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Liberté universitaire

Liberté universitaire

La liberté universitaire se définit couramment comme étant la liberté pour les professeurs d'enseigner, de publier leurs travaux de recherche, de critiquer et d'aider à définir les politiques de leurs institutions, et d'aborder des questions d'ordre public en tant que citoyens sans craindre de sanctions de la part de leur institution. Parmi les autres significations, on compte l'autonomie de l'université dans la conduite de ses affaires internes et la liberté pour les étudiants d'évoluer au sein du programme d'enseignement qu'ils ont choisi. L'Association canadienne des professeurs d'université (ACPU) affirme que « le bien de tous dépend de la recherche de la vérité et de son dévoilement au grand jour. La liberté universitaire est indispensable pour parvenir à ces fins. » Les demandes de liberté académique dans l'enseignement primaire et secondaire n'ont pas connu beaucoup de succès.

La liberté universitaire n'est absolue dans aucune de ses définitions. La liberté d'enseigner, par exemple, est habituellement assujettie à l'approbation des cours par le corps universitaire, la liberté de mener des recherches dépend souvent des fonds accordés par les universités ou par d'autres groupes. Donc, la liberté universitaire est généralement liée à la notion d'autonomie universitaire, dans l'espoir d'éviter l'imposition de limites arbitraires et inconvenantes.

Menaces pour la liberté universitaire

La liberté universitaire est sérieusement menacée par ceux qui tiennent les cordons de la bourse : les riches bienfaiteurs, les organismes religieux ou les gouvernements provinciaux. Les conseils d'administration et les administrateurs d'université transmettent ces menaces quand ils ne les créent pas eux-mêmes. La plus grande est d'ailleurs la perte d'emploi. Les allégations de déloyauté d'un professeur envers un recteur ou envers les idéaux que doit incarner son université sont au coeur de plusieurs controverses. Les menaces qui pèsent sur la liberté des professeurs viennent aussi des collègues ou des étudiants qui ne tolèrent pas la diversité idéologique ou méthodologique.

Cas notoires

Au nombre des incidents notoires dans l'histoire de la liberté universitaire du siècle dernier figurent les difficultés rencontrées par George Workman à l'U. Victoria de Toronto en 1891 et son renvoi du Wesleyan Theological College de Montréal en 1907. Son modernisme religieux a été invoqué dans les deux cas. Salem BLAND a perdu son poste d'enseignant au Wesley College de Winnipeg en 1917 parce que certains membres du conseil n'auraient pas apprécié son radicalisme social. Pour des raisons semblables, John King GORDON a perdu son poste au United Theological College de Montréal en 1933. Dans ces deux derniers cas, la nécessité de réduire le budget du collège a peut-être joué un rôle plus important.

Trois professeurs permanents ont été renvoyés de l'U. de la Saskatchewan en 1919 pour déloyauté envers le recteur. Trois ans plus tard, W.G. Smith, vice-recteur du Wesley College a été congédié pour une raison semblable. En 1941, on a tenté sans succès d'évincer l'historien Frank UNDERHILL de l'U. de Toronto parce que ses positions franches et provocatrices sur la politique déplaisaient à certains membres du conseil. Cette tentative a tourné en faveur d'Underhill. Il était difficile de faire fi de ce genre de pression en temps de guerre. L'autonomie universitaire n'a jamais été autant compromise que durant la Deuxième Guerre mondiale.

L'engagement de l'APCU

Le renvoi de Harry Crowe du United College de Winnipeg en 1958, un cas où l'attitude d'une personne envers son institution pesait lourd, a amené l'APCU (fondé en 1951) à se pencher pour la première fois sur la question de la liberté universitaire. Depuis 1959, le comité de la liberté universitaire et de la permanence de l'APCU a mené des enquêtes sur de nombreux cas au Canada et aidé à les résoudre. Aucun n'était plus compliqué que le congédiement sommaire de plusieurs professeurs des sciences sociales de l'U. Simon Fraser en 1969, provoqué par un désaccord entre eux et le conseil d'administration sur la manière d'organiser et de diriger l'université. La sanction ultime de l'APCU, en cas d'échec des négociations, est de déconseiller vivement aux universitaires de travailler pour l'institution critiquée.

Permanence

Le silence sur les sujets controversés caractérise fortement la période qui précède les années 60. Depuis ce temps, la liberté croissante dont jouissent les professeurs est due en partie à la transformation de la PERMANENCE universitaire en une permanence résultant du bon comportement du candidat plutôt que du bon plaisir du conseil d'administration, comme l'ont déploré plusieurs jugements au cours des 25 premières années du XXe siècle. Cela n'a jamais été aussi évident qu'en 1949, quand le biochimiste George Hunter a été congédié de l'U. de l'Alberta avec un préavis très court pour des raisons apparemment politiques, mais qui n'ont jamais été rendues publiques.

Aujourd'hui, les professeurs ne peuvent pas être congédiés sans un motif sérieux, qui doit être démontré devant un tribunal impartial. La syndicalisation du corps professoral tend à transformer la permanence en un système d'ancienneté et rend de ce fait sa relation avec la liberté universitaire moins claire à une époque où les contraintes financières menacent cette liberté sous toutes ses formes. De plus, les tentatives récentes de certains groupes et d'au moins un gouvernement provincial (Ontario) pour interdire les discours qui seraient teintés de sexisme et de racisme risquent d'entraver la liberté universitaire. Ces dernières années, la dépendance croissante de la recherche universitaire au financement des entreprises, notamment en médecine et en pharmacie, a soulevé la question de la liberté académique, comme dans le cas de Nancy Olivieri à l'Université de Toronto et du Hospital for Sick Children dans les années 1990.