Min Sook Lee, cinéaste, activiste (née en 1969 en Corée du Sud). Min Sook Lee est une documentariste primée et une défenseure de la justice sociale. Elle a réalisé de nombreux films salués par la critique, dont Hogtown: The Politics of Policing (2005), lauréat du prix Hot Docs pour le meilleur long métrage canadien, Tiger Spirit (2008), lauréat d’un prix Gemini, et The Real Inglorious Bastards (2012), lauréat d’un prix Écrans canadiens. Min Sook Lee est également professeure agrégée à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario, et elle s’est présentée sans succès en tant que candidate du NPD lors des élections fédérales de 2019. En 2025, le Museum of Toronto l’a nommée l’une des 52 femmes qui ont contribué à façonner la ville.
Cet article a été rédigé en collaboration avec le Museum of Toronto.
Jeunesse et éducation
Min Sook Lee et sa famille immigrent au Canada en provenance de la Corée du Sud en 1973, alors qu’elle a quatre ans. Sa famille s’installe dans le quartier Kensington Market, au centre-ville de Toronto. Elle gère un dépanneur près de l’avenue Ossington et de la rue Bloor. Min Sook Lee raconte avoir « grandi derrière le comptoir du magasin familial ». Elle explique que son engagement envers la justice sociale se développe en voyant que les membres de sa communauté d’immigrés, qui travaillent si dur, sont constamment victimes de racisme et de traitements injustes. « J’ai compris très jeune qu’il fallait détester les abus de pouvoir », déclare-t-elle. « Dès que j’ai pu, j’ai commencé à m’organiser avec d’autres pour créer plus d’équité. » Elle devient impliquée dans le mouvement anti-apartheid et depuis, elle demeure active dans les luttes pour la justice sociale et l’égalité.
Min Sook Lee obtient son baccalauréat à l’Université de Toronto, et ensuite une maitrise en études environnementales à l’Université York. Elle obtient un doctorat en études environnementales à l’Université York en 2019.
« Très tôt, j’avais cette idée du Canada selon laquelle j’avais l’impression de ne pas être à ma place et je voulais remettre ça en question. Il existe une sorte d’amnésie culturelle dans la manière dont l’histoire canadienne est racontée et construite. Je pense que c’est vraiment quelque chose que je me suis efforcée de combattre activement et d’aborder. » — Min Sook Lee
Débuts de carrière
Min Sook Lee travaille comme directrice des actualités à la station de radio CKLN du campus de l’Université Ryerson (maintenant l’Université métropolitaine de Toronto) de 1996 à 1998. Elle est ensuite directrice du Mayworks Festival of Labour and the Arts de 1999 à 2002.
Après avoir travaillé comme assistante de la productrice de documentaires Sylvia Sweeney, Min Sook Lee fonde sa propre compagnie de production, Storyline Entertainment, en 2003. Elle réalise également le documentaire d’une heure El Contrato (2003) pour l’Office national du film. La distribution de ce film, qui est centré sur les travailleurs agricoles migrants de Leamington en Ontario, est menacée durant un an à la suite d’une poursuite intentée par des agriculteurs de Leamington. Le film El Contrato est en nomination pour le prix Donald Brittain du meilleur documentaire social ou politique aux prix Gemini de 2005. Il remporte également le prix Cesar E. Chavez Black Eagle décerné par le syndicat United Food and Commercial Workers (UFCW).
Min Sook Lee travaille ensuite comme journaliste pour la chaine de télévision Toronto 1, qui a une courte vie de 2004 à 2005. Elle décrit ce travail comme « un cours intensif sur la manière de produire des médias dont je ne voudrais jamais. Je suis passée de trois ans de travail sur un seul documentaire à devoir écrire un article de type magazine chaque semaine », confie-t-elle au Globe and Mail en 2012. « Ce n’était pas moi. Je jouais à la journaliste. »
Faits saillants de carrière
Min Sook Lee connait une percée dans sa carrière avec le film Hogtown: The Politics of Policing (2005). Ce film, qui examine l’impact des pressions politiques sur la Commission des services policiers de Toronto, est nommé meilleur long métrage documentaire canadien au Festival canadien du documentaire international Hot Docs de 2005. Min Sook Lee réalise ensuite le long métrage documentaire Tiger Spirit (2008), au sujet de la réunification de familles coréennes ordinaires séparées par la guerre de Corée. Il remporte le prix du meilleur documentaire aux prix Gemini de 2009.
Les documentaires suivants de Min Sook Lee sont My Toxic Baby (2009) sur les produits chimiques toxiques contenus dans les produits pour bébés; Badge of Pride (2010) sur les officiers et officières de police queer; The Real M*A*S*H (2010) sur les personnes et les histoires qui ont inspiré le film et la série télévisée populaires sur la guerre de Corée; et The Real Inglorious Bastards (2012) sur Fred Mayer et d’autres réfugiés juifs européens qui ont combattu les nazis dans le cadre de l’opération Greenup. Le film The Real Inglorious Bastards remporte le prix Écrans canadiens de 2014 du meilleur documentaire historique ou biographique. Min Sook Lee est également en nomination pour la meilleure réalisation d’un documentaire.
Le documentaire Migrant Dreams (2016) de Min Sook Lee, qui est diffusé sur TVO, fait suite à El Contrato et il suit les travailleurs migrants étrangers qui résistent à l’exploitation dont ils sont victimes par leurs employeurs en Ontario. Le film Migrant Dreams remporte le prix de l’Association canadienne des journalistes pour un reportage sur le travail en 2016, et le prix Canadian Hillman (décerné aux « journalistes canadiens dont le travail fait une différence dans la vie des Canadiens ») en 2017. Le film reçoit également une mention honorable pour le prix Colin Low du documentaire canadien au Festival du film documentaire DOXA de 2015.
Autres activités
Min Sook Lee co-crée, avec Jennifer Holness et Sudz Sutherland, la comédie de situation She’s the Mayor (2011) sur la chaine Vision TV. La série est annulée après une saison.
Min Sook Lee enseigne la production du film documentaire au premier cycle et aux cycles supérieurs à l’Université Ryerson (maintenant l’Université métropolitaine de Toronto), de 2011 à 2015. Elle est professeure agrégée à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario depuis 2015. Ses recherches et sa pratique portent sur les liens entre l’art et le changement social dans les domaines du travail, des politiques frontalières, de la migration et des mouvements pour la justice sociale. Elle est présidente de la OCAD University Faculty Association depuis 2019.
Également en 2019, Min Sook Lee fait ses débuts en politique. Lors des élections fédérales du 21 octobre 2019, elle est nommée candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans Toronto-Danforth, la circonscription de Jack Layton, l’ancien chef du NPD. Min Sook Lee déclare que ses principales priorités en tant que candidate sont le changement climatique, l’équité économique, l’assurance-médicaments, les services de garde d’enfants, l’amélioration des transports en commun et les logements plus abordables. Min Sook Lee recueille près de 20 000 bulletins de vote et 33,2 % des voix, mais elle termine deuxième derrière la députée libérale sortante Julie Dabrusin, qui remporte plus de 47 % des votes.
Distinctions
En 2012, le Mayworks Festival of Labour and the Arts, l’ancien employeur de Min Sook Lee, crée le Min Sook Lee Labour Arts Award en son honneur. Elle en est également la première lauréate.
En 2016, Cinema Politica, un organisme à but non lucratif de l’Université Concordia, décerne à Min Sook Lee le prix Alanis Obomsawin pour l’engagement communautaire et la résistance, en reconnaissance de son engagement de longue date envers les communautés présentées dans ses documentaires.
Prix
- Prix Cesar E. Chavez Black Eagle (El Contrato), United Food and Commercial Workers (2003)
- Meilleur documentaire canadien (Hogtown: The Politics of Policing), Festival canadien du documentaire international Hot Docs (2005)
- Meilleure émission documentaire (Tiger Spirit, partagé avec Anita Lee et Ed Barreveld), prix Gemini (2009)
- Min Sook Lee Labour Arts Award, Mayworks Festival of Labour and the Arts (2012)
- Meilleure émission ou série documentaire historique ou biographique (The Real Inglorious Bastards), prix Écrans canadiens (2014)
- Prix Alanis Obomsawin pour l’engagement communautaire et la résistance, Cinema Politica de l’Université Concordia (2016)
- Prix Canadian Hillman (Migrant Dreams), The Sidney Hillman Foundation (2017)