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Olivar Asselin

Olivar Asselin, journaliste, soldat, philanthrope (né le 8 novembre 1874 à Saint-Hilarion de Charlevoix, au Québec; décédé le 18 avril 1937 à Montréal, au Québec). Olivar Asselin était un écrivain, journaliste, philanthrope et intellectuel du Québec du tournant du 20e siècle. Largement reconnu comme un géant dans le monde du journalisme québécois, il a fait preuve d’un talent remarquable pour recruter et diriger de jeunes écrivains durant sa longue carrière. Fervent nationaliste canadien-français et polémiste redoutable, il s’est engagé dans la plupart des débats publics de son époque.
Olivar Asselin

Jeunesse

Le père d’Olivar Asselin, Rieule Asselin, est un maître tanneur qui exerce une profonde influence sur les idées libérales de son fils. Il est maire de la petite collectivité de Saint-Hilarion de Charlevoix jusqu’à ce qu’il déménage avec sa famille à Sainte-Flavie, au Québec, où Olivar commence ses études primaires. Entre 1886 et 1892, Olivar Asselin fait ses études secondaires au Séminaire de Rimouski (non loin de Sainte-Flavie) où il excelle en études commerciales et classiques, de même qu’en athlétisme. Sa nature autoritaire lui vaut le surnom de « petit caporal ».

Après la mort de sa mère, Adèle-Cédulie, et un incendie dans la tannerie de son père, Olivar doit quitter l’école. Comme des centaines de milliers de Canadiens français confrontés à l’incertitude économique, la famille Asselin déménage aux États-Unis à la fin du 19e siècle pour travailler dans l’industrie textile.

La vie aux États-Unis

La famille Asselin s’installe à Fall River, dans le Massachusetts, en 1892. Olivar travaille dans les filatures locales et envisage un temps de devenir jésuite. En 1894, il se lance dans le journalisme en écrivant pour Le Protecteur canadien, dont il devient ensuite rédacteur en chef. Pendant six ans, il se déplace en Nouvelle-Angleterre, occupant des postes de journaliste et de rédacteur en chef dans plusieurs journaux destinés au lectorat canadien-français. Frappé par la pauvreté généralisée dans cette région industrielle, il commence à œuvrer auprès des démunis et à leur faire des dons.

En 1898, Olivar Asselin devient citoyen américain, et il encourage activement les autres immigrants canadiens-français à faire de même. Il s’enrôle durant la guerre américano-espagnole, mais n’a pas l’occasion de combattre. Il obtient toutefois le rang de caporal.

Olivar Asselin, 1899

Henri Bourassa et la Ligue nationaliste canadienne

En 1900, Olivar Asselin revient au Québec. Il vit à Montréal et travaille à nouveau dans les journaux. Peu après, il rencontre Henri Bourassa, qui vient de prendre la tête du mouvement contre la participation du Canada à la guerre des Boers. Une amitié professionnelle et personnelle s’établit entre eux pendant les années suivantes, et Olivar devient le bras droit d’Henri Bourassa tout en s’engageant de plus en plus pour la cause nationaliste.

Avec Henri Bourassa, Omer Heroux, Armand La Vergne et Jules Fournier, Olivar Asselin fonde la Ligue nationaliste canadienne en 1903. Il participe aussi à la fondation du journal de la Ligue, Le Nationaliste, en 1904, et devient son rédacteur en chef. Olivar Asselin se présente en tant candidat nationaliste en 1904 et 1911. Bien que défait à chaque fois, il acquiert une précieuse expérience politique. Pendant de nombreuses années, il organise des tournées oratoires et publie une vingtaine de pamphlets, qu’il baptise ses Feuilles de combat, sur l’autonomie canadienne, les droits provinciaux, l’éducation, l’impérialisme, et tous les autres grands sujets du jour.

Journalisme et politique

Olivar Asselin quitte son poste au Nationaliste en 1908 et devient correspondant de La Patrie à Ottawa, puis à Québec. Dans la capitale provinciale, il se rend célèbre en giflant le ministre des Travaux publics et du Travail, Louis-Alexandre Taschereau, sur le parquet de l’Assemblée législative. Il est emprisonné un moment, mais cela ne l’empêche pas de continuer à livrer bataille à plusieurs personnalités et organisations en vue du Québec et du Canada, dont sir Wilfrid Laurier, Jean Prevost et l’archevêque Paul Bruchési.

Après avoir écrit quelque temps pour Henri Bourassa dans Le Devoir en 1910, il écrit dans L’Action de Jules Fournier, tout en travaillant à temps plein comme courtier immobilier pour faire vivre sa femme, Alice Le Bouthillier, qu’il a épousée le 3 août 1902, et leurs quatre fils. En 1913-1914, Olivar Asselin est président de la Société-Saint-Jean-Baptiste (SSJB), une importante association patriotique francophone. Sous sa direction, la SSJB combat le Règlement 17, un projet de loi qui restreint le droit des Franco-Ontariens à recevoir une éducation dans leur langue.

Première Guerre mondiale

Quand éclate la Première Guerre mondiale, Olivar Asselin est ému par les épreuves de la France, qu’il considère comme « essentielle pour la survie de la civilisation canadienne-française ». Il devient officier recruteur, et cofondateur du 163e bataillon (surnommé les « Poils-aux-pattes ») en 1915, avec le colonel Henri DesRosiers. Après avoir été en garnison aux Bermudes, l’unité est démantelée en Angleterre au début de 1917. Olivar Asselin rejoint le 22e bataillon d’infanterie canadien-français en tant que lieutenant et combat sur le front occidental pendant le restant de la guerre. Il reçoit une citation pour acte de bravoure à la bataille de la crête de Vimy. Après avoir souffert d’une attaque du « pied des tranchées » et être entré en conflit avec le lieutenant-colonel Thomas-Louis Tremblay, Olivar Asselin passe au 87e bataillon en 1918, au sein duquel il combat pour libérer des villages occupés en France et en Belgique. En 1919, il reçoit la Légion d’honneur pour son service en temps de guerre.

Journalisme et activisme

Après son retour au Canada, Olivar Asselin s’engage dans de nombreuses activités. Il est critique littéraire pour La Revue moderne, il édite une anthologie des écrits de son ami Jules Fournier ainsi que son Anthologie des poètes canadiens, et travaille comme publiciste dans une firme de courtiers en placements. Il écrit aussi pour L’Action française, le magazine mensuel de la Ligue d’Action française, une organisation nationaliste dirigée par l’abbé Lionel Groulx.

Olivar Asselin s’engage de plus en plus dans des activités caritatives, donnant son temps et son argent à plusieurs sociétés d’assistance sociale. Très tôt dans sa vie, il devient membre actif de la Société de Saint-Vincent de Paul, et en 1925 il prend la direction du Refuge Notre-Dame-de-la-Merci, un asile destiné aux vieillards itinérants, malades ou perturbés, pour lequel il obtient les services des Frères hospitaliers de Saint-Jean de Dieu. Simultanément, il entretient une correspondance avec ses amis et sa famille chez lui et à l’étranger et reste un intellectuel engagé, écrivant des essais sur une foule de sujets, tout en combattant la dépression, entre des périodes d’hospitalisation.

Dernières années

De 1930 à 1934, Olivar Asselin revient à temps plein dans le monde des journaux lorsqu’il devient rédacteur en chef du journal Le Canada, lié au Parti libéral. Il revivifie l’équipe éditoriale et donne un nouveau souffle au journal, mais il part en 1934 pour fonder son propre journal, politiquement engagé, L’Ordre, avec une équipe de talentueux jeunes journalistes dont Gérard Dagenais, Alfred DesRochers et Jean-Charles Harvey. Le journal doit cependant cesser de paraître en 1935. Cette année-là, Olivar Asselin fonde l’éphémère journal La Renaissance. En 1936, le premier ministre libéral Adélard Godbout nomme Olivar Asselin président de la Commission québécoise des pensions de vieillesse. Cependant, son état de santé se détériore peu après et il doit démissionner. Il meurt le 18 avril 1937 à l’âge de 62 ans.

Pensez comme un historien : La bataille de la crête de Vimy