Le lichen est un organisme complexe formé d’un champignon vivant en symbiose avec une algue verte ou une cyanobactérie. En tant qu’organisme composite, le lichen ne peut être classé officiellement dans un seul règne. Les noms donnés aux lichens sont en fait ceux de la composante fongique de leur association, car à quelques exceptions près, chaque lichen identifiable est le produit d’une espèce différente de « champignon lichénisé ». Toutefois, les espèces d’algues présentes dans le consortium de lichen peuvent se trouver dans un certain nombre de différents lichens.

Structure
Les lichens les plus facilement visibles sont les lichens foliacés, lobés ou feuillus et leurs surfaces inférieure et supérieure sont distinctes. Ils peuvent aussi être fruticuleux, semblables à des filaments noirs ou jaunes qu’on retrouve suspendus aux arbres, ou dressés en touffes sur le sol. Les lichens crustacés forment une mince couche sur les roches ou l’écorce, et ils ne sont visibles que s’ils sont de couleur éclatante. Le lichen foliacé typique possède une organisation complexe. Les cellules algales forment une couche à l’intérieur du corps fongique, juste sous le cortex protecteur de cellules fongiques à parois épaisses et au-dessus d’une couche désorganisée de cellules lâches à parois minces (medulla). Sous le medulla se trouve un autre cortex protecteur d’où émergent souvent des attaches qui ressemblent à des racines (rhizines). Les lichens crustacés et fruticuleux présentent également des relations entre les tissus légèrement différentes.

Répartition et habitat
Les lichens croissent extrêmement lentement (environ 0,1 mm par année chez certaines espèces de l’Arctique, de 5 à 8 mm par année chez les espèces des régions tempérées). L’estimation du taux de croissance des lichens et la mesure de leur diamètre démontrent que certaines parcelles des espèces crustacées vivant sur des rochers dans le Grand Nord sont possiblement vieilles de plusieurs milliers d’années. Les lichens poussent des tropiques à la toundra et s’adaptent à de nombreux matériaux ou substrats. On trouve approximativement 15 000 espèces dans le monde, dont environ 2500 au Canada.
Ils sont plus visibles dans les régions froides : sur les cimes exposées des montagnes, dans les forêts de conifères et dans la toundra arctique. Dans les forêts subalpines des montagnes de l’ouest et dans certaines forêts boréales, les lichens ornent souvent à profusion les branches des épinettes et des sapins. Le lichen des caribous (aussi appelé « mousse à caribou ») recouvre le sol sur des milliers d’hectares de la région boisée subarctique du Canada.
Dans les prairies et dans le centre aride de la Colombie-Britannique, des espèces aux couleurs vives envahissent les sols exposés et recouvrent les rochers erratiques. Dans l’est du Canada, les lichens sont particulièrement visibles sur les troncs d’arbre, surtout ceux des ormes et des érables situés en bordure des routes. De grandes colonies mixtes de lichens fruticuleux croissent souvent sur les sols minces ou sablonneux. Certains lichens, limités aux rochers côtiers, décorent les affleurements éclaboussés par les vagues de bandes oranges, blanches et noires, démontrant que la particularité de certaines espèces correspond à différentes zones de marée et d’éclaboussures.
Importance biologique
Les lichens sont essentiels pour de nombreux écosystèmes du Canada en raison de leur relative abondance dans le nord. Ils constituent la principale source du régime alimentaire hivernal du caribou de la toundra. Ils sont essentiels à la survie des troupeaux, et ils constituent l’élément le plus important de la vie de nombreux peuples autochtones et peuples inuits. Les lichens n’ont que peu de valeur nutritive et ils ne sont généralement utilisés que comme nourriture d’urgence. Toutefois, certains peuples autochtones de l’intérieur de la Colombie-Britannique incluent, dans leur alimentation, certaines espèces comme un lichen noir qui ressemble à un cheveu.
Les lichens qui vivent sur l’écorce ou les ramilles sont extrêmement vulnérables à la pollution de l’air. Des études sont menées au Canada et ailleurs sur la relation entre des niveaux spécifiques de polluants (surtout le dioxyde de soufre) et la distribution et la croissance des lichens. Les lichens sont donc régulièrement utilisés dans les estimations biologiques des niveaux de pollution et comme indicateurs précoces de problèmes de pollution. Plusieurs lichens peuvent produire des composés organiques uniques qui sont utilisés comme antibiotiques (par exemple l’acide usnique), comme teintures (par exemple l’orseille ou le tournesol) et comme fixatif de parfum.