Leo Bouchard, soldat ojibwé et héros de guerre (né le 23 décembre 1898, à la mission Lake Helen, à Nipigon, en Ontario; décédé le 28 juillet 1938, à English River, en Ontario). Il a servi dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) pendant la Première Guerre mondiale et a reçu la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour ses actions au front.
Première Guerre mondiale
Leo Bouchard s’enrôle dans le 52e Bataillon (nouvel Ontario), à Port Arthur (aujourd’hui Thunder Bay), en Ontario, le 31 mai 1915. (Voir également Corps expéditionnaire canadien.) Le 52e Bataillon est constitué dans le nord‑ouest de l’Ontario et compte dans ses rangs plusieurs soldats autochtones. Peut‑être Leo Bouchard s’ennuie‑t‑il lors de son entraînement au Canada, mais il s’absente, sans permission, à cinq reprises, entre juillet et novembre 1915. Alors que la peine standard est généralement la perte de quelques jours de salaire pour la première infraction, les récidives sont souvent punies par la détention. Toutefois, lui ne sera puni que de pertes de salaire, allant de deux à huit jours.
Le 52e s’embarque pour l’Angleterre le 23 novembre 1915, où il arrive le 3 décembre. Leo Bouchard profite de son nouvel environnement pour s’absenter, pour la dernière fois, sans permission, et perd encore deux jours de salaire en février 1916. Peu après, son unité traverse la Manche et débarque en France le 21 février, dans le cadre de la 9e Brigade d’infanterie de la 3e Division canadienne. Son mauvais dossier disciplinaire n’est pas retenu contre Leo Bouchard et il reçoit deux promotions successives, le 14 mars 1917, au grade de caporal et, le 2 novembre de cette même année, au grade de sergent.
Leo Bouchard participe aux Cents jours du Canada en 1918, mais doit se retirer de cette campagne, après avoir été blessé. Le 29 septembre, lors de la traversée du canal du Nord en direction des environs de Cambrai, il reçoit une balle au bras gauche qui ressort de son avant‑bras, provoquant une blessure au nerf cubital. Il est alors immédiatement admis au 1er Poste d’évacuation sanitaire pour y être soigné. Le lendemain, il commence un parcours dans divers hôpitaux britanniques, jusqu’à se retrouver au 16e Hôpital général canadien, à Kent, en Angleterre, où il reste jusqu’au 16 novembre. À sa sortie de l’hôpital, il demeure en Angleterre, au Dépôt du Régiment du Manitoba, jusqu’à son rapatriement au Canada.
Médaille de conduite distinguée
Leo Bouchard reçoit la Médaille de conduite distinguée pour ses prouesses pendant la guerre et, plus particulièrement, lors de la campagne des Cents jours. La DCM est la deuxième plus haute distinction décernée, pour actes de bravoure, à des sous‑officiers et à des soldats de l’Empire britannique, durant la Première Guerre mondiale, dépassée uniquement, à ce chapitre, par la Croix de Victoria. Sur plus de 600 000 membres du Corps expéditionnaire canadien, seuls 1 947 ont reçu la DCM. (Voir également Médaille.) La citation de remise de la DCM à Leo Bouchard était ainsi libellée :
Pour sa vaillance remarquable et pour son dévouement au devoir. Il a servi, avec son bataillon, sans interruption, pendant près de trois ans. Il a toujours fait preuve d’un grand courage personnel, d’esprit d’initiative et d’une habileté remarquable dans la conduite de ses hommes, en particulier lors des violents combats d’août 1918. À une occasion, lorsque son officier a été tué, il a pris le commandement et, bien qu’isolé du reste de sa compagnie et au milieu d’un brouillard dense, il a mené ses hommes sous le feu de l’ennemi jusqu’à l’atteinte de l’objectif.
Après la guerre
Leo Bouchard s’embarque sur l’Empress of Britain le 12 janvier 1919 et arrive à Halifax le 28 janvier. Il est libéré du CEC le 28 février au 10 e Dépôt de district, à Winnipeg, et indique que son lieu de résidence prévu est Nipigon.
Après la guerre, Duncan Campbell Scott, célèbre poète et surintendant adjoint du ministère des Affaires indiennes, de 1913 à 1932, dresse la liste des exploits des Anishinaabe ayant servi dans le 52e Bataillon. Bien que, tout au long de sa carrière politique, il ait cherché à assimiler les Autochtones, il fait l’éloge des soldats du 52e Bataillon en utilisant la terminologie de l’époque :
Il convient de mentionner plus particulièrement les bandes ojibwées situées à proximité de Fort William, qui ont envoyé plus d’une centaine d’hommes en Europe sur un total de 282 hommes adultes. […] Les recrues indiennes de ce district se sont, pour la plupart, enrôlées dans le 52e. […] Leur commandant, feu le colonel Hay, qui a été tué, a déclaré, à maintes reprises, que les Indiens faisaient partie de ses meilleurs soldats. Leur bravoure est attestée par le fait que le nom de chaque Indien de cette unité figure sur la liste des victimes.
Duncan Scott cite ensuite, nommément, huit soldats autochtones du 52e, pour leurs exploits pendant la guerre, dont Leo Bouchard (voir également Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale).
Postérité
Titulaire de la prestigieuse Médaille de conduite distinguée pour sa bravoure durant les derniers mois des combats, Leo Bouchard est l’un des soldats autochtones les plus décorés de la Première Guerre mondiale. Il décède en 1938 et est enterré au cimetière Riverside de Thunder Bay. Le 21 septembre 2019, un nouveau mémorial lui rend hommage, à Thunder Bay, ainsi qu’à tous les soldats ayant servi dans le 52e Bataillon pendant la Première Guerre mondiale.