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Marie Gérin-Lajoie

Marie Gérin-Lajoie, féministe, pionnière du travail social et fondatrice de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil (née le 9 juin 1890 à Montréal, Québec; décédée le 7 janvier 1971 à Montréal, Québec).
Marie-Joséphine Gérin-Lajoie
Première Canadienne française à décrocher un baccalauréat ès arts (1911), elle est la fondatrice de l'Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P155,S1,SS2,D34,P10).
Marie Gérin-Lajoie et sa mère Marie Gérin-Lajoie (née Lacoste)
Photographie prise le jour de l'érection canonique de l'Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, 26 avril 1923 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P783, S2, SS9).
Marie-Joséphine Gérin-Lajoie
\u00a9 Marie-Josée Hudon. Toutes les \u0153uvres reproduites sont la propriété de l'artiste. Reproduite avec la permission du Musée des Grands Québécois.

Marie Gérin-Lajoie, féministe, pionnière du travail social et fondatrice de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil (née le 9 juin 1890 à Montréal, Québec; décédée le 7 janvier 1971 à Montréal, Québec). Elle est la fille de Marie Gérin-Lajoie (née Lacoste), une pionnière de la défense des droits des femmes au Québec. Elle est la première Canadienne française à décrocher un baccalauréat ès arts (1911).

Une famille engagée

Marie Gérin-Lajoie est issue d’une famille de la bourgeoisie canadienne-française très engagée intellectuellement, socialement et politiquement dans son milieu. Son père, Henri Gérin-Lajoie, un avocat de Montréal, est le fils du poète Antoine Gérin-Lajoie, le petit-fils du journaliste Étienne Parent et le frère du sociologue Léon Gérin. Sa mère, Marie Lacoste (aussi appelée Marie Gérin-Lajoie), est une pionnière de la défense des droits des femmes au Québec (voir Mouvement des femmes). Avec Caroline Béïque, elle fonde la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (1907) qui rassemble des femmes francophones d'organismes professionnels et de bienfaisance. La FNSJB participe à certaines luttes féministes comme l’accès des femmes aux études supérieures (voir Histoire de l’éducation) et la réforme du Code civil.

Ses tantes, Justine et Thaïs Lacoste, sont aussi d'actives réformatrices sociales. Ainsi, Justine Lacoste-Beaubien fonde aux côtés d’Irma Levasseur, première femme médecin canadienne-française, l’hôpital Sainte-Justine pour enfants de Montréal. Journaliste, Thaïs Lacoste-Frémont est très engagée dans le combat pour le droit de vote des femmes. Envoyée en 1932 à titre déléguée canadienne à la Société des Nations, elle est la première Canadienne française à occuper un poste officiel au Canada.

La première bachelière canadienne-française

Convaincue de l’importance de l’éducation chez les filles et partisane de l’accès des femmes aux études supérieures, Marie Lacoste fera tout en son pouvoir pour que sa fille poursuive ses études aussi longtemps qu’elle le souhaite. En 1908, Lacoste participe à la fondation de l’École d’enseignement supérieur. Affilié à l’Université Laval de Montréal (devenue l’Université de Montréal), ce premier collège classique pour filles est placé sous la direction des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Marie Gérin-Lajoie qui fréquente l’établissement devient, en 1911, la première bachelière ès arts d’origine canadienne-française à décrocher ce diplôme au Québec. Elle se classe même première à l’échelle provinciale devant ses collègues masculins.

Toutefois, comme les femmes ne sont toujours pas admises dans les universités francophones, Marie Gérin-Lajoie décide de s’initier elle-même aux sciences sociales par la lecture de nombreux ouvrages. Elle écrit dans La Bonne Parole, le journal de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et s’engage activement au sein de cet organisme. En 1918, elle s’exile aux États-Unis et s’inscrit à l’Université Columbia de New York en service social.

La fondation de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil

À son retour au pays, Marie Gérin-Lajoie travaille auprès des familles défavorisées de Montréal et crée un département de service social au sein de l’hôpital Sainte-Justine. Dans la continuité de l’œuvre entreprise par sa mère et ses tantes, Marie souhaite améliorer les conditions de vie des femmes et des familles. En 1923, elle prend le voile et fonde une communauté religieuse, l'Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Axé sur l'action communautaire, le service social et la formation familiale et sociale, cet organisme s’engage à lutter contre les inégalités sociales et économiques. Au fil des années, la communauté met sur pied de nombreux centres sociaux, terrains de jeux et maisons d'hébergement dans les paroisses défavorisées de Montréal.

Afin de former des travailleurs sociaux, Marie Gérin-Lajoie ouvre aussi une école d'action sociale en 1931. En 1939, elle contribue à la création de l'École de service social de l'Université de Montréal, où elle enseigne pendant de nombreuses années.

Son héritage

En 1996, l’Institut de Notre-Dame-du-Bon-Conseil a créé le Centre de formation sociale Marie-Gérin-Lajoie (CFSMGL). Celui-ci a pour mission d’encourager « l’engagement citoyen responsable afin de lutter contre l’injustice et la violence sous toutes ses formes ». Les activités privilégiées sont la réflexion sur les différents enjeux sociaux, la formation pour le développement d’une culture de paix et la médiation citoyenne.

Depuis 1994, le parc Marie-Gérin-Lajoie, situé dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce à Montréal en l’honneur de la mère et de la fille, commémore leur lutte commune pour l’amélioration des conditions de vie des femmes.

Publications

La Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et ses associations professionnelles (Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1911).

Les Cercles d'études féminins (Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1916).

Le retour de la mère au foyer (Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1932).

Femme de désir, femme d'action. Écrits spirituels de Marie Gérin-Lajoie (1890–1971), (Montréal : Paulines, 2003).

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