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Lillian Beynon Thomas

​Lillian Kathleen Thomas, née Beynon, journaliste, auteure, suffragette (née le 4 septembre 1874 dans le comté de King, en Ontario; décédée le 2 septembre 1961 à Winnipeg, au Manitoba).
Lillian Beynon Thomas
Lillian Beynon Thomas (avec la permission des Archives du Manitoba, personnalités, L.B.1., N19359).

Lillian Kathleen Thomas, née Beynon, journaliste, auteure, suffragette (née le 4 septembre 1874 dans le comté de King, en Ontario; décédée le 2 septembre 1961 à Winnipeg, au Manitoba). Lillian Beynon Thomas était journaliste et auteure. Elle a joué un rôle actif lors de la campagne pour le droit de vote des femmes au Manitoba qui a été couronnée de succès, avec l’octroi aux femmes du droit de vote à l’échelon provincial en 1916.

Jeunesse et début de carrière

Née dans une famille d’agriculteurs, Lillian Beynon est la deuxième d’une fratrie de trois filles et quatre garçons. Méthodistes rigoureux, ses parents, Rebecca Manning Beynon et James Barnes Beynon, vivent à l’époque de sa naissance à King, en Ontario, un village au nord de Toronto. Rebecca est active au sein de la Woman’s Christian Temperance Union et les deux parents mettent tout en œuvre pour s’assurer que leurs enfants adhèrent aux principes de leur religion. Contrairement à sa sœur cadette Francis, avec laquelle elle restera toujours très proche, Lillian conservera sa foi méthodiste. Lorsqu’elle a deux ans, la famille déménage à Streetsville en Ontario. C’est là qu’à cinq ans, elle tombe gravement malade et contracte une tuberculose de la hanche, à la suite de laquelle elle éprouvera des difficultés à marcher pour le reste de sa vie.

Comme beaucoup de familles d’agriculteurs de l’est du Canada, les Beynons décident d’émigrer vers l’Ouest à la recherche d’un avenir meilleur. En 1889, ils s’installent dans une ferme près de Hartney au Manitoba. L’école étant trop éloignée pour que la jeune Lillian puisse s’y rendre à pied avec ses problèmes de hanches, sa famille organise son retour dans l’Est et l’inscrit au Harbord Collegiate Institute à Toronto. Lillian revient au Manitoba en 1895. Après l’obtention d’un certificat d’enseignement en 1896, elle commence à enseigner dans des écoles rurales. C’est dans le cadre de ces activités d’enseignement qu’elle prend conscience des difficultés endurées par les agricultrices des Prairies.

Carrière de journaliste

En 1902, les Beynon déménagent à Winnipeg. En 1905, Lillian Beynon obtient un baccalauréat de l’Université du Manitoba. Il s’agit là d’une réussite remarquable, car au cours des premières décennies du XXe siècle, les femmes diplômées de l’université sont encore rares.

En 1906, John Dafoe, rédacteur en chef du Manitoba Free Press, passe par Morden, la ville du sud du Manitoba où Lillian Beynon est enseignante. Ambitionnant de devenir écrivaine, elle sollicite, avec beaucoup d’aplomb, un emploi auprès de ce dernier. Son courage paye, puisque John Dafoe l’embauche comme rédactrice en chef adjointe du Weekly Free Press and Prairie Farmer, lui offrant la « page de la femme ». Jusqu’à la fin du XXe siècle, les journalistes canadiennes sont pratiquement toujours embauchées pour écrire sur des sujets féminins. On compte toutefois quelques exceptions notables comme Mary Ann Shadd, rédactrice en chef du Provincial Freeman, un journal essentiellement publié à Chatham en Ontario et E. Cora Hind, journaliste agricole pour le Manitoba Free Press. Lillian Beynon intitule sa rubrique, dans laquelle elle prend la plume sous le nom de Lillian Laurie, « Home Loving Hearts ». Elle y encourage des lectrices à écrire au journal et de nombreuses agricultrices des Prairies lui font part de leur solitude et de leurs doléances politiques. La plupart de celles qui envoient des lettres s’expriment pour le droit de vote des femmes et souhaitent, en outre, que la loi leur reconnaisse des droits en matière d’héritage : droit de douaire et droit au patrimoine familial. Ces correspondances éclairent la journaliste sur la situation des femmes agricultrices dans les Prairies avec lesquelles elle se sent solidaire et l’incitent à militer pour le droit de vote des femmes et pour d’autres modifications législatives au statut des femmes.

La page des femmes de Lillian Beynon propose aux lectrices des recettes, des articles sur la mode et divers conseils pour les ménagères, mais elle présente également des reportages sur le mouvement féministe. En matière de droits des femmes, ses centres d’intérêt sont particulièrement diversifiés. Voici par exemple ce qu’elle écrit le 17 septembre 1910, à propos des femmes musulmanes en Inde : « Il n’y a pas l’ombre d’un doute qu’en émancipant les femmes, l’islam jette les bases sur lesquelles bâtir une superstructure de progrès. »

Le droit de vote des femmes

En septembre 1911, Lillian Beynon épouse un autre journaliste, Alfred Vernon Thomas (1875-1950). Féministe et pacifiste, c’est lui qui l’encourage à devenir, en 1912, l’une des fondatrices de la Manitoba Political Equality League. La production du simulacre de parlement A Women’s Parliament au Walker Theatre à Winnipeg le 28 janvier 1914, constitue l’un des points culminants du travail de cette association. Cette pièce parodique se situe dans un monde où les femmes gouvernent et où les hommes réclament l’obtention du droit de vote. Nellie McClung, la plus célèbre suffragette du Manitoba, joue le rôle principal, mais c’est Lillian Beynon Thomas qui a présenté l’idée au groupe.

À la fois sociable, chaleureuse et pleine de tact, Lillian Beynon Thomas est dotée d’un talent particulier de rassembleuse. En 1908, elle joue un rôle capital pour le lancement d’un club littéraire éphémère, le Quill, et investit également beaucoup d’énergie au sein du Canadian Women’s Press Club. Toutefois, ce sont bien ses efforts au sein de la Political Equality League, qui se bat pour le droit de vote des femmes au Manitoba et finit par l’obtenir en 1916, qui constituent sa contribution la plus notable à la vie politique manitobaine (voir Droit de vote des femmes au Manitoba).

Première Guerre mondiale

Quand éclate la Première Guerre mondiale en 1914, la plupart des Canadiens‑Anglais soutiennent l’effort de guerre et sont favorables à la conscription. Ce n’est pas le cas d’A.V. Thomas dont les positions lui valent d’être congédié du Manitoba Free Press. Lillian et Alfred quittent Winnipeg et s’installent à Brooklyn en 1917. Là, elle travaille pour un organisme de bienfaisance pour les marins dirigé par l’Église épiscopalienne. Lorsqu’elle a du temps libre, elle se rend au théâtre et suit des cours d’écriture à l’Université Columbia.

Deuxième partie de carrière et de vie

Lillian et A.V. Thomas reviennent à Winnipeg en 1922. Alors que son mari entre au Winnipeg Tribune, où il reste jusqu’à sa retraite en 1944, elle se consacre à l’écriture de nouvelles et de pièces de théâtre, dont Jim Barber’s Spite Fence en 1935 qui remporte le prix du Festival national d’art dramatique pour le Manitoba. Elle publie son premier roman, New Secret, en 1946.

Lillian Beynon Thomas décède le 2 septembre 1961. Sa nécrologie parue dans le Winnipeg Free Press précise qu’à 86 ans, elle était toujours active, en ajoutant : « Une semaine avant sa mort, elle était plongée dans la technique du téléthéâtre. »