Enfance et début de carrière
C’est à Rosaireville au Nouveau-Brunswick, le petit village où elle passe son enfance, que cette artiste acadienne fait ses premières expérimentations musicales. Les activités dans ce hameau d’une cinquantaine de personnes se font rares. Comme Lisa LeBlanc le mentionne dans l’hebdomadaire français Télérama en 2013 : « Adolescente, pour me divertir, je n'avais pas grand-chose à faire d'autre que de dessiner et d'écrire des poèmes, forcément douteux. Jusqu'à ce que je découvre la guitare, qui est tout de suite devenue une obsession ». Elle apprend la guitare à un jeune âge afin d’accompagner ses oncles lors de séances d’improvisation. Un de ses plus beaux souvenirs à Rosaireville est d’ailleurs relié à l’une de ces improvisations. Au retour de son bal de fin d’études, elle réunit ses amis et le concierge de son école pour faire de la musique dans le garage familial.
À 16 ans, elle travaille comme serveuse dans un bar de Miramichi où on lui propose de chanter deux ou trois fois par mois. Elle adore l’expérience et la réponse du public est positive. En 2007, elle participe au Gala de la chanson de Caraquet et est lauréate dans la catégorie auteur-compositeur-interprète.
C’est à cette époque qu’elle entend parler de l’École nationale de la chanson à Granby, au Québec, et décide de s’y inscrire. Deux ans et plusieurs spectacles passent avant qu’elle intègre cet établissement, où les classes sont offertes par des artistes pédagogues tels que Marie-Claire Séguin et Robert Léger. L’année 2010 est pour elle un moment charnière alors qu’elle est diplômée de cette école et est consacrée grande gagnante au concours du Festival international de la chanson de Granby. Elle se fait connaître davantage avec ses premières apparitions à la télévision et devient une invitée récurrente à l’émission Belle et bum, diffusée à Télé-Québec.
Lisa LeBlanc (2012)
Le 28 mars 2012, au Lion d’Or à Montréal, a lieu le lancement très attendu du premier opus de l’Acadienne. Les aficionados attendent en file jusqu’au coin de la rue pour assister à l’événement. Quatre cent cinquante spectateurs s’entassent dans la salle de spectacle pour l’occasion et des dizaines d’autres sont refoulés à la porte faute d’espace. Bien que l’album soit sorti la veille seulement en magasin, les spectateurs présents en connaissent déjà les paroles par cœur. L’artiste est surprise de cet engouement, mais ses collaborateurs, eux, s’y attendaient. Ils ont compris qu’avec tout son travail, ses prix déjà récoltés et son capital de sympathie patent, ce premier album ne peut être qu’un succès. De plus, l’auteur-compositeur-interprète québécois Louis-Jean Cormier en assume la réalisation.
Dès la première semaine, l’album Lisa LeBlanc se retrouve en tête des titres les plus téléchargés au Québec et au Canada sur iTunes. Passé la surprise et l’amusement de l’immense succès « Aujourd’hui, ma vie c’est d’la m… », on saisit vite la profondeur de ce premier opus. Sur un ton abrasif, tantôt humoristique, tantôt doux-amer, voire tendre, la chanteuse nous parle de solitude (« Juste parce que j’peux »), de léthargie existentielle qui habite la jeune génération (« Cerveau ramolli » et « Du duvet dans les poches »), ou bien encore elle nous déchire l’âme avec un amour déçu (« Câlisse-moi là »). Elle apporte un vent de fraîcheur sur les ondes radio et s’avère une vraie révélation. L’album s’écoule rapidement à plus de 40 000 exemplaires. Il est certifié or par Music Canada en juillet 2012, puis platine (80 000 exemplaires) en novembre 2013. L’artiste remporte le prix Félix de la Révélation de l’année au gala de l’ADISQ de 2012.
À l’automne 2012, Lisa LeBlanc part en tournée à travers le Canada dans le cadre de la 26e édition du Coup de cœur francophone. La France l’attend déjà, la rumeur favorable ayant traversé l’Atlantique. C’est en 2013 qu’elle y pose les pieds pour présenter son premier album. La critique est unanime, si bien qu’elle remporte en octobre de la même année le Prix du premier album francophone France Inter-Télérama. Plus tôt en 2013, elle est mise en nomination aux prix Juno pour l’Album francophone de l’année.
Highways, Heartaches and Time Well Wasted (2014)
Le 4 novembre 2014 sort le mini-album Highways, Heartaches and Time Well Wasted, qui comprend six titres entièrement en anglais. Enregistré à Charlo, au Nouveau-Brunswick, l’album est le fruit d’un voyage sur les routes qui l’a menée aux États-Unis, plus précisément à Nashville et à La Nouvelle-Orléans. Sans délaisser le banjo, elle y déploie un aplomb plus assumé, voire presque punk. Cet album lui permet d’élargir ses horizons en tournée et de défricher de nouveaux marchés. Une belle occasion de confirmer qu’elle n’est pas qu’un feu de paille et que son public ne l’a pas oubliée. Elle récolte d’ailleurs quatre nominations au gala de l’ADISQ (Album de l’année – Anglophone, Spectacle de l’année – Anglophone, Prise de son et mixage de l’année, Réalisateur de disque de l’année). Le titre « You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too) » est mis en nomination pour le prix de la chanson SOCAN dans la catégorie anglophone.
Why You Wanna Leave, Runaway Queen? (2016)
Le 30 septembre 2016, après quatre ans de tournée et un autre voyage dans le sud des États-Unis et au Costa Rica, Lisa LeBlanc publie son deuxième album, Why You Wanna Leave, Runaway Queen? Juste avant les séances d’enregistrement en studio, elle prend part à des ateliers de perfectionnement musical à Eunice, en Louisiane, au Blackpot Camp. Son bluegrass ne s’en trouve que mieux maîtrisé. Le voyage auditif comporte 12 pièces et se veut une suite logique de son mini-album. Pour ce qui est de la langue choisie, elle précise dans un entretien avec Le Devoir en 2016 :
You know what ? Je [ne] me suis pas vraiment posé la question. Je revenais des States, de l’Ouest canadien, je pensais en anglais, that’s that. De toute façon, t’as pas de contrôle sur ce qui va marcher ou pas. La seule affaire que tu contrôles, c’est ton propre niveau de satisfaction. C’est à prendre ou à laisser. Tu pars ou tu restes.
Les mélomanes ont manifestement décidé de rester; en 2017, elle est nommée aux côtés de Leonard Cohen, Feist et Gord Downie au prestigieux prix de musique Polaris qui récompense chaque année le meilleur album canadien. Elle est aussi en lice en 2017 pour un prix Juno (Album roots contemporain de l’année) et en 2018 pour deux prix Éloizes (Artiste de l’année en musique et Artiste s’étant le plus illustré.e à l’extérieur de l’Acadie).
Philanthropie
Le 15 septembre 2018, Lisa LeBlanc fait partie de la première édition du SP Show, un spectacle-bénéfice au profit de la sclérose en plaques. Elle accepte l’invitation d’une amie qui s’est vu diagnostiquer cette maladie.
Prix et distinctions
- Auteur-compositeur-interprète, Gala de la chanson de Caraquet (2007)
- Gagnante du Festival international de la chanson de Granby (2010)
- Prix Éloizes, Découverte de l'année, Association acadienne des artistes profesionnel.le.s du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) (2012)
- Prix Félix, Révélation de l’année, ADISQ (2012)
- Artiste de l’année, Chanson de l’année (« Aujourd’hui, ma vie c’est d’la m… ») et Révélation de l’année, Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) (2012)
- Révélation Chanson, Révélations Radio-Canada (2012-2013)
- Prix aux Indies, Artiste ou groupe francophone de l’année, Canadian Music Week (CMW) (2013)
- Prix du premier album francophone, France Inter-Télérama (2013)
- Prix Rapsat-Lelièvre, Wallonie-Bruxelles International, ministère des Relations internationales et de la Francophonie et ministère de la Culture et des Communications du Québec (2013)
- Prix Musique NB (MNB), Artiste originaire du N.-B. s’étant le plus illustré à l’extérieur de la province(2013)
- Prix aux Indies, Auteur-compositeur/Groupe de l’année, Canadian Music Week (2017)