Raymond Lévesque, auteur-compositeur-interprète, animateur de radio, poète, écrivain et comédien (né le 7 octobre 1928 à Montréal, au Québec; décédé le 15 février 2021 à Montréal). Raymond Lévesque est un vrai chansonnier de style parisien qui maîtrise habilement la chanson, la comédie et la satire politique dans ses revues. Sans avoir jamais été véritablement consacré vedette, il ouvre la voie à la vague de chansonniers des années 1960. « Quand les hommes vivront d'amour », « Les trottoirs » et « Bozo-les-culottes » demeurent ses compositions les plus connues. Il devient Officier de l’Ordre national du Québec en 1997.

Premières années
Raymond Lévesque est le fils d’Albert Lévesque, éditeur, et de Jeanne Labrecque. Sa mère Jeanne décède d’une thrombose cérébrale alors que Raymond n’est âgé que de quatre ans. Raymond abandonne ses études à quatorze ans, après quoi sa grand-mère lui enseigne à jouer le piano.
Raymond Lévesque étudie le piano avec Rodolphe Mathieu et le théâtre avec Madame Jean-Louis Audet (Yvonne Duckett). Il s’inspire des chansons du fameux chanteur français Charles Trenet et se met à la composition dès 1943, à l’âge de quinze ans.
Débuts à la radio
Fernand Robidoux, l'ayant remarqué, invite Raymond Lévesque à son émission à la station radiophonique CKAC en 1947 et interprète quelques-unes de ses compositions. Lévesque devient coanimateur à l'émission « Grand'maman Marie » à la Société Radio-Canada (SRC) (1949–1951), puis participe comme chanteur et animateur à des émissions des stations CKAC et CHLP. De 1952 à 1954, il anime à la série télévisée de variétés « Mes jeunes années » à la SRC avec Colette Bonheur, et part ensuite pour Paris.
Les années de Paris
Raymond Lévesque passe cinq ans à Paris durant les années 1950, chantant à la radio et dans des cabarets de Montmartre et de la Rive gauche. Il enregistre quatre simples pour Barclay, se produit dans plusieurs émissions et part en tournée en France avec la fantaisiste Annie Cordy. Il fréquente notamment Georges Brassens, Raymond Devos et Juliette Gréco. Eddie Constantine enregistre sa chanson « Les Trottoirs » en 1954, tandis que Bourvil popularise « La Vénus à Mimile ».
C'est en 1956 que Lévesque écrit « Quand les hommes vivront d'amour », son plus grand succès et un des « classiques » de la chanson québécoise. Elle est interprétée et enregistrée maintes fois en France et au Québec par des artistes de renom, dont Bruno Pelletier. Parmi les autres succès de Lévesque, notons « Le Cœur du Bon Dieu » et « Rosemont sous la pluie ».

Carrière à Montréal
À son retour à Montréal en 1959, Raymond Lévesque co-fonde le groupe Les Bozos avec d’autres chansonniers. Il s’implique activement dans le mouvement séparatiste québécois.
Tout en travaillant successivement dans divers cabarets dont il était propriétaire (Le Bar du music-hall, Le Parlement, L'Évêché), Raymond Lévesque monte une quarantaine de revues (spectacles théâtraux combinant chanson, comédie et satire politique) à la Butte à Mathieu de Val-David (au nord de Montréal) pendant les étés 1961 à 1974. Véritable chansonnier de type parisien, Lévesque monte de nombreuses revues au cours des années 1970 et 1980 : Tharèse (1974), On veut savoir (1980), C'est à ton tour mon cher René (1983), Waitress (1986), Deux mille ans après Jésus-Christ (1988), etc.
Lévesque présente de nombreux spectacles à Montréal (Expo 67, Comédie-Canadienne, Le Patriote, PDA) et Québec (La Résille, Grand Théâtre). Il est invité à de nombreuses émissions de télévision, chante dans diverses boîtes, tout en jouant au théâtre et dans des téléromans où il incarne à plusieurs reprises des personnages de Marcel Dubé. Affligé de surdité, il quitte la scène au milieu des années 1980 pour se consacrer à l'écriture.
Publications
Suite au succès de « Quand les hommes vivront d'amour » (1968), Lévesque publie une quinzaine de livres et de nombreux recueils de poésie à Montréal : Au fond du chaos (1971), Le Malheur a pas des bons yeux (1971), On veut rien savoir (1974), Le Temps de parler (1977), Électrochoc (1981) et Quand les hommes vivront d'amour II (1989).
Il publie également une pièce de théâtre, Bigaouette (1970), ses mémoires, Raymond Lévesque, d'ailleurs et d'ici (1986) et un recueil de chansons, Le P'tit Québec de mon coeur (1990).

Distinctions
Raymond Lévesque est toujours demeuré tel que le décrivait Claude Gingras dans La Presse (Montréal, 19 février 1968) : « Un artiste authentique, qui a quelque chose à dire, qui a de l'esprit, qui trouve les mots justes, et qui sait écrire une mélodie. » À travers ses poèmes, ses monologues et des chansons telles que « Le Coeur du Bon Dieu », « Rosemont sous la pluie », « Bozo-les-culottes », il s'est dégagé peu à peu de l'influence de Charles Trenet. Ses compositions, de sentimentales qu'elles étaient, sont devenues de plus en plus humoristiques, mordantes et socialement engagées.
Raymond Lévesque reçoit le prix Félix « Témoignage de l'ADISQ » en 1980, et un second Félix en 1999 pour une compilation de ses œuvres. Créé en son honneur en 1986, le prix CIEL-Raymond Lévesque a été décerné notamment à Jim Corcoran, Marie Philippe et Luc de Larochellière. Pauline Julien et Fernand Robidoux lui ont tous deux consacré des disques. Il reçoit la médaille Jacques-Blanchet (1996) et le prix Denise-Pelletier (1997) pour son œuvre littéraire. Il devient Chevalier de l'Ordre national du Québec (1997) et l'Office National du Film (ONF) lui consacre un documentaire en 1998.
Le 7 février 2011, la Bibliothèque Raymond-Lévesque est inaugurée dans la ville de Longueuil, au Québec, où Raymond Lévesque a vécu pendant plus de trente ans.
(Voir aussi Chansonniers.)
Une version de cet article est parue initialement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.
Discographie
- Chansons et monologues (1962)
- À la Butte à Mathieu (1965)
- Après 20 ans (1967)
- Raymond Lévesque (1971)
- L'Automne Show (1974)
- Raymond Lévesque chante les travailleurs (1975)
- Le P'tit Québec de mon coeur (1977)
- Collection souvenir (1980)