Littérature qui se fait, Une
Une littérature qui se fait (1962), de Gilles MARCOTTE, constitue une étude audacieuse de l'évolution de la LITTÉRATURE DE LANGUE FRANÇAISE au Québec. Il s'agit d'une recueil d'essais qui regroupe les premiers essais de l'auteur portant sur de grands écrivains. Marcotte analyse les problèmes auxquels se heurtent les écrivains qui ont dépassé les valeurs anciennes de l'Église, de la famille et de la terre sans pour autant articuler pleinement de nouvelles valeurs, et définit le vertige comme une constante dans la fiction urbaine. Le poète du XIXe siècle était isolé des centres culturels européens; le poète moderne est un double exilé, un exilé de l'intérieur qui se cherche un langage pour mieux habiter le paysage.
Marcotte considère que les auteurs québécois, qui expriment avec éloquence la poétique de la solitude, traduisent l'aliénation, le désespoir et le silence (HÉBERT, BLAIS, Jasmin) ou fuient dans les mondes de la mort, du rêve et du passé (NELLIGAN, Saint-Denys GARNEAU, Lozeau). Avec les écrits de Roland GIGUÈRE, qui paraissent à compter de 1949, la vision apocalyptique des poètes québécois commence à affronter les réalités physiques de la vie. L'anthologie Contemporary Quebec Criticism (1979), de Larry Shouldice, propose une traduction du chapitre « The Poetry of Exile ».