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Minville, Esdras


Esdras Minville, professeur et économiste (né le 7 novembre 1896 à Grande‑Vallée, au Québec; décédé le 9 décembre 1975 à Montréal, au Québec). Esdras Minville a exercé une grande influence sur la pensée économique et sociale du Québec au 20siècle, à laquelle il a largement contribué. Doyen de la faculté des sciences sociales de l’Université de Montréal, il a été le premier Canadien français à occuper les fonctions de directeur d’HEC Montréal, pendant 25 ans, de 1938 à 1962, ce qui en fait le détenteur du poste ayant eu le plus long mandat.

Jeunesse

Esdras Minville est fils de pêcheur. Grâce à un membre éminent du clergé local, il réussit, après des études primaires à l’école de son village, à mener à bien un cours commercial secondaire dans un collège de Montréal, et ce, en seulement deux ans. Après avoir travaillé en usine, il s’inscrit à l’École des hautes études commerciales de Montréal (voir HEC Montréal). Bien que ne disposant pas de la formation préalable requise, il y est accepté à l’essai. En 1922, il obtient son diplôme en sciences commerciales et remporte même le prix de la meilleure thèse de fin d’études. Même si son éducation officielle s’arrête là, il va parachever sa formation, au cours des années suivantes, en profitant des conseils de nombreux mentors.

Formation et début de carrière

Édouard Montpetit, avocat et économiste québécois bien connu, est l’un des premiers professeurs d’Esdras Minville à HEC. Plus tard, ce dernier fait la connaissance d’Olivar Asselin à l’occasion de son premier emploi chez un courtier d’assurance montréalais. Le célèbre journaliste et polémiste est alors rédacteur en chef du journal interne de l’organisation, La Rente. Olivar Asselin engage le jeune homme comme secrétaire et participe à sa formation. L’abbé Lionel Groulx, prêtre catholique romain, historien et nationaliste québécois, qui est à l’époque rédacteur en chef du journal L’Action française, lit La Rente régulièrement et remarque le jeune collaborateur de son rédacteur en chef. Un jour, il le sollicite pour la rédaction d’un article sur l’invasion du Canada par les capitaux américains. Ce faisant, Lionel Groulx contribue à guider les premiers pas du jeune journaliste dans le monde intellectuel montréalais. Quand L’Action nationale remplace L’Action française, le natif de Grande‑Vallée devient un membre essentiel de l’équipe de rédaction du nouveau périodique. En 1924, il accepte une proposition pour intégrer HEC où il fera une longue et brillante carrière.

Carrière : les points saillants

En 1925, avec Gérard Parizeau et deux autres collègues de HEC, Esdras Minville fonde L’Actualité économique, une revue, toujours publiée aujourd’hui par HEC, dont il sera le rédacteur en chef pendant de nombreuses années. Au cours de la crise de 1929 (voir Le Grand Krach de 1929 au Canada), il collabore étroitement avec les jésuites de l’École sociale populaire et devient l’un des orateurs les plus recherchés des Semaines sociales du Canada. À l’été 1935, lors d’une conférence devant Jeune‑Canada, un groupe nouvellement constitué, il propose un programme détaillé de réforme économique pour le Québec. Cette conférence va inspirer et influencer l’avocat et homme politique québécois Paul Gouin pour l’élaboration du programme économique de l’Action libérale nationale, un parti politique provincial qui obtient un soutien considérable parmi les Canadiens français nationalistes au Québec.

Esdras Minville impressionne également Maurice Duplessis, ancien premier ministre du Québec et fondateur de l’Union Nationale. Ce nouveau parti politique, à l’origine une coalition du Parti conservateur et de l’Action libérale nationale, est constitué avec, en ligne de mire, les élections provinciales de 1935 au Québec. Maurice Duplessis propose à Esdras Minville, qui décline l’offre, le poste de ministre de l’Industrie et du Commerce.

En 1938, Esdras Minville est nommé directeur d’HEC, un poste qu’il occupe jusqu’en 1962. Il dirige ce prestigieux établissement pendant un quart de siècle, une période durant laquelle il confonde notamment, en 1959, l’Institut d’économie appliquée d’HEC. Les recherches relatives au développement économique du Québec l’intéressent tout particulièrement. Ses réflexions sur le sujet aboutissent, entre autres, sur la publication de la série Études sur notre milieu. Sa propre production intellectuelle, conférences, articles et livres, portant tous sur des enjeux économiques et sociaux au Québec, s’avère considérable et touche un très large public. Il est également l’un des principaux animateurs de la Commission royale d’enquête sur les problèmes constitutionnels, dite commission Tremblay du nom du juge Thomas Tremblay qui en est le président, établie par Maurice Duplessis en 1953.

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