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Mary John Batten

Mary John Batten (née Fodchuk), avocate, politicienne, juge et juge en chef de la Cour du Banc de la Reine de la Saskatchewan (née le 30 août 1921 à Sifton, au Manitoba; décédée le 9 octobre 2015). Mary John Batten a été la première femme canadienne ukrainienne élue dans une législature canadienne. Elle a été députée en Saskatchewan de 1956 à 1964. La même année, elle a été la première femme nommée juge fédérale en Saskatchewan, et seulement la deuxième au Canada. En 1983, elle est devenue la première femme juge en chef de Saskatchewan. Elle a aussi dirigé une commission royale saskatchewanaise. Elle a pris sa retraite en 1989.

Mary John Batten

Jeunesse

Mary Fodchuk naît à Sifton, au Manitoba, une petite collectivité dans la municipalité rurale de Dauphin, au nord-ouest de Winnipeg. Fondée en 1896, elle est la première communauté ukrainienne au Canada. Les parents de Mary Batten, John et Anna Fodchuk, sont d’origine ukrainienne. Marie grandit avec deux autres enfants, sa sœur Usteen, qui se noie tragiquement en 1964, et son frère Dymytry (« Jim »). La mère de Mary, Anna, meurt aussi dans un accident tragique : elle est frappée par une voiture en traversant une autoroute en 1962.

Alors qu’elle est enfant, sa famille s’installe en Saskatchewan. Elle reçoit son éducation dans les petits villages de Calder et Ituna puis à la Sacred Heart Academy à Regina, où elle obtient son diplôme en 1938. Elle fréquente ensuite l’Université de Saskatchewan, où elle reçoit un baccalauréat en arts en 1941 et un diplôme en droit en 1943. Elle est stagiaire dans le cabinet du futur premier ministre John Diefenbaker à Prince Albert et est reçue au Barreau en 1944. À l’époque, il n’y a que cinq femmes avocates en Saskatchewan.

De 1944 à 1948, elle pratique au sein du cabinet Brown, Thompson and Davidson. Elle épouse l’avocat M.C.R. Batten en 1946. Ils s’associent pour former le cabinet Batten Fodchuk and Batten. Ils pratiquent dans la région de Wadena en 1948-1949 puis s’installent à Humboldt en 1949. Mary et M.C.R. Batten ont quatre enfants : Justine, Dick, Trish et Jyll. Mary est aussi très active dans des organisations et événements communautaires.

Premier mandat

Malgré ses liens avec John Diefenbaker, un important député du parti conservateur qui deviendra bientôt chef du parti sur la scène fédérale, Mary Batten est désignée candidate pour représenter le Parti libéral de Saskatchewan dans la circonscription de Humboldt en novembre 1955. Elle se présente pour un siège à la législature provinciale à l’élection du 20 juin 1956. C’est une campagne difficile qu’elle ne s’attend pas à remporter. La Fédération du Commonwealth coopératif (FCC) est au pouvoir et elle se présente contre le ministre du cabinet Joseph Burton. Dirigée par le premier ministre Tommy Douglas, la FCC est reportée au pouvoir. Les libéraux, conduits par Alexander « Hammy » McDonald, continuent à former l’opposition officielle. Mary Batten remporte son siège par une faible majorité, avec 3 223 votes contre 3 056 pour Joseph Burton. Sa victoire fait d’elle la première femme canadienne ukrainienne au Canada à être élue dans une législature provinciale.

Seule avocate (et seule femme) parmi les 14 députés du caucus libéral, Mary Batten se voit confier l’important rôle de porte-parole de l’opposition en matière de justice. Elle est conseillère juridique des membres du caucus libéral en matière de législation. Elle est également une des leaders de la révolte contre Alexander H. McDonald au sein du caucus, qui entraîne le congrès à la chefferie de 1959 où Ross Thatcher devient chef du parti.

Deuxième mandat

Le 8 juin 1960, les électeurs de Saskatchewan se rendent aux urnes. La FCC forme à nouveau le gouvernement, mais Mary Batten est aussi réélue dans sa circonscription. Elle accroît sa marge de victoire, remportant 3 939 votes pour vaincre son plus proche rival, George Thomas, de la FCC, qui a reçu 2 725 votes.

Mary Batten conserve son rôle de porte-parole de l’opposition en matière de justice et se révèle une parlementaire d’une grande efficacité. Une de ses tactiques favorites consiste à entraîner un député dans une discussion spécifique en feignant d’être naïve ou de ne pas comprendre la question. (Un passage de son programme d’obsèques la décrit comme ayant « le visage d’un ange et la langue d’une vipère ».) Elle rehausse encore sa réputation d’analyste politique et d’oratrice de haut niveau lorsque la législature adopte le projet de loi 56 en 1961. Le lieutenant-gouverneur de Saskatchewan, Frank Bastedo, reporte la sanction royale (c’est-à-dire, refuse de signer le projet de loi) sous prétexte que celui-ci n’est pas dans le meilleur intérêt de la province. Bien que son parti s’oppose au projet de loi, Mary Batten s’oppose vigoureusement à l’acte du lieutenant-gouverneur, soutenant qu’il a agi incorrectement en ne consultant pas au préalable le gouvernement fédéral. Son avis est confirmé lorsque le gouvernement fédéral émet un décret approuvant le projet de loi.

Toujours en 1961, Mary Batten demande que les lois sur le mariage soient amendées pour protéger les droits des femmes et des enfants lors d’un divorce et d’une séparation. Elle défend vigoureusement le renforcement des droits juridiques des femmes. (Voir aussi Femmes et loi.) Elle travaille aussi activement à encourager les femmes à se lancer en politique et éliminer plusieurs des obstacles qu’elles y rencontrent.

La juge Batten

Après avoir remporté son premier siège en 1956, Mary Batten avait déclaré aux journalistes : « Dès la fin de mon mandat, je quitterai tout ceci. » Dans un discours de 1959, elle déclare : « Être en politique n’est pas plaisant, mais cela en vaut la peine. » En mai 1963, Mary Batten annonce qu’elle ne se présentera pas pour un troisième mandat, notant que cela implique trop de sacrifices pour sa famille.

Le 30 mai 1964, elle accepte une nomination fédérale du premier ministre Lester B. Pearson pour devenir juge du tribunal de district (fusionné à la Cour du Banc de la Reine de la Saskatchewan en 1981). Ce tribunal est le tribunal supérieur de première instance de la province et il entend les causes criminelles et civiles. Mary Batten est assignée au district de Saskatoon, bien qu’elle entende aussi des causes dans d’autres centres judiciaires. Elle est la première femme à devenir juge fédérale en Saskatchewan, et seulement la deuxième au Canada.

Autres activités

En juin 1966, la juge Mary Batten est nommée par le gouvernement provincial pour présider un comité spécial sur une nouvelle législation pour réglementer la profession de comptable. Ce travail est accompli au début de 1967. En décembre 1966, les gouvernements de Saskatchewan, d’Alberta et du Manitoba annoncent la création d’une commission d’enquête sur le coût de la vie. Un commissaire est nommé dans chacune des provinces, et Mary Batten représente la Saskatchewan. Le nom officiel de la commission est Royal Commission on Consumer Problems and Inflation, mais puisqu’elle est présidée par Mary Batten, on l’appelle souvent Commission Batten. Son rapport final est remis en 1968.

Juge en chef de la Saskatchewan

Le 7 juillet 1983, Mary Batten est assermentée par son prédécesseur Frederick W. Johnston pour devenir juge en chef de Saskatchewan pour la Cour du Banc de la Reine. Elle est la première femme à détenir cette position, qui consiste à superviser les juges nommés dans les centres judiciaires de la province. Mary Batten prend sa retraite en 1989 après 26 ans de service à la Cour. Elle meurt le 9 octobre 2015.

Engagements communautaires

Mary John Batten est bien connue pour son engagement dans sa communauté, remontant à l’époque où elle pratiquait le droit à Humboldt. Elle a été bénévole pour plusieurs organisations, dont l’Institut Vanier de la famille et le Saskatoon’s Regional Psychiatric Centre. Elle a aussi siégé au Conseil canadien de la consommation et au Saskatchewan Research Council.

Voir aussi Communauté ukrainienne au Canada; Femmes et loi; 30 militantes pour les droits des femmes au Canada.