Les mouches noires sont des insectes de petite taille et de couleur foncée appartenant à la famille des simuliidés. Sur plus de 2300 espèces dans le monde, au moins 164 sont présentes au Canada. Les mouches noires se reproduisent dans les ruisseaux et se trouvent partout au Canada. Elles sont particulièrement répandues dans les régions nordiques tempérées et subarctiques. Les mouches noires femelles ont besoin de se nourrir de sang pour pondre des œufs. Leur morsure peut être une nuisance pour les êtres humains et pour les autres animaux. Parmi les mouches noires les plus courantes et les plus connues au Canada, on trouve Simulium truncatum et Simulium venustum.
Description
Les mouches noires ont une taille de 1 à 5 mm, des pattes courtes et des ailes larges. Elles ont une forme légèrement bossue, particulièrement les femelles. Bien que généralement de couleur foncée, différentes espèces peuvent être noires, orange jaunâtre ou gris brunâtre.
Les femelles sont dotées des pièces buccales mordantes, qu’elles utilisent pour couper la peau des oiseaux et des mammifères, afin de prélever leur sang qui est ensuite aspiré dans un canal creux. (Environ 2,4 % des espèces dans le monde ne se nourrissent pas du tout de sang.) Les mâles ne mordent pas et on les voit rarement. Les deux sexes consomment du nectar qui leur fournit l’énergie pour voler, tandis que les femelles utilisent les nutriments du sang pour produire des œufs.
Les larves, gris verdâtre ou brunes, sont aquatiques et ont de grandes pièces buccales en éventail qu’elles utilisent pour piéger les petites particules de nourriture en suspension dans le courant. Elles sont également dotées d’un ensemble de griffes postérieures qui les maintiennent attachées à un coussinet de soie filé sur une surface immergée. Les nymphes, en forme de cône, restent attachées au même endroit, nichées dans un cocon de soie.
Répartition et habitat
On trouve des mouches noires dans le monde entier, sauf en Antarctique. Elles sont présentes pratiquement dans tous les endroits où coule de l’eau qui sert d’habitat aux larves. Au Canada, elles sont particulièrement abondantes dans les régions boisées du Nord et près des grands cours d’eau et des décharges de lacs. Contrairement aux moustiques, les mouches noires adultes sont principalement actives pendant la journée.
Reproduction et développement
Les œufs (150 à 600 par femelle) peuvent être déposés sur des objets dans l’eau courante ou dispersés sur la surface de l’eau. Les larves se fixent aux roches ou à la végétation immergées et se développent généralement en deux à trois semaines, selon la température de l’eau et la disponibilité des aliments. Les nymphes sont inactives et n’ont pas besoin de s’alimenter. Elles peuvent cependant obtenir de l’oxygène à partir de l’air et de l’eau, ce qui leur permet de survivre en cas de baisse des niveaux d’eau. Les adultes émergent dans une bulle d’air, formée à l’intérieur du cocon juste avant la mue, leur permettant de remonter à la surface. Le cycle de vie d’une mouche noire peut s’étendre sur trois à quatre semaines. Certaines espèces peuvent connaître plusieurs générations en un an. La plupart des espèces de mouches noires passent l’hiver au stade d’œuf ou de larve, les adultes apparaissant à la fin du printemps et au début de l’été.
Écologie
Les larves de mouches noires constituent une partie importante des réseaux trophiques aquatiques. Les grands cours d’eau peuvent héberger plus de 600 000 larves par mètre carré et peuvent produire près d’un milliard d’adultes par kilomètre et par jour. Les larves sont consommées par des poissons et par des invertébrés aquatiques, tandis que les adultes sont la proie des oiseaux. En se nourrissant, les larves de mouches noires transforment de fines particules organiques en matières fécales riches en nutriments. Ces matières fécales fertilisent les berges et fournissent de la nourriture aux organismes vivant plus en aval. Dans les grands cours d’eau nordiques, la masse totale de matières fécales peut dépasser plusieurs centaines de tonnes en une journée. Les coussinets de soie laissés par les larves peuvent également piéger les débris pour former de petits habitats abrités pour les algues, pour les bactéries et pour les invertébrés.
Interaction avec les humains
Les mouches noires peuvent être assez ennuyeuses pour les humains. Les espèces qui piquent sont attirées par les odeurs subtiles de sueur. Elles ont tendance à voleter, de‑ci de‑là, autour de la tête et de la peau avant de mordre les parties exposées du corps, particulièrement au niveau des poignets, des chevilles, de la taille, du cou et de la naissance des cheveux. Leurs piqûres laissent normalement un petit renflement et une gouttelette de sang et peuvent causer des démangeaisons pendant plusieurs jours. En Amérique du Nord, les mouches noires ne transmettent aucune maladie. Cependant, en Afrique, au Mexique, en Amérique centrale, au Brésil, au Venezuela et au Yémen, elles peuvent transmettre des nématodes (c’est‑à‑dire des vers ronds) provoquant la cécité des rivières (onchocercose) chez l’homme.
Au Canada, les mouches noires peuvent également constituer une menace sérieuse pour le bétail, comme dans le nord de l’Alberta et de la Saskatchewan. Dans ces provinces, les attaques de mouches noires sont susceptibles de détruire les pâturages et de causer des pertes de poids chez les bovins. La salive d’une espèce, Simulium arcticum, contient une toxine qui peut provoquer un choc anaphylactique, et parfois la mort, chez les bovins. Les éclosions de cette espèce ont été accusées d’avoir entraîné la perte de centaines d’animaux en une seule fois.
Une chanson folklorique canadienne de Wade Hemsworth, “The Black Fly Song,” raconte les tourments causés par ces insectes lors de la construction d'un barrage hydroélectrique dans le nord de l'Ontario. La chanson a également été adaptée pour le film d'animation de l'Office national du film, Blackfly.
Les piqûres de mouches noires peuvent être évitées en portant des vêtements de couleur claire qui couvrent les poignets, les chevilles et la ceinture, et en appliquant des insectifuges commerciaux sur la peau et sur les vêtements. Les Autochtones nord‑américains dissuadent également les mouches piqueuses en utilisant des insectifuges naturels présents dans les ganodermes de la pruche et dans des plantes telles que l’épilobe à feuilles étroites et le foin d’odeur.