Guerre civile en Sierra Leone
Mariatu Kamara grandit dans le village de Magborou en Sierra Leone, en Afrique, où elle vit avec sa famille élargie dans une maisonnée dirigée par son oncle et sa tante. La plus grande partie de la vie de Mariatu Kamara en Sierra Leone est façonnée par la guerre civile qui fait rage dans ce pays de 1991 à 2002. En 1999, à l'âge de 12 ans, elle est violée par un ami de la famille qu'on la pressait d'épouser et elle tombe enceinte. Peu après, son village est attaqué par des rebelles armés du Front révolutionnaire uni. Lors de cette attaque, des enfants soldats lui coupent les mains et elle assiste au meurtre de nombreux amis de la famille, y compris de l'homme dont elle était enceinte.
Après l'attaque, elle vit au camp d'Aberdeen Road pour amputés à Freetown avec d'autres membres de sa famille. Elle survit en mendiant auprès de compatriotes plus fortunés à Freetown. Son fils meurt de malnutrition à 10 mois. À la suite de la visite, au camp, de journalistes étrangers qui interviewent Mariatu Kamara, son histoire commence à susciter un intérêt international. En 2002, une famille la parraine pour qu'elle déménage à Toronto.
Arrivée au Canada
Peu après son arrivée au Canada, Mariatu Kamara est accordée la résidence pour des motifs d'ordre humanitaire (voir Réfugiés). Elle entreprend une formation scolaire et obtient un diplôme d'anglais langue seconde, puis termine son cours secondaire. En 2008, elle s'inscrit au programme de défense des droits et d'orientation des femmes et enfants maltraités du Collège George Brown à Toronto.
Le sang de la mangue
En 2008, elle publie un récit (voir Écrits à caractère intime), The Bite of the Mango (trad., Le sang de la mangue, 2009), sur sa vie en Sierra Leone et ses premières années au Canada. Rédigé avec la journaliste Susan McClelland, le livre doit son titre au fait que la première chose qu'a mangée Mariatu Kamara après avoir perdu ses bras a été une mangue sucrée. C'est un homme rencontré sur son chemin qui la lui a offerte; il a tenté de tenir le fruit pour elle, mais elle était résolue à le tenir elle-même. Cet incident a confirmé son désir de survivre à ce moment terrible de sa vie. The Bite of the Mango lui a valu plusieurs prix, dont un prix Argent (livre de l'année) du magazine ForeWord (2008), le Norma Fleck Award for Canadian Children's Non-Fiction (2009) et le prix du meilleur livre pour les enfants handicapés de l'Union internationale pour les livres de jeunesse (2011).
Militante et humanitaire
Depuis son arrivée au Canada, Mariatu Kamara fait des tournées pour le programme Enfants Entraide et l'UNICEF Canada afin de promouvoir l'égalité des droits pour les femmes et l'importance de l'éducation. Actuellement Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés de l'UNICEF Canada, elle donne des présentations sur l'effet de la guerre sur les enfants.
Tout en admettant qu'il lui est difficile de parler de son expérience de la guerre, elle le fait parce qu'elle espère que cela changera les choses pour les enfants qui vivent encore dans des régions ravagées par la guerre. D'autre part, ses interventions publiques sur sa vie en Sierra Leone lui ont permis de pardonner les actes des soldats rebelles qui lui ont coupé les mains : « Je pense qu'il est temps de ne plus y penser... de leur pardonner. Ils sont aussi nos frères. Ils ont souffert aussi. »
En 2009, Kamara a été nommée Voices of Courage Honoree par la Women's Refugee Commission. Elle a aussi créé la Mariatu Foundation, qui crée en Sierra Leone des refuges destinés aux femmes et aux enfants victimes de violence.