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Moncton

Moncton, Nouveau‑Brunswick; constituée en ville en 1890; population de 71 889 personnes (recensement de 2016) et de 69 074 personnes (recensement de 2011); plus grande ville du Nouveau‑Brunswick. La ville de Moncton est située dans l’est du Nouveau‑Brunswick, dans un méandre de la rivière Petitcodiac. Avec une population de 144 810 personnes en 2016, la région du Grand Moncton comprend la ville en croissance constante de Dieppe et la ville de Riverview.

Autochtones

Moncton a été fondée sur le territoire ancestral des Mi’kmaq. Traditionnellement, ces derniers étaient un peuple semi‑nomade qui passait le printemps et l’été sur les côtes du Canada atlantique et l’automne et l’hiver plus à l’intérieur des terres. Ils comptaient sur les mammifères marins et terrestres pour la nourriture, les vêtements, le logement et les outils. Ils exploitaient également les forêts de la région pour fabriquer des canots, des raquettes et des abris. En raison de leur proximité avec l’océan Atlantique, les Mi’kmaq ont été parmi les premiers peuples d’Amérique du Nord à rencontrer des explorateurs, des pêcheurs et des négociants européens. Ils ont donc, très tôt après l’arrivée des Européens, souffert de dépeuplement et subi des déplacements forcés. Aujourd’hui, les Mi’kmaq vivent dans des collectivités autochtones et non autochtones dans tout le Nouveau‑Brunswick. La collectivité mi’kmaq la plus proche de Moncton, la Première Nation de Fort Folly, se trouve à environ 40 minutes de route au sud‑est de la ville.

Colonisation

Les Acadiens ont été les premiers à coloniser Moncton. Ils y ont créé une communauté agricole à un endroit qu’ils ont appelé Le coude, en référence à un méandre de la rivière Petitcodiac. Au nombre de 5 000 environ, ils ont été déplacés de force par les Britanniques en 1755. Ces déportations s’inscrivaient dans le cadre de différentes tentatives de la Grande‑Bretagne pour prendre le contrôle de la région des mains des Français. Les Britanniques ont mis en œuvre de tels projets dans toutes les Maritimes, du milieu des années 1750 au début des années 1760 (voir Histoire de l’Acadie). En 1766, des colons d’origine allemande sont arrivés de Pennsylvanie et ont appelé leur communauté The Bend. Le nom moderne de la ville, utilisé pour la première fois dans les années 1860, rend hommage à Robert Monckton, un commandant britannique qui était lieutenant‑gouverneur de la Nouvelle‑Écosse à l’époque des déportations.

Développement

Moncton, Nouveau-Brunswick. Photo photo prise le 2 juillet 2011.

      (gracieuseté Stephen Downes/Flickr CC)


      La prospérité précoce de Moncton est étroitement liée à la construction navale. La création d’un chantier naval par George et Joseph Salter, en 1849, constitue le tournant de son histoire économique. En 1850, le commerce maritime est devenu suffisamment important pour que Moncton joue le rôle de port d’entrée. La ville est constituée en 1855, le constructeur de navires Joseph Salter en étant le premier maire. Cette même année voit la création de la première banque de la ville, la Westmorland Bank. Le déclin de la construction des navires en bois provoque toutefois un désastre à Moncton. La banque s’effondre et, en 1862, Moncton perd son statut de municipalité. Le chemin de fer marque, en revanche, une nouvelle ère pour la ville, surtout après la Confédération, lorsque Moncton devient le quartier général des magasins du Chemin de fer intercolonial (1871). Cette évolution économique permet à Moncton d’être à nouveau constituée en ville en 1875, avec pour devise le mot latin Resurgo (je me relève). Moncton devient une cité en 1890.

      Paysage urbain

      Centre-ville de Moncton, vu de la rive opposée de la rivière Petitcodiac lors de la marée basse. Photo prise le 17 janvier 2015.  

        (gracieuseté de Stephen Downes/Flickr CC)


        Moncton est une ville tentaculaire, composée principalement d’immeubles de faible et de moyenne hauteur. On y trouve également, au centre‑ville, quelques immeubles de bureaux plus élevés, comme le Centre de la Croix Bleue, ainsi qu’un certain nombre d’édifices abritant des centres d’appels. Des parcs industriels s’étendent à la périphérie de la ville, des groupes de maisons individuelles plus récentes formant une autre partie plus suburbaine de Moncton. Malgré son ancienneté, Moncton n’est pas réputée pour ses bâtiments historiques. En 2013, la devise de la ville, Resurgo, est réutilisée pour nommer un nouveau centre culturel abritant un musée et le Centre de découverte des transports.

        Population

        De tout temps, Moncton a abrité une population acadienne fière de ses origines. Bien que la majorité des Monctonniens soient anglophones, on entend quotidiennement parler le français et le chiac dans la ville. Selon le recensement de 2016, 64 % des résidents de Moncton ont l’anglais comme langue maternelle et 34,5 % le français. Les personnes s’identifiant comme canadiennes représentent 49,5 % de la population de la ville, suivies de celles s’identifiant comme françaises à 28,6 % et comme anglaises à 22,9 %. Les personnes s’identifiant comme appartenant à une minorité visible représentent 4,9 % de la population de Moncton, les groupes les plus nombreux de cette catégorie étant les Noirs, les Sud‑Asiatiques et les Coréens.

        Économie et emploi

        Constituant un nœud central par lequel passent les nombreuses voies ferrées du réseau des chemins de fer couvrant la région, on présente souvent Moncton comme « la plaque tournante des Maritimes ». Relativement proche des frontières de l’Île‑du‑Prince‑Édouard et de la Nouvelle‑Écosse, la ville est également un carrefour pour le transport routier et aérien. Cette position fait de Moncton un important centre de distribution et de télécommunications pour le Canada atlantique. Midland Transport, une société appartenant au conglomérat Irving, dont le siège social est situé dans la ville voisine de Dieppe, contribue également à une partie de l’activité économique de la ville.

        Le Canadien National, l’un des principaux employeurs non gouvernementaux de la ville, a largement apporté sa pierre à la prospérité économique de Moncton. Alors que le CN, au faîte de son activité, a compté jusqu’à 6 000 employés, ce nombre a notablement chuté depuis la fermeture de ses ateliers de réparation en 1986 et leur démolition en 1988. Parfaite illustration d’un basculement vers une économie postindustrielle, les vastes terrains du CN ont été décontaminés et transformés. Désormais, ils abritent un parc technologique, des terrains de sport et un complexe comprenant un aréna.

        Moncton, doté d’une main‑d’œuvre, stable et bilingue, de cols blancs, et forte du savoir‑faire spécialisé de NBTel en matière de fibres optiques, s’est transformée, dans les années 1980 et 1990, en un véritable centre national de services de télémarketing et d’autres services téléphoniques. Aujourd’hui, les centres d’appel et les centres d’expédition emploient toujours une part importante de la population active.

        Toutefois, la base économique régionale se diversifie, en partie du fait de la présence d’établissements postsecondaires et d’écoles techniques. L’industrie créative de Moncton est également en pleine croissance, de plus en plus de jeunes lançant des cabinets de conseil et travaillant dans des domaines comme la conception graphique.

        Transports

        Moncton est la ville la mieux connectée du Nouveau‑Brunswick en matière de transports. Son aéroport est le plus important de la province et, à n’importe quel moment, il est généralement celui qui compte le plus grand nombre de compagnies aériennes actives. Des trains de passagers traversent toujours la ville, notamment ceux qui, en provenance de Halifax en Nouvelle‑Écosse, desservent le Québec et l’Ontario. Les routes qui passent par Moncton amènent les gens jusqu’en Nouvelle‑Écosse et jusqu’à l’Île‑du‑Prince‑Édouard. La ville et ses avant‑postes remportent un grand succès auprès des camionneurs qui la traversent en empruntant la Transcanadienne. La ville est également dotée d’un réseau de transport en commun et travaille, depuis quelques années, à l’amélioration de son réseau de pistes cyclables.

        Administration et politique

        Depuis 1855, alors qu’elle n’était encore qu’un canton, Moncton est dirigée par un maire et un conseil municipal. La ville est divisée en quatre quartiers, deux conseillers municipaux représentant chacun d’entre eux. Deux postes généraux sont occupés par des conseillers représentant la ville dans son ensemble. Les élections ont lieu tous les quatre ans. Dieppe, à proximité de Moncton, a son propre conseil municipal.

        Vie culturelle

        En 2002, Moncton a été la première ville canadienne à devenir officiellement bilingue. Moncton abrite l’Université de Moncton, une université de langue française créée en 1963, et l’Université baptiste de l’Atlantique. L’Université de Moncton se distingue par sa faculté de droit, la première au monde à enseigner la common law en français. Un campus du Collège communautaire du Nouveau‑Brunswick est également situé dans la ville.

        Le théâtre Capitol, qui a été restauré pour retrouver son élégance de 1922, présente des productions du Theatre New Brunswick, de l’orchestre symphonique du Nouveau‑Brunswick et du Théâtre populaire d’Acadie. Moncton abrite également d’autres lieux culturels comme une coopérative acadienne, le Centre culturel Aberdeen, et les locaux du Théâtre l’Escaouette. Le ballet‑théâtre Atlantique du Canada est une troupe professionnelle itinérante basée à Moncton.

        De nombreux festivals sont organisés dans la ville, notamment le Festival international du cinéma francophone en Acadie (conjointement avec la ville voisine de Dieppe), la FrancoFête en Acadie (pour les arts) et le Festival littéraire international Northrop Frye.

        Le Musée acadien possède une collection d’objets datant de 1604, dont un livre écrit par Samuel de Champlain. Le Musée de Moncton retrace l’histoire de la ville à l’époque où son site constituait l’extrémité ouest d’un portage mi’kmaq à la rencontre du détroit de Northumberland. On trouve également à Moncton d’autres édifices d’intérêt historique, dont le Temple libre datant de 1821 et la Maison Thomas Williams construite en 1823.

        Moncton compte également d’autres lieux constituant des attractions, notamment la Côte magnétique, que les automobilistes ont l’impression de gravir moteur coupé et le mascaret, une petite vague qui remonte la rivière Petitcodiac deux fois par jour, annonçant l’arrivée des marées de la baie de Fundy, les plus hautes du monde. Le Site de concert de la Côte magnétique, construit à l’origine pour une visite papale en 1984, a été réaménagé dans les années 1990 pour accueillir des concerts. Des groupes de premier plan comme les Rolling Stones et U2 s’y sont notamment produits. Parmi les talents musicaux locaux, on compte Gabriel Louis Bernard Malenfant, membre du groupe de hip‑hop chia