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Médaille

Quelques médailles anciennes qui évoquent le Canada sont fabriquées en France et en Grande-Bretagne à des fins commémoratives. C'est toutefois par l'entremise de l'armée britannique que les Canadiens se familiarisent avec cet usage.
La Croix du service distingué
Cette médaille est remise aux membres de l'Armée de l'air pour leur bravoure (avec la permission des Biblioth\u00e8que et Archives Canada).

Médaille

 Décernée comme attestation de mérite ou émise pour commémorer un événement ou une personne, une médaille est généralement un petit disque de métal frappé ou coulé, orné en relief. En gros, les médailles ont la même signification au Canada qu'ailleurs en Occident : bien qu'on les remarque peu, on leur attribue une grande valeur. Une distinction est souvent établie entre les médailles militaires qu'on porte sur soi et les autres qui ne sont pas faites pour être portées, mais aucune terminologie généralement acceptée et comprise ne correspond à cette différence.

Quelques médailles anciennes qui évoquent le Canada sont fabriquées en France et en Grande-Bretagne à des fins commémoratives. C'est toutefois par l'entremise de l'armée britannique que les Canadiens se familiarisent avec cet usage. Lorsqu'ils commencent à commander des médailles à leur propre usage, après 1850 environ, ils s'adressent surtout à des sources britanniques. Vers la fin du XIXe siècle, beaucoup de médailles sont frappées au Canada, notamment par P.W. Ellis, de Toronto.

Après le tournant du siècle, c'est Caron Frères de Montréal qui devient le principal fabricant canadien de médailles. Les Canadiens en commandent également en France aussi bien qu'en Grande-Bretagne, mais rarement aux États-Unis. L'émission de médailles au Canada ralentit pendant la crise des années 30 et la Deuxième Guerre mondiale, après quoi, les médailles canadiennes sont généralement conçues et fabriquées au pays. Toutefois, il n'existe pas de style typiquement canadien : leur conception actuelle s'inspire des grandes tendances internationales plutôt que d'un patrimoine proprement canadien. Le Québec, quoiqu'il s'inspire davantage de la France, n'a pas de tradition distinctive marquée dans cet art. Cependant, les médailles récentes du Prix du Québec sont de conception innovatrice.

La collection de médailles des Archives nationales du Canada, à Ottawa, contient des spécimens de tous les genres, et le Musée canadien de la guerre, à Ottawa, détient la plus grande collection militaire. Le Château Ramezay (Montréal), le Glenbow Museum (Calgary) et le Musée de l'Amérique française (Québec) en possèdent d'importantes collections.

Médailles militaires et décorations civiles pour bravoure

Les Canadiens connaissent les médailles militaires parce qu'ils voient des soldats en uniforme les porter sur des rubans à rayures. Les médailles officielles, qui émanent du souverain, étaient autrefois identiques aux médailles britanniques jusqu'à ce que le Canada institue son propre régime de TITRES ET DÉCORATIONS. Les décorations pour bravoure au combat sont pratiquement tombées en désuétude après la GUERRE DE CORÉE, de sorte que la plupart des rubans portés aujourd'hui par des membres des Forces canadiennes ont valeur commémorative, récompensent l'ancienneté de service ou sont décernées par les Nations Unies pour des activités de MAINTIEN DE LA PAIX.

Beaucoup de Canadiens ont reçu les distinctions militaires britanniques pour actes de bravoure qui avaient cours dans l'ensemble du Commonwealth. La CROIX DE VICTORIA pouvait être décernée à des militaires de tout grade et de tout service, l'Ordre du service distingué à des officiers de tout service et la Croix-Rouge royale à des membres du personnel infirmier. La Croix du service distingué, la Croix militaire, la Croix du service distingué dans l'Aviation et la Croix de l'Aviation étaient décernées à des officiers des services respectifs. La Médaille de conduite distinguée, la Médaille pour actes insignes de bravoure (marine ou aviation), la Médaille du service distingué, la Médaille militaire, la Médaille du service distingué dans l'Aviation et la Médaille de l'Aviation étaient pareillement décernées aux militaires des autres grades. La Médaille du Canada, instituée en 1943, n'a jamais été décernée. Les DÉCORATIONS POUR ACTES DE BRAVOURE actuelles, instituées en 1972 dans le cadre du régime de décorations, ne sont pas des distinctions militaires.

Les médailles commémoratives de campagne récompensent la participation plutôt que la conduite personnelle. La première, la Military General Service Medal, a été décernée notamment pour la période de la GUERRE DE 1812. Au Canada, des miliciens et des Amérindiens sont au nombre des récipiendaires. Parmi les agrafes indiquant les batailles, on trouve le nom des batailles de CHÂTEAUGUAY, de CRYSLER'S FARM et de fort Detroit. Les récipiendaires de la Médaille du service général du Canada (1866 et 1870) sont ceux qui ont combattu les raids des FENIANS et la RÉBELLION DE LA RIVIÈRE ROUGE, et la North-West Canada Medal est un hommage à ceux qui ont servi pendant la RÉBELLION DU NORD-OUEST. La première médaille de guerre décernée uniquement à des Canadiens est la Médaille canadienne du volontaire, pour la Deuxième Guerre mondiale, et la première médaille de guerre britannique ayant un modèle canadien distinct a été décernée pour la guerre de Corée.

Des Canadiens reçoivent des médailles des Nations Unies pour leur service sous le commandement des Nations Unies. Des médailles ont aussi été décernées aux membres d'expéditions dans l'Arctique aux XIXe et XXe siècles. Des médailles militaires servant à célébrer les jubilés et les couronnements ont d'abord été décernées aux contingents envoyés en Angleterre, mais elles ont été distribuées plus généreusement par la suite, y compris à certains civils. La Médaille du centenaire du Canada (1967) et la Médaille du jubilé de la reine Élisabeth II (Canada, 1977) ressemblent à des médailles militaires et sont portées de la même façon, mais elles ont été largement distribuées dans toute la population. Les médailles d'ancienneté de service et de bonne conduite, d'abord britanniques, ont eu cours ensuite dans les forces coloniales, et ont été remplacées en 1930 par un certain nombre de distinctions canadiennes. En 1949, le tout a été remplacé par l'unique Décoration des Forces canadiennes.

Le régime canadien de décorations comporte aujourd'hui des décorations (p. ex. Médaille de la police pour services distingués, Médaille pour services distingués en milieu correctionnel) pour services rendus dans des professions à risque élevé qui visent à assurer la sécurité publique. La Médaille d'ancienneté de service de la GRC a été instituée en 1933. D'autres médailles de policiers et de pompiers sont décernées par les gouvernements provinciaux, les pouvoirs locaux ou des organismes non officiels. Avant que le Canada institue ses propres décorations pour actes de bravoure, les Canadiens recevaient les distinctions britanniques pour héroïsme dans la vie civile, notamment la CROIX DE GEORGES, la Médaille de Georges et la Médaille d'Albert. Au début du siècle, le ministère de la Marine, au nom du gouvernement du Canada, décernait des médailles de sauvetage en mer.

Médailles commémoratives et médailles décernées comme prix

La plus ancienne médaille concernant directement le Canada est la médaille française « Kebeca Liberata », qui célèbre l'échec de l'attaque britannique contre Québec en 1690. Au XVIIIe siècle, des médailles françaises et britanniques commémorent divers événements. Des médailles spéciales, propres au Canada, sont présentées à des chefs amérindiens lors de la signature de traités et à d'autres occasions importantes. Ces médailles imposantes, habituellement en argent, sont souvent portées au cou.

Parmi les plus anciennes figurent des médailles de piété catholique, des médailles de TEMPÉRANCE et des médailles commémoratives gravées individuellement. Dans les milieux scolaires et agricoles, les prix deviennent populaires après 1850 environ, et la visite du prince de Galles en 1860 est marquée par une abondance de médailles.

La CONFÉDÉRATION est célébrée par une magnifique médaille allégorique. En 1873 est instituée la Médaille du gouverneur général, cadeau personnel décerné surtout pour réussite scolaire. On y représente le gouverneur général en fonction avec son conjoint à l'avers et ses armoiries au revers. Fabriquées au début par Wyon, en Angleterre, elles sont maintenant frappées par la Monnaie royale canadienne. Certaines provinces émettent des médailles du lieutenant-gouverneur à titre de prix scolaires. Seule la série québécoise (1884-1966) a affiché régulièrement le portrait et les armoiries du lieutenant-gouverneur en fonction. Les médailles de cette série sont généralement frappées en France jusqu'en 1934, puis par C. Lamond et fils, de Montréal.

Parmi les pièces commémoratives notables, citons la Médaille du tricentenaire de Québec (1908), la Médaille du centenaire de George-Étienne Cartier (1914) et la Médaille du jubilé d'argent de la Confédération (1927). Nombre sont décernées comme prix par des universités canadiennes, l'U. McGill ayant été la première à le faire. À l'occasion des foires agricoles, beaucoup de médailles sont émises à titre de prix et de souvenirs. L'exposition de Toronto (aujourd'hui appelée EXPOSITION NATIONALE CANADIENNE) a inauguré son impressionnante série en 1879. D'autres établissements d'enseignement, des municipalités, des associations savantes ou professionnelles, des clubs sportifs et des clubs de loisirs décernent des médailles comme prix ou en émettent des commémoratives. En 1924, la SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA a institué la première des 12 médailles qu'elle décerne actuellement.

Le CENTENAIRE du Canada, en 1967, a inspiré de nombreuses médailles. Des fabricants de médailles privés, notamment Franklin Mint (anciennement appelé Wellings), ont fait des séries commémoratives destinées spécialement au marché des collectionneurs. Une tendance nouvelle plus marquée, surtout dans l'Ouest canadien, est l'émission de « dollars de commerce » municipaux, qui perpétue, au fond, la tradition des médailles frappées en souvenir des fêtes, visites et anniversaires locaux.

Art des médailles

La fabrication est un art ancien et respecté en Europe, mais n'a commencé à être apprécié au Canada que récemment. Les médailles tenaient auparavant leur valeur honorifique d'une tradition vénérable, mais il suffisait qu'elles aient une apparence de dignité et soient conformes aux conventions. Les plus anciennes médailles fabriquées au Canada comprenaient les éléments héraldiques, décoratifs et typographiques habituels. Certaines s'inspiraient du style classique de la famille des Wyon, fabricants britanniques qui en fournissaient beaucoup au Canada. Bon nombre d'entre elles étaient l'oeuvre d'artistes non identifiés. De même, une bonne proportion des médailles canadiennes récentes de style plutôt conventionnel ne sont pas signées.

Les premières médailles conçues par des artistes canadiens reconnus remontent au début du XXe siècle. Elles sont l'oeuvre de Louis-Philippe HÉBERT et d'Alfred LALIBERTÉ, deux sculpteurs qui ont beaucoup appris en Europe. Deux autres sculpteurs réputés, Emanuel Hahn et Robert Tait MCKENZIE, ont créé des médailles entre les deux guerres. Depuis les années 60, Dora de PÉDERY-HUNT, créatrice de réputation internationale, a conçu un grand nombre de médailles frappées, mais elle a aussi fait connaître aux Canadiens les médailles coulées, que préfèrent maintenant beaucoup d'artistes européens. Plusieurs artistes canadiens se sont inspirés de son exemple, créant parfois des pièces uniquement à des fins artistiques.

Les oeuvres canadiennes figurent régulièrement dans les grandes expositions biennales de médailles artistiques contemporaines organisées en Europe et en Amérique du Nord par la FIDEM (Fédération internationale de la médaille). La clientèle restreinte limite encore l'essor de l'art canadien des médailles. La Monnaie royale canadienne et quelques fabricants privés en frappent sur commande, parfois en quantité considérable, alors que les médailles coulées, que préfèrent plusieurs artistes contemporains, sont produites en petite quantité par des fonderies d'art.

Voir aussi MONNAIE.