Le Canada dans la musique européenne et celle des États-Unis
Oeuvres pour la scène
Les Indes galantes de Rameau (1735) et Le Huron de Grétry (1768) n'offrent qu'un rapport fantaisiste et bien éloigné de la réalité avec les peuples autochtones de l'Amérique du Nord. Comme le déclara Lionel de la Laurencie en 1921, les autochtones « ne sont pas décrits tels qu'ils sont, à l'aide de la musique qui leur est particulière, mais plutôt comme ils devraient être, au moyen d'une documentation vague et rythmique, inspirée des histoires des voyageurs et des missionnaires ». Une seule partie de l'opéra-ballet de Rameau, « Les Sauvages », « entrée » qui dépeint la célébration d'une cérémonie de la paix, revêt un intérêt nord-amér. Même alors, sa localisation « voisine des colonies françaises et espagnoles » suggère le sud des États-Unis plutôt qu'une partie du Canada. De la Laurencie écrivit que « on doit, de toute évidence, concéder que l'<Air des Sauvages> a jailli, tout armé et tremblant d'une énergie barbare, de la tête de Rameau ». Le livret de l'opéra de Grétry traite de son côté de la visite d'un Amérindien en France. Le premier opéra de Rossini, La Cambiale di Matrimonio (1810), fut traduit en allemand sous le titre « Der Bräutigam aus Kanada ». Bien qu'il y manque un décor canadien, l'oeuvre compte parmi ses quatre personnages un homme d'affaires canadien nommé Slook. Cet opéra a été chanté au Canada par un groupe d'étudiants à Vancouver en 1959, par le Piccolo Teatro Musicale di Roma à la PDA en 1968, par l'Atelier d'opéra de McGill, ainsi que par la University of Toronto Opera Division en 1960 et 1988. Mozart semble par ailleurs avoir été le premier parmi les grands compositeurs à avoir mis en musique le mot « Canada ». Dans Così fan tutte, l'air supplémentaire (K. 584), « Rivolgete a lui lo sguardo », inclut la phrase « che gli uguali non si trovano da Vienna al Canada » (dont vous ne trouverez pas l'égal de Vienne jusqu'au Canada). Rita de Donizetti (1840) contient aussi une allusion au Canada. Pour sa part, Rose Marie de Rudolf Friml (1924) présente un environnement canadien authentique, quoique romancé, des montagnes Rocheuses et une distribution incluant des gendarmes à cheval. La comédie musicale The Pink Lady d'Ivan Caryll (1911) renferme la chanson « By the Saskatchewan ». L'histoire d'Évangéline a inspiré plusieurs opéras dont deux par des non-Canadiens - Xavier Leroux en France et Otto Luening aux États-Unis. Au cours de l'une de ses expéditions dans l'Arctique canadien durant les années 1820, sir Edward William Parry fut le coauteur d'un petit opéra, The North West Passage ou Voyage Finished, qui fut chanté à bord du navire. L'Arctique canadien est aussi le cadre de l'opéra en deux actes Tornrak, du compositeur gallois John Metcalf, qui fut commandé par le Welsh National Opera et créé au CA Banff en février 1990. Le livret de Michael Wilcox est basé sur une histoire vraie datant du XIXe siècle, racontant comment une jeune Inuit sauva la vie d'un marin dont le navire avait fait naufrage, et fut amenée en Angleterre par ce dernier. L'opéra fut présenté à Cardiff en avril 1990 puis en tournée en Angleterre durant l'été de la même année.
Batailles sur le territoire
Un manuscrit, « Not unto us, Lord » (avec, en sous-titre, « hymne d'action de grâces pour la prise de Montréal et avoir fait de nous les maîtres de tout le Canada »), attribué à James Nares, compositeur de la chapelle royale, est conservé à la British Library. Franz Koczwara, dont l'oeuvre instrumentale descriptive The Battle of Prague avait connu un grand succès, en entreprit une autre, Siege of Quebec (pour clavecin ou piano avec violon, violoncelle et timbales ad lib.), qui fut complétée par W.B. de Krifft après la mort du musicien en 1791 et exécutée à Québec en 1806. The Battles of Lake Champlain and Plattsburg (batailles où les Canadiens furent défaits par l'armée américaine en 1812) est le titre d'une grande sonate de Francesco Masi, musicien de Boston. Voir aussi Bataille.
Visites au Canada
Le premier compositeur à écrire une oeuvre musicale inspirée par un voyage au Canada fut probablement Ole Bull, violoniste norvégien qui écrivit Niagara pour violon et piano (v. 1845). (Voir aussi Chutes du Niagara.) Oliver King, un Anglais qui fut à Ottawa le pianiste de la princesse Louise (épouse du gouverneur général, le marquis de Lorne), écrivit une ouverture (Among the Pines, Novello 1883?), laquelle gagna un prix offert par la London Philharmonic Society en 1883. Louis-Victor Saar, un Américain d'origine hollandaise, écrivit From the Mountain Kingdom of the Great North-West (Aus des kanadischen Alpenwelt) pour orchestre (1922) et un cycle de mélodies canadiennes, « Four Seasons », sur des paroles de John Murray Gibbon (1926). D'autres oeuvres pour orchestre inspirées au XXe siècle par des voyages à travers le Canada incluent The Lake at Sunset, a Canadian Idyll de Quinto Maganini (1938, inspirée du lac Timagami dans le nord de l'Ontario), Kermesse canadienne / Canadian Carnival de Benjamin Britten (1939), North American Square-Dance d'Arthur Benjamin (1951, une suite basée sur des airs de violoneux du Canada et des États-Unis) et Laurentian Overture d'Alan Shulman (1952).
Le patriotisme impérial britannique
À l'invitation du gouverneur général, le marquis de Lorne, Arthur Sullivan écrivit un Dominion Hymn (1880) sur un texte de Lorne, « God Bless Our Wide Dominion ». C.H.H. Parry écrivit un hymne à Terre-Neuve en 1902, et Edward German composa un hymne patriotique, « Canada », en 1904. Aucun de ces compositeurs n'est venu au Canada sauf Sullivan qui fut l'invité du gouverneur général en 1880.
Utilisation d'airs du folklore canadien
Des arrangements d'airs folkloriques canadiens pour choeur ou chant et instrument(s) furent réalisés par Joseph Canteloube, Paul Creston, Louis Victor Saar, Lazare Saminsky, Arthur Somervell et Ralph Vaughan Williams. Des oeuvres instrumentales de compositeurs non canadiens, la Canadian Rhapsody pour orchestre d'Alexander Mackenzie (1905) est peut-être l'oeuvre la plus ambitieuse, postérieure cependant à la Fantaisie canadienne de Paul Gilson (écrite v.1891 et publiée par Breitkopf v. 1898 sous le titre de Fantaisie über kanadische Volksweisen). La Rhapsodie sur des chansons populaires du Canada pour orgue d'Eugène Gigout (fin du XIXe siècle, publiée par Durand en 1898) et le String Quartet on Canadian Themes de Maud Wyatt Pargeter (mention honorable au concours E.W. Beatty au Festival des chansons et métiers du terroir de 1928 - voir Festivals du CP) sont parmi les oeuvres pour formations plus restreintes. Il existe plusieurs autres morceaux du genre, dont la Suite canadienne de H. Maurice Jacquet (Birchard 1927). Les Tres preludios sobra temas canadenses du compositeur brésilien Francesco Mignone (1943) ont été enregistrés par André-Sébastien Savoie (RCI 418).
Autres compositions
Le ballet Sport de Romualdo Marenco (1897) inclut un épisode montréalais, « Valzer dei pattinatori ». On croit que le classique du ragtime The Maple Leaf Rag de Scott Joplin (1899) aurait été indirectement inspiré par le Canada (voir Ragtime). Parmi les chansons, « Canadian Capers » (1915), écrite aux É.-U. par Gus Chandler, Bert White et Harry Cohen (musique) et Earl Burtnett (paroles), ainsi que « Canadian Sunset » (1956) du chef d'orchestre amér. Eddie Heywood, ont été particulièrement populaires. La chanson « Ma cabane au Canada » (1947), paroles de Mireille Broccy, musique de Louis (Loulou) Gasté, a connu une grande vogue dans les pays francophones, surtout dans son interprétation par la chanteuse française Line Renaud. La comédie musicale Foxy (1962), dont l'action se passe au Klondike, est l'oeuvre d'une équipe des É.-U. incluant un Canadien expatrié, Robert Emmett Dolan. Le cantique « Notre Dame du Canada » de Gounod semble être simplement une adaptation de son cantique « Notre Dame de France, hymne de la patrie ».