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L'hiver en musique

Dès le 19e siècle, on publie de nombreuses pièces pour piano ou chansons pour voix et piano, entre autres « Canadian Winter Galop » (1864 ou avant) de Charles J. Millar, « Winter Carnival March » (1884) de C.A.
<em>Winter Carnival March</em>

L'hiver en musique

L'hiver a toujours joué un rôle déterminant dans la vie et l'imaginaire canadiens, et le pays est célèbre à l'étranger pour son hiver, depuis les « quelques arpents de neige » chers à Voltaire jusqu'à la chanson célèbre de Gilles Vigneault, « Mon pays » : « Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver ». Les méditations sur notre paysage hivernal et notre environnement, dont notre identité nationale est tellement imprégnée, sont devenues une composante particulière du patrimoine musical canadien.

Chansons populaires

Dès le 19e siècle, on publie de nombreuses pièces pour piano ou chansons pour voix et piano, entre autres « Canadian Winter Galop » (1864 ou avant) de Charles J. Millar, « Winter Carnival March » (1884) de C.A. Gregory, « The Ice Palace Souvenir March » (1885) d'Isabel Howard-O'Keefe et « Winter Pleasures » (1889) de Charles Bohner. L'édition originale de beaucoup de ces pièces est conservée par Bibliothèque et Archives Canada dans sa collection « Musique en feuilles canadienne d'antan ».

L'hiver continue d'inspirer les compositeurs canadiens pendant les siècles suivants. La ballade de mineur quelque peu fantasque « When the Ice Worms Nest Again » (v. 1898) est popularisée dans les années 1940 par le pionnier de la musique country canadienne Wilf Carter (Montana Slim) et est arrangée pour cordes plus tard par le compositeur Murray Adaskin. Avec l'arrivée de nombreux compositeurs-interprètes populaires dans les années 1960 et au début des années 1970, ces chansons se font de plus en plus introspectives et sérieuses. Dans sa chanson politique « Mon pays », le chansonnier Gilles Vigneault se sert de l'hiver comme métaphore de l'isolement culturel du Québec en écrivant « Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver. » Le thème des relations entre nous, notre pays et notre environnement naturel est aussi exploré par Claude Léveillée (« Soir d'hiver », « Bonhomme hiver » et, sur des vers d'Émile Nelligan, « Ah comme la neige a neigé »), par Joni Mitchell (« River »), Gordon Lightfoot (« Song for a Winter's Night »), Leonard Cohen (« Winter Lady ») et Anne MurraySnowbird »).

Les musiciens qui suivent reprennent beaucoup les mêmes thèmes : k.d. lang (« Barefoot »), Sarah McLachlan (chanson titre, « Song for a Winter's Night »), Joel Plaskett (« Snowed In », « Face of the Earth »), Julie Doiron (« Snow Falls in November », « The Longest Winter », « Winter Mitts »), Hawksley Workman (« 3 Generations »), Malajube (« Montreal -40º »), Sam Roberts (« The Canadian Dream ») et beaucoup d'autres enregistrent des chansons sur la saison. Les célèbres « Snowmobile Song » et « Hockey Song » de Stompin' Tom Connors sont deux des chansons légères préférées du Canada sur l'hiver.

Compositions classiques

L'hiver inspire également de nombreux compositeurs de musique classique. André Gagnon compose la pièce instrumentale Neiges ainsi que la série de quatre concertos « Mes quatre saisons » dont le dernier, Hiver, s'inspire de « Mon pays ». L'hiver inspire aussi Rodolphe Mathieu dans Saisons canadiennes (avant 1927); Jean Coulthard dans « Ballade » (1940; A Winter's Tale), dans Soft Fall the February Snows (1958) et dans « A Cold Kingdom », première partie de sa Choral Symphony (1967). Claude Champagne donne le titre de « Chanson d'hiver » au troisième mouvement de ses Images du Canada français (1943). Dans Altitude (1959), « fresque sonore inspirée du spectacle des montagnes Rocheuses », Champagne trouve dans la neige l'inspiration pour les passages décrivant la « lumière sur les glaciers, l'appréhension de l'avalanche, l'avalanche elle-même, la bourrasque puis la désolation ». L'hiver apparaît aussi dans In Winter Cold (1950) de Leslie Bell, dans « First Snow », quatrième pièce de The Seasons (1952) de Lorne Betts, et dans Les Saisons (1954) de Maurice Dela. On le retrouve également dans Boréal (1959) et IIKKII (froidure) (1971) de François Morel. Serge Garant s'en inspire dans L'Homme et les régions polaires, musique de film réalisée pour le pavillon du même nom à l'Expo 67; le compositeur en fait une version de concert sous le titre d'Amuya (1968), mot inuit qui signifie « neige épaisse et fondante ». Le ballet Pointes sur glace, partition sur des thèmes de Calixa Lavallée, signée Edmund Assaly, est créé à la Place des arts par les Grands Ballets Canadiens en 1967.

« Soir d'hiver », poème d'Émile Nelligan, est mis en musique par Jacques Hétu et fait partie du cycle Les Clartés de la nuit, pour soprano et piano (1972) ou pour soprano et orchestre (1986). R. Murray Schafer, dans North / White (1973), utilise une motoneige, véhicule motorisé sur skis inventé au Québec par la firme Bombardier, à la fois comme élément sonore dans l'orchestre et comme symbole réaliste de ce qu'il appelle « le viol du Nord ». Mentionnons aussi Arctic Images (1971) de Derek Healey; Pays de neige (1971) de Michel Longtin; « Snow Anthology », premier mouvement de Weatherscapes (1973) de Derek Holman; Nuances du Nord (1975) de Gary Hayes; Snowforms (1981) de Schafer Northern Sketches (1982) de Srul Irving Glick; Arctic Dances (1984) de John Beckwith; A Midwinter Night's Dream (1988), opéra de Harry Somers; Winter Music (1989) d'Alexina Louie; Winter Poems (1994) de Glenn Buhr; Blow, blow thou Winter Wind, arrangement d'd'Harry Freedman (1995) et de Stephen Chatman (1995, éd. 2004) sur un texte de Shakespeare; Le Voyage d'hiver (1999), œuvre électro-acoustique de Daniel Leduc.

Le 21<SUP>e<SUP> siècle amène aussi une longue liste d'œuvres portant sur des thèmes hivernaux. On en voit des exemples intéressants dans Songs of the Tekahionwake: Lady Icicle (2001) de Martha Hill Duncan; Inuit Weather Chant (2001) de Donald Patriquin, dont le texte est en inuktitut; La neige est blanche mais l'eau est noire (2003) de Denys Bouliane; Winter Solstice (2004); Okiatsâsiujut (Femmes se préparant à l'hiver) (2011) de Christos Hatzis; le trio pour harpe d'Allan Rae, Winter Chinook (2006); Three Sketches for a Fussy Winter (2007) de Dora Cojocaru; Icebergs et soleil de minuit (2007) de Simon Martin; Winter (2010) de Ruth Watson Henderson.

On peut trouver d'autres exemples de musique canadienne sur l'hiver par l'entremise de la SRC, du Centre de musique canadienne et de Bibliothèque et Archives Canada.