Louis Gill, économiste, professeur, syndicaliste, écrivain (né le 10 juillet 1940 à Montréal, au Québec). Louis Gill est un écrivain polyvalent et prolifique, il est une figure marquante du Québec.

Enfance et formation
Deuxième d’une famille de cinq enfants, Louis Gill écrit dans Pour le socialisme aujourd’hui comme hier (2007) : « au cœur du milieu fort modeste qu’était alors le Plateau Mont-Royal, j’ai fait dans les années 1950, grâce aux revenus durement gagnés de ma mère, mes études collégiales dans un des collèges privés les plus bourgeois de Montréal, où j’ai vécu quotidiennement le clivage entre les classes sociales ». C’est au Collège Stanislas que Louis Gill fait ses études classiques. De 1957 à 1961, il étudie en ingénierie à l’Université McGill d’où il obtient un diplôme en génie électrique.
De nombreuses lectures dont, entre autres, La condition humaine (1933) d’André Malraux, L’homme révolté (1955) d’Albert Camus, le Manifeste (1848) de Karl Marx et Friedrich Engels, et Le Capital (1867) de Karl Marx l’orientent graduellement vers le marxisme et les questions sociales. Attiré par le Rassemblement pour l’indépendance nationale, un parti indépendantiste et progressiste, il adhère brièvement en 1964 à l’équipe de la revue Parti Pris.
Changeant d’orientation, il étudie à l’Université de Montréal en sociologie, puis en sciences économiques à la faculté des Sciences sociales de l’Université de Montréal, dont il obtient une maîtrise en 1966. C’est de l’Université Stanford en Californie qu’il détient un doctorat en économie mathématique en 1973; sa thèse s’intitule Iterative multi-level planning with aggregation.
Pendant ce séjour en Californie, il mesure la réalité du racisme, auquel il est quotidiennement confronté, comme en témoigne le fossé social entre Palo Alto, capitale blanche de la Silicon Valley à laquelle Stanford est adjointe et où il habite, et le ghetto noir d’East Palo Alto. Il participe à des rassemblements des Black Panthers, un mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine surtout implanté en Californie.
Revenu à Montréal, il se joint au Front d’action politique des salariés de Montréal (FRAP), qu’il délaisse peu après, le FRAP étant devenu un lieu d’affrontement stérile entre groupes politiques sans lien organique avec le mouvement ouvrier.
Carrière
En tant qu’ingénieur en électricité, il travaille chez Northern Electric (mai 1961-novembre 1961), et RCA Victor (novembre 1961-août 1962). (Voir aussi Génie électrique.)
Enseignement
Comme professeur de mathématiques, Louis Gill enseigne, de 1962 à 1967, aux Collèges Loyola et Sainte-Marie, ainsi qu’aux HEC. (Voir aussi Université Concordia.)
À son retour de Stanford, il enseigne au Département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), de 1970 à 2001. Il est le cofondateur du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ). Dès ses premières années, ce syndicat organise deux importantes grèves, la première de deux semaines et demie, en 1971, la deuxième de quatre mois, d’octobre 1976 à février 1977.
Militantisme
Louis Gill est le délégué du SPUQ au Conseil central des syndicats nationaux de Montréal (CCSNM) et à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ). Plusieurs de ses textes sont publiés par le SPUQ lors du 25e anniversaire de la grève de 1976-1977, sous le titre Trente ans d'écrits syndicaux. Contributions à l’histoire du SPUQ, (2002).
Activités syndicales et politiques
- Membre du SPUQ (1970-2001).
- Membre du comité de préparation et de négociation de la première convention collective (CC) signée par un syndicat de professeurs d’université affilié à une centrale syndicale, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) (1970-1971).
- Vice-président, responsable de la négociation et de la défense de la CC.
- Président, porte-parole syndical lors de la réouverture de la négociation sur les salaires et le classement dans l’échelle salariale (1972-1973).
- Porte-parole syndical lors de la négociation de la deuxième CC signée en novembre 1973.
- Responsable du comité de grève pendant la grève de quatre mois (d’octobre 1976 à février 1977), pour la négociation de la troisième CC signée en février 1977.
- Membre du bureau fédéral de la FNEEQ au début des années 1970.
- Membre du conseil syndical du SPUQ (1977-1993).
- Premier vice-président du SPUQ (1994-2001). En cette qualité, responsable du bulletin de liaison du syndicat, le SPUQ-Info (56 numéros) et rédacteur de près de 200 articles publiés dans ces numéros.
- Membre du Groupe socialiste des travailleurs (GST) (1974-1987).
- Membre de la direction du GST (1981-1987).
- Coordonnateur du Regroupement des militants syndicaux (1974-1979).
Écrivain engagé
Louis Gill écrit des centaines d’articles dans plusieurs revues et journaux, dont Le Devoir, Carré rouge, L'aut'journal, Le Soleil, et plusieurs livres.
Auteur de livres
- L'économie capitaliste : une analyse marxiste (1re partie) (1976)
- L'économie capitaliste : une analyse marxiste (2e partie) (1979)
- Économie mondiale et impérialisme (1983)
- Les limites du partenariat. Les expériences social-démocrates en Suède, en Allemagne, en Autriche et en Norvège (1989)
- Fondements et limites du capitalisme (1996). Traduit en espagnol sous le titre Fundamentos y limites del capitalismo, Éditions Trotta (2002)
- Le néolibéralisme (1re édition) (1999); (2e édition) (2002)
- George Orwell. De la guerre civile espagnole à 1984, (2005). Traduit en allemand sous le titre Vom spanischen Bürgerkrieg zu 1984 (2012)
- Rembourser la dette publique : la pire des hypothèses (2006)
- « Croire est renoncer à connaître », dans Heureux sans Dieu, sous la direction de Daniel Baril et Normand Baillargeon (2009)
- La crise financière et monétaire mondiale. Endettement, spéculation, austérité, (1re édition), (2011); (2e édition) (2012)
- Art, politique, révolution. Manifestes pour l’indépendance de l’art. Borduas, Pellan, Dada, Breton, Rivera, Trotsky (2012)
- Autopsie d’un mythe. Réflexions sur la pensée politique de Jean-Marc Piotte (2015)
- Ma vie, texte inédit (2025). En libre accès sur le site des Classiques des sciences sociales.
Coauteur de livres
- « Pour le socialisme, aujourd’hui comme hier », dans Au bout de l’impasse, à gauche. Récits de vie militante et perspectives d’avenir, Jean-Marc Piotte, Normand Baillargeon, dir. (2007)
- Préface de l’ouvrage de Marcel Saint-Pierre, Une abstention coupable. Enjeux politiques du manifeste Refus global (2013)
- Le capitalisme au Canada et la « révolution » Harper, avec Pierre Beaulne, Serge Denis et Sylvie Morel, (Introduction de Pierre Beaudet) (2014)
- Mon Octobre 70 : la crise et ses suites, avec Robert Comeau (2020)
Vie personnelle
Louis Gill est père de deux filles, Véronica et Michaëlle, et grand-père de trois petits-enfants : Samuel, Sarah et Fannie.
Prix et distinctions
- Prix Guy-Rocher de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (2011)
- Prix André-Laurendeau pour « Endettement et austérité», L’Action nationale (2016)