Lévesque, Danièle
Danièle Lévesque, scénographe (Montréal 12 jan 1958). À peine sortie de l'École Nationale de théâtre du Canada en scénographie (1983), le talent de cette artiste est salué unanimement par la critique. Pour cause, elle fait éclater le carcan de la tradition moderne dans le visuel théâtral et insuffle un esprit post-moderne basé principalement sur l'architecture, le choix de matériaux et l'accumulation d'objets. Ce faisant elle cherche à atteindre le texte « profond » au-delà des didascalies. Elle rejoint ainsi un développement artistique de pointe de l'art visuel, l'installation.
Danièle Lévesque a à son crédit près de 80 conceptions de décors. Durant les premières années de sa carrière, entre1984 et 1987, elle signe les décors, les costumes et parfois les éclairages pour une douzaine de productions et son travail s'étend à la danse (La la la Human Step) et au tour de chant (Paradoxale de Joe Bocan).
Puis elle accède rapidement aux grandes scènes montréalaises dont la politique est de morceler le travail du visuel ; elle se spécialise alors en décors et y produit des scénographies plus intéressantes les unes que les autres, collaborant ainsi avec une quinzaine de metteurs en scène.
Pour Lorraine Pintal elle dessine 27 décors. De cette collaboration résultent des relectures étonnantes des |uvres de Réjean Ducharme: Ha! Ha! (1990), Inès Pérée et Inat Tendu (1991), et L'Hiver de force (2002), un spectacle du Théâtre du Nouveau Monde qui est accueilli à l'Odéon à Paris. Ce tandem s'intéresse aussi aux œuvres de Claude Gauvreau: Les Oranges sont vertes (1998) et L'asile de la pureté (2004). En 2002, le duo signe au Musée McCord une exposition: « Molière au Nouveau Monde. »
Avec Alice Ronfard elle signe dix scénographies dont un opéra: Cosi Fan Tutte de Mozart à l'Opéra de Montréal (1992). Lévesque conçoit avec elle et met en espace une exposition intitulée Femmes, Corps et âme (1996-1997) au Musée de la Civilisation. L'exposition est louangée par la critique et reprise en 1999 au Couvent des Cordeliers à Paris.
Elle travaille avec René-Richard Cyr à 9 occasions; citons la brillante scénographie de Bonjour, là, bonjour de Michel TREMBLAY qui vaut à cette scénographe une nomination au Prix de la Critique québécoise en 1987.
Pour Brigitte Haentjens elle signe quatre décors; en 1996, cette rencontre produit l'exceptionnel décor de Quartett d'Heine Muller à l'ESPACE GO qui remporte le Masque de l'Académie québécoise du théâtre.
Et enfin Martine Beaulne, à deux reprises; citons un splendide Don Juan de Molière (2000) dans lequel l'usage d'un bassin d'eau dramatise efficacement les scènes de bord de mer de ce texte.
Lévesque s'intéresse à l'enseignement et dirige des projets scénographiques dès 1991 à l'Option Théâtre du Cégep Lionel-Groulx puis, à l'École Nationale de théâtre du Canada à partir de 1992. Depuis 2002, elle est à la tête du programme de scénographie de cette prestigieuse école.
De 1987 à 2004 six autres scénographies pour divers metteurs en scène, toutes reliées au Théâtre du Nouveau Monde, lui valent des nominations au Gala des Masques de l'Académie québécoise du théâtre et au Prix de la Critique québécoise.