Article

Mésinformation au Canada

Le progrès de l’informatique dans tous les aspects de notre vie et le rôle croissant d’Internet ont conduit de nombreuses personnes à appeler notre époque «l’ère de l’information». Mais comme les nouvelles circulent rapidement et qu’il y a souvent peu de contrôles pour en garantir l’exactitude, on peut aussi la considérer comme l’ère de la mésinformation. Apprendre à séparer les faits de la mésinformation ou des fausses nouvelles devient ainsi une compétence essentielle. Les gens apprennent à évaluer les informations qui leur sont communiquées, ainsi qu’à examiner minutieusement les informations qu’ils peuvent eux-mêmes partager.

Fausses nouvelles

Mésinformation et fausses nouvelles

La mésinformation est un type de fausses nouvelles, c’est-à-dire des informations fausses rapportées par les médias ou partagées par des personnes ordinaires. Le terme « fausse nouvelle » décrit une série de fausses informations qui peuvent être classées en trois types distincts : la mésinformation, la désinformation et la malinformation. La mésinformation peut être diffusée sans mauvaise intention, tandis que la désinformation et la malinformation sont utilisées pour tromper délibérément les gens.

La mésinformation a tendance à se propager rapidement lorsque surviennent des événements d’actualité. Par exemple, lorsqu’un homme a conduit sa camionnette sur un trottoir de Toronto en 2018, tuant 10 personnes et en blessant 16 autres, la mésinformation s’est répandue. Dans un cas, un journaliste a gazouillé que le conducteur était « du Moyen-Orient », ce qui a amené d’autres personnes à conclure qu’il s’agissait d’un terroriste musulman. La journaliste, toutefois, basait son gazouillis sur l’entrevue d’un témoin menée par une autre station, un récit qui s’est révélé faux.


L’effet de mésinformation

Des recherches psychologiques montrent que les souvenirs des gens peuvent être faussés par des informations entendues après l’événement dont ils se souviennent. C’est ce qu’on appelle l’effet de mésinformation. Par exemple, dans une étude où les participants devaient regarder la vidéo d’un accident de voiture, on a demandé à un premier groupe à quelle vitesse les voitures roulaient lorsqu’elles se sont « touchées », tandis que l’autre groupe a répondu à quelle vitesse elles roulaient lorsqu’elles se sont « percutées ». Ceux qui ont entendu le verbe « percuter » se sont plus tard souvenus, à tort, d’avoir vu du verre brisé dans la vidéo.

La mésinformation peut également survenir lorsque les gens partagent des informations exactes, mais hors contexte. En 2018, la CBC de l’Île-du-Prince-Édouard publie un reportage local sur les sanctions plus sévères infligées aux conducteurs qui dépassent illégalement des autobus scolaires. Le reportage est vrai pour les 155 000 habitants de la province, mais pas pour les quelque 5,8 millions de personnes qui l’ont vue sur Facebook au cours des six mois suivants. Le reportage a également trouvé un large public aux États-Unis. En ne voyant que le titre et la photo d’un autobus scolaire, la plupart de ces personnes ont probablement supposé, à tort, que l’histoire s’appliquait à leur propre région.

Différents types de mésinformation

Il existe différents types de mésinformation. Un contenu manipulé peut être accompagné d’une photo trompeuse qui ne reflète pas ce contenu. Par exemple, un journal de Vancouver a publié un publireportage en ligne dont le titre était « Jagmeet Singh dévoile son nouveau manoir ». En vérité, ceux qui ont cliqué sur le reportage devaient se rendre à la 145e page du diaporama pour voir une image du chef du NPDfédéral à côté de photos d’un manoir. La photo de Jagmeet Singh et celles du manoir étaient peut-être réelles, mais il n’était pas propriétaire de la demeure ; il s’agit d’une propriété locative aux États-Unis.

Un contenu trompeur peut faire passer un article d’opinion pour un fait réel. Un faux contexte peut se présenter sous la forme d’un titre qui n’est pas expliqué par l’article. C’est ce qu’on appelle un « piège à clics » (ou « clickbait »).

Lorsque des histoires partagées en ligne n’indiquent pas clairement la source, le contenu satirique peut être confondu avec de vraies nouvelles. En 2014, la série comique This is That, diffusée sur les ondes radiophoniques de la CBC, a publié sur son site web un article affirmant que la police de Nouvelle-Écosse interdisait aux conducteurs de manger des sandwiches au petit déjeuner. L’histoire comprenait des citations d’un officier de police de Halifax inventé de toute pièce, qui avertissait la population que « ça revient bien à mâcher un fusil ». Le canular a incité la vraie police de Halifax à porter plainte auprès de la salle de rédaction de la CBC. La CBC a alors diffusé un vrai reportage démystifiant son propre contenu satirique.

Éviter la propagation de la mésinformation

De nombreuses personnes partagent des informations erronées sans s’en rendre compte. Pour éviter cela, il faut d’abord cliquer sur l’histoire partagée, vérifier la date de publication et l’URL du site web, et lire le corps du texte pour vous assurer qu’il dit bien ce qu’il prétend dire. Cherchez en ligne d’autres versions de l’histoire. Si elle est vraie, d’autres médias la couvriront probablement. Si elle est fausse, ou très ancienne, ou présentée hors de son contexte, il n’y aura pas d’autres sources qui rapporteront la même information. Si des amis ou des membres de votre famille partagent des informations par texte ou en personne, demandez-leur où ils ont obtenu ces informations. Rendez-vous ensuite à cette source pour vous assurer qu’ils s’en souviennent correctement.

Vérification des faits et défense contre la mésinformation

La vérification des faits est le meilleur moyen de savoir si une nouvelle ou une autre affirmation est vraie. Les sites web se terminant par .edu sont destinés aux universités ou aux collèges enregistrés, tandis que les sites web officiels du gouvernement du Canada comportent les suffixes suivants : .gc.ca ; .gc/en ; .gc/fr ; .ourcommons.ca ; .canada.ca ; .parl.ca. Les sites web officiels des universités, des musées ou des instituts scientifiques sont généralement dignes de confiance, tout comme les sites web des gouvernements fédéral, provinciaux ou municipaux. Les sources en ligne réputées telles que l’Encyclopédie canadienne, les dictionnaires Oxford ou l’Encyclopedia Britannica sont également généralement dignes de confiance.

Si le site est rempli d’affirmations bizarres ou de titres de type « pièges à clics » sur des célébrités, il ne faut probablement pas lui faire confiance. Les sites politiques, commerciaux ou culturels qui soutiennent clairement une position sont également suspects. Les sites web ouverts tels que Wikipédia, que tout le monde peut éditer, devraient contenir des sources ou des liens vérifiables. De même, les vidéos d’un site comme YouTube devraient inclure des sources dans la vidéo ou dans la section des commentaires.

Les sites web de vérification des faits dignes de confiance peuvent également être utiles pour obtenir des éclaircissements. FactsCan, lancé en 2015, propose une vérification indépendante et non partisane des faits concernant les politiciens canadiens et les nouvelles politiques. Parmi les autres sites de vérification des faits, citons FactCheck.org, International Fact-Checking Network (IFCN), PolitiFact et Snopes.

Voir aussi : Éducation aux médias ; Partialité des médias au Canada ; Propagande au Canada ; le Canada et l’économie numérique.