le Progrès civique de Québec et est élu échevin du quartier Montcalm de la ville. Il occupe cette fonction jusqu’en 1965. Choisi comme nouveau chef du parti le 20 février 1964, il remporte les élections suivantes et dirige la Ville de Québec pendant plus de 10 ans (de 1965 à 1977).
Ses années à la mairie sont caractérisées par de grands projets de développement qui vont redessiner le paysage urbain de Québec. À l’heure où Montréal se prépare à accueillir l’Expo 67et se dote d’autoroutes urbaines et d’un métro, Québec accuse un important retard sur le plan des infrastructures. Gilles Lamontagne entreprend de nombreux projets : faire construire une usine de traitement d’eau, rénover plusieurs quartiers, aménager de grands ensembles de logements à prix modique et ériger des tours à bureaux pour les fonctionnaires provinciaux, dont le fameux édifice Marie-Guyart (surnommé le « complexe G ») et la Place Québec. Il investit aussi dans le développement de la colline parlementaire et lance le chantier de l’autoroute Dufferin-Montmorency. Présenté comme le maire de la modernité, certains de ses détracteurs lui reprocheront toutefois d’avoir partiellement détruit le patrimoine bâti de Québec (en démolissant une partie des faubourgs Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste) et d’avoir « bétonné » la ville au profit des espaces verts. L’assainissement des berges de la rivière Saint-Charles par l’aménagement d’une promenade en béton en est un bon exemple.
Le maire Lamontagne réalise également d’importantes réformes sur le plan de la gouvernance de l’administration municipale (audit externe, instauration de concours pour l’obtention des contrats, etc.) et il procède à une première série de fusions municipales. Pendant son mandat, Québec accueille plusieurs visiteurs de marque, dont le général Charles de Gaulle quelques jours avant son passage à Montréal et son fameux « Vive le Québec libre » clamé du haut du balcon de l’hôtel de ville. Il joue aussi un rôle important à l’échelle provinciale, notamment en siégeant à partir de 1970 au conseil d’administration de la Fédération canadienne des maires et des municipalités et en présidant l’Union des municipalités du Québec de 1974 à 1977.
Député, ministre et lieutenant-gouverneur du Québec
En mai 1977, Gilles Lamontagne remporte une élection partielle dans la circonscription fédérale de Langelier, à Québec. Il représente le Parti libéral, alors dirigé par Pierre Elliott Trudeau. D’octobre 1977 à janvier 1978, il est secrétaire parlementaire du ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources. Trudeau le nomme ensuite ministre sans portefeuille (janvier 1978), puis ministre des Postes (février 1978 à juin 1979).
Après la victoire des conservateurs dirigés par Joe Clark à l’élection de juin 1979 et un bref passage dans l’Opposition officielle, les libéraux reprennent le pouvoir en février 1980. Lamontagne est alors nommé ministre de la Défense nationale. Il occupe ce poste jusqu’en août 1983, assurant également l’intérim comme ministre des Anciens combattants en 1980-1981.
En mars 1984, ayant démissionné de son poste de député, il devient le 24e lieutenant-gouverneur du Québec. Il occupe cette fonction du 28 mars 1984 au 9 août 1990.
Engagement social
Redevenu simple citoyen, Lamontagne renoue avec le monde des affaires. Conseiller chez Consilium (devenu GPC International en 1994) de 1991 à 2005, il s’engage dans la Chambre de commerce de Québec, au Conseil économique du Canada et au conseil d’administration de l’Université Laval de 1991 à 1996.
Pendant quelques années (de 1987 à 1996), il est aussi colonel honoraire du premier escadron de l’Aviation royale du Canada à Saint-Hubert, en banlieue de Montréal. Par la suite, de 1996 à 2013, il s’implique activement au Centre de la famille de la base militaire de Valcartier. En 1997, il devient président du Conseil des gouverneurs du Collège militaire royal du Canada (CMRC), un organisme chargé de mettre en œuvre les recommandations du rapport de la Commission d’enquête sur le déploiement des Forces canadiennes en Somalie. Il prend part régulièrement aux activités de commémoration de la Deuxième Guerre mondiale et participe à plusieurs projets spéciaux comme Le Projet mémoire, La force francophone et Des héros se racontent. Cité sur la liste d’honneur du Roi George VI du Royaume-Uni, il a reçu de nombreuses décorations militaires et civiles au cours de sa longue et fructueuse carrière.
Prix et distinctions
Chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (1985)
Doctorat honorifique (droit), Collège militaire royal de Kingston (1986)
Médaille des Nations Unies (1987)
Doctorat honorifique (administration), Collège militaire royal de Saint-Jean (1989)
Officier de l’Ordre du Canada (1991)
Chevalier de l’Ordre national du Québec (2000)
Membre de l’Académie des Grands québécois (2005)
Chevalier de la Légion d’honneur de France (2006)
Médaille de la Ville de Québec (2008)
Mention élogieuse du ministre des Anciens combattants (2011)
Médaille du jubilé de diamant de la reine Élizabeth II (2012)