Manoir Richelieu, conflit du
Peu de conflits ont connu des rebondissements aussi dramatiques que celui du Manoir Richelieu. Le conflit débute en décembre 1985 lorsque le gouvernement du Parti québécois vend à l'homme d'affaires Raymond Malenfant le site du Manoir Richelieu, un joyau du patrimoine touristique, pour la somme de 555 555,55 $. Les 350 employés du Manoir sont alors tous syndiqués et représentés par la CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX (CSN). Le nouveau propriétaire soutient toutefois n'avoir acheté qu'une bâtisse, ne se sentant aucunement lié au syndicat et à la convention collective existant pourtant au moment de l'achat.Pendant les deux années que durera le conflit, un manifestant trouvera la mort, étouffé par un policier de la Sûreté du Québec, et l'on découvrira que la CSN était infiltrée depuis des années par un agent du Service canadien de renseignement de sécurité. C'est cet agent qui dirigeait le conflit.
Ce conflit a mis en lumière les lacunes de la législation du travail, rendue encore plus fragile trois ans plus tard, en décembre 1988, quand la COUR SUPRÊME a remis en question l'article 45 du Code du travail du Québec. Ce jugement renforçait la dépendance de ce code, protecteur des droits collectifs, à l'égard du code civil, garant des droits individuels.
Avec la bénédiction de la plus haute cour du Canada, de même que celle du gouvernement du Québec, péquiste puis libéral, et sous les applaudissements du monde des affaires, qui fit de Raymond Malenfant son idole du moment, 350 travailleuses et travailleurs ont perdu leur emploi et leur syndicat.