Article

Le travail des enfants

Le travail des enfants est défini comme l’emploi régulier de garçons et de filles de moins de 15 ou 16 ans. L’attitude à l’égard du travail des enfants a radicalement changé depuis la fin du 18e siècle, alors qu’à l’époque, on considérait généralement que les enfants devaient contribuer à l’économie familiale à partir de l’âge de sept ans environ. Au début du 20e siècle, la plupart des provinces canadiennes ont adopté une législation du travail pour restreindre l’emploi des enfants.

Enfants ouvriers

Histoire

Avant le 19e siècle, les enfants sont souvent considérés comme des atouts économiques par leurs familles. Dans la plupart des cas, ceci signifie qu’ils doivent aider leurs parents, mais ceci peut également impliquer qu’ils doivent avoir un emploi rémunéré à l’extérieur du foyer. Ces activités peuvent inclure l’acquisition de compétences utiles pour l’âge adulte, comme un apprentissage formel. Dans les communautés autochtones de la Nouvelle-France et du Canada anglais à ses débuts, les enfants contribuent aux tâches quotidiennes et à l’économie familiale. Cependant, au cours du 19e siècle et au début du 20e siècle, la plupart des enfants canadiens deviennent des fardeaux économiques pour leurs familles. Le temps des garçons et des filles est de plus en plus consacré à une éducation formelle. En 1911, environ 40 % des enfants canadiens âgés de 5 à 9 ans et 50 % des enfants âgés de 10 à 19 ans vont à l’école. À mesure que le pourcentage des enfants scolarisés augmente, la proportion des garçons de 14 à 19 ans qui occupent un emploi rémunéré passe de 68 % en 1921 à 40 % en 1961.

L’industrialisation et l’urbanisation qui survient au milieu du 19e siècle ouvrent davantage de possibilités d’emplois rémunérés aux enfants non scolarisés. La proportion de résidents urbains passe d’environ 17 % au moment de la Confédération en 1867 à plus du tiers en 1901, et à près de la moitié en 1921. Dans les grands centres urbains, les enfants peuvent trouver un emploi, par exemple dans les usines de textiles à Montréal, dans les entreprises de Hamilton, dans les mines au Cap-Breton et en Colombie-Britannique, et dans les petites entreprises manufacturières des Maritimes. (Voir aussi Industrie textile et Exploitation minière.) Pourtant, de nombreux emplois pour les enfants sont considérés comme des emplois sans avenir, des postes subalternes mal payés sans aucune possibilité d’avancement. Certains emplois, comme celui de messager ou celui de vendeur de journaux, ne débouchent pas sur un emploi pour adultes. De plus, la plupart des enfants qui occupent un emploi sont issus de la classe ouvrière.

Début de réforme

Les réformateurs sociaux de cette époque sont préoccupés par le problème du travail des enfants et ils ont l’intention d’améliorer la société canadienne. En plus de soutenir la scolarité obligatoire et les mesures de lutte contre la délinquance juvénile, les réformateurs cherchent à interdire le travail des enfants. La première vague de lois provinciales réglementant le travail des enfants dans les usines et les mines commence dans les années 1870 et 1880. Mais l’interdiction du travail des enfants n’arrive qu’au 20e siècle.

Plusieurs conditions se combinent pour restreindre et éventuellement mettre fin au travail des enfants au Canada. Au début du 20e siècle, la plupart des provinces canadiennes adoptent des lois qui restreignent l’emploi des enfants. Des lois restreignant l’emploi des enfants dans les mines sont adoptées en Nouvelle-Écosse en 1873, et en Colombie-Britannique en 1877. En 1929, les enfants de moins de 14 ans sont légalement exclus des emplois dans les usines et les mines dans la plupart des provinces. (Voir aussi Industrialisation au Canada et Exploitation minière.)

Du début des années 1870 jusqu’à la moitié des années 1920 environ, toutes les provinces adoptent des lois rendant la fréquentation scolaire obligatoire. Des sanctions sont imposées aux familles qui ne s’y conforment pas. En 1891, la législation de l’Ontario exige la fréquentation scolaire obligatoire pour les enfants de 8 à 14 ans. En 1921, la Adolescent School Attendance Act hausse l’âge de la scolarité obligatoire à 16 ans dans les zones urbaines. Suite à cette fréquentation obligatoire, les provinces restreignent progressivement l’emploi des enfants selon leur âge et en exigeant que les élèves complètent certains niveaux scolaires. Bien que les exemptions soient fréquentes, la loi est conçue de manière à ce que l’éducation obligatoire et les restrictions de travail se renforcent mutuellement.

Crise des années 1930 et guerre

Durant la crise des années 1930, de nombreux adultes cherchent des emplois qui étaient autrefois occupés en grande partie par des enfants. Cependant, pendant la Deuxième Guerre mondiale, plusieurs enfants entrent sur le marché du travail, défiant la loi sur la fréquentation scolaire. On estime que depuis la guerre, les femmes remplacent les enfants en tant que contributeurs à temps partiel au revenu familial.

Le travail des enfants persiste au 20e siècle sous des formes moins visibles. Entre la Confédération et le milieu des années 1920, environ 80 000 enfants britanniques, la plupart âgés de moins de 14 ans, sont amenés au Canada par des organismes humanitaires qui espèrent leur donner un nouveau départ loin de leur milieu ouvrier. La majorité d’entre eux ont été apprentis dans des familles rurales, alors en général, ils deviennent des enfants ouvriers plutôt que des enfants adoptés. La sensibilité croissante envers leur sort mène à l’interdiction de l’immigration des enfants en 1925. (Voir aussi Petits immigrés britanniques.)

Conventions et traités

En 1926, la Société des Nations établit la Convention relative à l’esclavage, une convention qui définit l’esclavage comme étant « l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ». (Voir aussi Le Canada et la Société des Nations; Esclavage des Noirs au Canada; Esclavage des Autochtones au Canada.) En 1930, la Convention est élargie par l’Organisation internationale du Travail (OIT) afin de définir spécifiquement le travail forcé. La Convention (no 29) sur le travail forcé, 1930 de l’OIT complète la convention pour y inclure l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves, et des institutions et pratiques semblables à l’esclavage ou au travail forcé. Le Canada contribue à l’élaboration de la Convention no 29, mais le pays ne ratifie la Convention qu’en 2011. En 1959, le Canada ratifie la Convention (no 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957 de l’OIT qui interdit expressément le travail forcé ou obligatoire comme moyen de coercition politique.

En 2000, le Canada ratifie la Convention (no 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999 de l’OIT qui s’oppose aux pires formes du travail des enfants, comme la traite des enfants, le recrutement d’enfants soldats, et la prostitution. En 2016, le Canada ratifie la Convention (no 138) sur l’âge minimum, 1973 de l’OIT, qui vise à établir un âge minimum de 17 ans pour les enfants qui travaillent.

Legs

De nos jours au Canada, le travail en dehors des heures scolaires est généralement permis. Toutefois, pour les enfants de moins de 16 ans, la fréquentation scolaire est obligatoire et l’emploi est limité. La législation gouvernant l’âge minimum, le nombre d’heures de travail par jour, et l’heure de la journée à laquelle un jeune peut travailler varient selon la province ou le territoire. Certaines provinces exigent l’autorisation parentale pour que le jeune puisse être employé. Par exemple, au Québec, un employeur doit obtenir la permission écrite d’un parent ou d’un tuteur pour embaucher un enfant qui a moins de 14 ans. Il existe également une loi qui empêche les personnes mineures de travailler dans des conditions dangereuses ou des conditions qui présentent des risques, comme dans l’industrie minière, l’industrie de la manufacture, la construction, la foresterie, et les endroits où l’alcool est vendu ou entreposé à des fins commerciales.