Les puces sont de petits insectes sans ailes au corps aplati sur le plan latéral, appartenant à l’ordre Siphonaptera. Elles sont surtout connues pour leurs habitudes de parasites externes, s’accrochant aux mammifères et parfois aux oiseaux. Les puces adultes vivent dans la fourrure ou le plumage de leur hôte, aspirant leur sang pour survivre et se reproduire. Bien que les puces puissent s’en prendre aux humains, les rongeurs, les chats et les chiens sont des hôtes beaucoup plus communs. La puce « humaine », Pulex irritans, s’attaque en fait à un grand nombre d’espèces de mammifères, et c’est aussi le cas de la plupart des espèces de puces qui mordent les humains. Il existe environ 2 000 espèces et sous-espèces de puces dans le monde, dont au moins 127 au Canada, généralement en Colombie-Britannique et en Alberta.
Évolution
Bien que dépourvues d’ailes, les puces ont évolué à partir des mêmes ancêtres volants que les mouches scorpion (de l’ordre Mecoptera). Alors qu’on les croyait autrefois apparentés aux « vraies » mouches (de l’ordre Diptera), on croit maintenant que les puces sont proches parentes aux borées (famille Boreidae), un groupe insolite d’insectes sans ailes psychrophiles (aimant le froid) qui sont actifs en hiver. Autrement dit, les puces ont évolué à l’intérieur du même ordre que les mouches scorpion, même si une hypothèse concurrente propose que les deux ordres aient évolué indépendamment à partir d’un ancêtre commun. Dans les deux scénarios, les puces ont probablement émergé quelque temps après l’origine des mammifères.
Structure
Les puces sont latéralement aplaties, c’est-à-dire que leur hauteur est plus grande que leur largeur lorsque vues de face, comme une pièce de monnaie tenue verticalement. Leur longueur moyenne est de un à cinq millimètres. La couleur lustrée des puces adultes varie du jaune-brun au noir, et leurs poils raides dirigés vers l’arrière leur permettent de se déplacer rapidement et facilement dans la fourrure ou les plumes de leur hôte, tout en les rendant plus difficiles à déloger par toilettage. Les puces possèdent des yeux plus simples et plus petits que ceux de la plupart des insectes, et leurs antennes sont petites et courtes, le plus souvent dissimulées dans des sillons de leur tête. Les puces se nourrissent en perçant la peau à l’aide de pièces buccales pointues, et leur salive contient un anticoagulant qui permet au sang de l’hôte d’être puisé librement.
Les puces se démarquent par leurs pattes longues et musclées, se terminant par une paire de pinces qu’elles utilisent pour s’agripper aux poils de leurs hôtes. Leur célèbre aptitude pour les sauts est due principalement à une pièce extrêmement élastique de leur exosquelette située à la base de leurs pattes arrière, composée de résiline. La résiline est une protéine élastique qui permet à la plupart des insectes de voler. Quand une puce se prépare à sauter, ce morceau de résiline est placé dans un état de compression, comme un ressort compressé. Quand le « ressort » est déployé, la résiline se répand rapidement, projetant les pattes arrière de la puce contre le sol à une vitesse incroyable. Comme une paire de longs leviers, les pattes de la puce la propulsent dans les airs, lui permettant de sauter jusqu’à 32 centimètres, une distance considérable étant donné la taille de ce tout petit insecte.
Répartition et habitat
Les puces habitent tous les continents, y compris l’Antarctique, et se retrouvent dans toutes sortes d’habitats, de la forêt tropicale au désert en passant par la toundra de l’Extrême-Arctique, et pratiquement partout ailleurs où elles sont capables de prospérer dans les nids douillets de leurs hôtes. Bien que la plupart des espèces de puces vivent en Eurasie, près de 300 espèces habitent en Amérique du Nord, dont au moins 127 espèces au Canada. La plupart de celles-ci se trouvent dans l’Ouest canadien, où il y a un grand nombre de rongeurs et de petits hôtes mammifères : la Colombie-Britannique abrite environ 89 espèces de puces, l’Alberta en a à peu près 57, et la Saskatchewan près de 36, tandis que les autres provinces et territoires en ont moins de 30 espèces chacune. On croit que les six espèces les plus communes au Canada ont été amenées d’Europe ou d’Asie, et ces espèces préfèrent pour hôtes des humains et des animaux domestiques (avec la Ctenophalides canis infestant couramment les chiens et la C. felis parasitant les chats).
Reproduction et développement
Les puces sont des insectes à métamorphose complète. Les œufs sont pondus par les femelles dans le nid ou le terrier de leur hôte. Après quelques jours, les œufs éclosent et deviennent des larves. La larve vit dans le nid de l’animal hôte et se nourrit de lamelles de peau et d’autres débris organiques, particulièrement les selles riches en sang des puces adultes. Finalement, la larve tisse un cocon et se transforme en nymphe. La nymphe peut rester dans son cocon d’une semaine à un an. Une fois développés, les adultes émergent et partent à la recherche d’un animal hôte. Les adultes des deux sexes et de presque toutes les espèces ont besoin de sang pour subsister et se reproduire. L’accouplement a généralement lieu sur l’animal hôte. S’étant accouplée une seule fois, la puce femelle conserve des réserves de sperme avec lesquelles elle peut fertiliser ses œufs à volonté. La plupart des puces pondent leurs œufs en petits lots, ou couvées, et le nombre de couvées par année change énormément d’espèce en espèce. La puce du chat, ou Ctenocephalides felis, peut pondre près de deux douzaines d’œufs par jour pendant un mois.
Les jeunes adultes peuvent demeurer endormis dans le nid d’un hôte pendant un an ou plus, attendant de détecter un animal susceptible de leur servir d’hôte. En fait, quand on entre dans une maison vide où vivaient auparavant des animaux de compagnie porteurs de puces, il arrive que l’on voie des puces sauter soudainement du plancher. Ces puces précédemment inactives ont détecté un hôte potentiel (un humain), utilisant divers indices tels que des sons de basses fréquences, des vibrations et une hausse de la température et du taux de dioxyde de carbone.
Écologie
Quelques puces parasitent exclusivement certaines espèces animales, mais beaucoup sont moins exigeantes. Certaines espèces de puces, par exemple, peuvent être trouvées sur près de 30 espèces différentes. Cependant, certains mammifères sont les victimes potentielles de plus de 20 espèces de puces différentes. Environ 94 % de toutes les espèces de puces s’attaquent aux mammifères et seulement 5 % s’en prennent aux oiseaux. Au Canada, les chats, les chiens, les écureuils, les ratons laveurs, les moufettes, les écureuils fouisseurs et d’autres rongeurs sont tous des animaux qui servent couramment d’hôte aux puces.
Certaines puces interagissent avec leurs hôtes de façon hautement spécialisée. Par exemple, les puces femelles du lapin européen (Spilopsyllus cuniculi) ne produiront des œufs qu’après s’être nourries du sang d’une lapine enceinte, et ne s’accoupleront et ne pondront leurs œufs qu’après avoir bu le sang des lapins nouveau-nés. Cette interaction complexe est déclenchée par des hormones présentes dans le sang de la lapine enceinte qui, lorsqu’absorbé, envoie un signal indiquant aux ovaires de la puce femelle qu’il est temps de se développer.
Interactions avec les humains
La plupart du temps, les puces ne sont guère plus qu’une source de désagrément pour les humains. Cependant, le fait qu’elles se nourrissent de sang signifie que les puces sont les vecteurs potentiels de plusieurs maladies, tels le typhus murin, la tularémie, la maladie des griffes du chat, et, surtout, la peste bubonique. De nos jours, ces maladies sont des menaces mineures à la santé publique, et en général les conséquences d’une morsure de puce se limitent à des papules irritantes, le plus souvent gracieuseté d’une puce du chat ou du chien (Ctenocephalides canis et C. felis). Au Moyen Âge, cependant, la peste bubonique a causé la mort d’une bonne partie de la population mondiale. Le bacille responsable de la peste (Yersinia pestis) était principalement transmis des rats aux humains par la puce du rat orientale (Xenopsylla cheopsis). Par une adaptation ingénieusement perverse, le bacille de la peste bouche les voies digestives de la puce infectée. Donc, plus la puce tente de se nourrir, plus elle a des chances de régurgiter du sang infecté, passant ainsi l’infection à son hôte. De nos jours, la peste est normalement traitable par antibiotique, mais des éclosions se produisent encore dans certaines parties du monde. Quelques cas sont signalés chaque année aux États-Unis, où la peste est sans doute transmise par des puces qui avaient piqué des rongeurs. Au Canada, le dernier cas de peste chez un humain date de 1939, et seuls trois cas de peste affectant les populations de rongeurs ont été confirmés.
Comment se débarrasser des puces?
Pour les chats et les chiens domestiques, les puces adultes peuvent être efficacement enlevées de la fourrure à l’aide d’un peigne à dents fines, et sont plus faciles à repérer devant un fond de couleur pâle, comme une page blanche. Les infestations de puces peuvent être enrayées en éliminant d’abord les puces adultes, puis les larves et les nymphes. Plusieurs produits sont disponibles pour aider à l’élimination des puces adultes infestant les maisons ou les animaux de compagnie. Il est important de suivre attentivement les instructions sur l’étiquette afin de s’assurer que le traitement est à la fois efficace et sans danger. Les juvéniles peuvent être traités en nettoyant les litières régulièrement, en passant l’aspirateur ou en nettoyant à la vapeur les tapis et les meubles, et en nettoyant soigneusement les planchers et les plinthes, particulièrement autour des endroits où les animaux de compagnie ont l’habitude de dormir. Les produits contenant des substances qui retardent la croissance des insectes peuvent être utilisés pour empêcher les larves survivantes de devenir adultes, et pour éviter de nouvelles infestations. Pour tout traitement s’appliquant aux animaux de compagnie (oral ou topique), les propriétaires devraient toujours consulter un vétérinaire avant d’entreprendre le traitement.