Les pucerons sont de petits insectes au corps mou qui sucent la sève des plantes. Ils appartiennent à l’ordre des Hémiptères (Hemiptera) et au sous-ordre des Sternorrhyncha (avec les mouches blanches, les cochenilles, et les collemboles). Les pucerons sont issus de la famille des Aphidoidea, bien que plusieurs espèces des familles Adelgidae et Phylloxeridae soient également communément appelées pucerons. Plus de 5000 espèces sont connues dans le monde, dont plus de 800 peuvent être trouvées au Canada. Les pucerons sont apparus il y a au moins 250 millions d’années, mais la majeure partie de leur diversité actuelle est apparue au cours des 66 millions d’années passées, en parallèle avec les plantes à fleurs. Leur grand succès en tant que groupe en fait des insectes nuisibles et familiers aux jardins et aux cultures agricoles.
Description
Les pucerons sont de petits insectes au corps mou en forme de poire, avec de longues antennes fines et une paire de tubes dépassant à l’arrière de leur abdomen qui sont appelés cornicules. Leurs pièces buccales sont modifiées en une structure pointue en forme de bec qui perce les tissus végétaux et aspire les fluides. Ils mesurent jusqu’à 6 mm de longueur. Les pucerons sont souvent sous forme ailée ou sous forme dépourvue d’ailes au sein de la même espèce. Les pucerons ailés ont une large paire d’ailes frontales et une paire d’ailes postérieures plus petites et les ailes sont un peu veinées. Ils sont souvent de couleur verte, mais peuvent également être jaunes, roses, rouges, bleus, pourpres, bruns ou noirs. Certaines espèces sont appelées pucerons lanigères parce qu’ils produisent une substance duveteuse, blanche et cireuse qui recouvre leur corps.
Répartition et habitat
On retrouve les pucerons partout dans le monde, et ils se nourrissent de tous les types de plantes, mais ils sont plus nombreux et plus diversifiés dans les régions tempérées. Ceci est différent de la plupart des autres groupes d’organismes vivants qui comptent généralement plus d’espèces dans les tropiques que dans les régions tempérées. Cette tendance inhabituelle est peut-être due au fait que les pucerons sont inefficaces quand vient le temps de trouver leurs plantes hôtes. Bien qu’il y ait moins d’espèces de plantes dans les régions tempérées que dans les tropiques, elles ont tendance à être plus communes et plus répandues, les rendant ainsi plus faciles à localiser en moyenne. D’autres insectes suivant un modèle semblable incluent les mouches à scie et certaines autres familles de mouches.
Reproduction et développement
Les cycles de vie des pucerons peuvent être particulièrement complexes, car ils alternent entre la reproduction asexuée et sexuée, ainsi qu’entre différentes plantes hôtes. La plupart des espèces hivernent sous forme d’œufs fécondés qui éclosent au printemps, donnant naissance à des femelles dépourvues d’ailes. Celles-ci se reproduisent de manière asexuée (elles ne s’accouplent pas avec un mâle) et elles donnent naissance à une progéniture femelle vivante qui se développe de façon interne. Tout au long du printemps et au début de l’été, plusieurs courtes générations de femelles asexuées sans ailes peuvent apparaître. Lorsque la plante hôte devient surpeuplée, des femelles ailées commencent à apparaître et elles migrent vers une nouvelle plante. Ce cycle continue jusqu’à ce qu’une génération de femelles et de mâles ailés se reproduisant sexuellement apparaisse éventuellement vers la fin de l’été. Cette génération reproductrice migre vers de nouvelles plantes où elle s’accouple pour produire des œufs fécondés. De nombreux pucerons se nourrissent de la même espèce de plante hôte durant tout leur cycle de vie, mais chez certaines espèces, la première génération de femelles ailées migre vers une plante hôte alternative, où la reproduction asexuée se poursuit jusque tard dans l’été. Chez ces espèces, la génération qui se reproduit sexuellement migre vers l’espèce de plante hôte originale au printemps pour s’accoupler et pondre des œufs. Ces œufs fécondés hivernent ensuite, et le cycle se poursuit au printemps suivant.
Les générations asexuées de pucerons sont parmi les plus courtes générations de tous les insectes : seulement cinq jours au maximum. De plus, les femelles naissent avec la génération suivante se développant déjà en elles. Ceci signifie que les populations de pucerons peuvent se développer très rapidement et en grand nombre. Par exemple, un simple puceron a théoriquement le potentiel de produire plus de 600 milliards de descendants en une saison. Les pucerons peuvent également parcourir de grandes distances sur les courants des vents (jusqu’à 1300 km), ce qui leur permet de se propager rapidement et d’établir de nouvelles populations avec succès. Leur nombre est en général contrôlé par les variétés de prédateurs et de parasites.
Écologie
Les pucerons se nourrissent de la sève des tiges, des feuilles et parfois de la racine de plantes, en utilisant leurs pièces buccales en forme de bec pour percer les tissus végétaux et aspirer les fluides. Ils se nourrissent principalement d’un type de sève appelé phloème, qui est une solution riche en sucre mais pauvre en nutriments, et particulièrement pauvre en azote et en acides aminés essentiels. Ils arrivent à subsister avec un tel régime grâce à une bactérie intestinale bénéfique (Buchnera aphidicola) qui améliore la valeur nutritionnelle de la sève des plantes qu’ils consomment.
Alors que de nombreux pucerons se nourrissent à l’extérieur, de nombreuses espèces créent des galles. Les galles sont des excroissances anormales de tissu végétal dans lesquelles les pucerons vivent et dont ils se nourrissent. Ces galles, qui sont souvent visiblement déformées et décolorées, peuvent se former sur les feuilles, les bourgeons ou les pétioles des plantes hôtes des pucerons. Des exemples familiers de ces galles incluent la galle en crête de coq (causée par le puceron Colopha ulmicola) et la galle conique de l’épinette (causée par le Adelges abietis).
Les prédateurs des pucerons comprennent les coccinelles, les chrysopes, les sauterelles, les larves de syrphes et les variétés de guêpes parasitoïdes (plus particulièrement les braconides de la sous-famille des Aphidiinae) (voir Guêpe). Certains pucerons libèrent des phéromones d’alarme lorsqu’ils sont attaqués, faisant en sorte que les autres pucerons sur la même plante peuvent s’enfuir en se laissant tomber au sol.
Les pucerons produisent des excréments riches en sucre et en protéines appelés miellat, qui peut être recueilli par d’autres insectes, surtout par les fourmis. Ceci a comme résultat des relations mutuellement bénéfiques entre certaines espèces de pucerons et de fourmis; les pucerons fournissent de la nourriture tandis que les fourmis offrent de la protection, du transport et de l’abri, certaines d’entre elles transportant, dans certains cas, les œufs des pucerons dans leurs nids pour l’hiver.
Interactions avec les humains
Les pucerons sont d’importants insectes nuisibles pour les jardins et les cultures agricoles, surtout lorsque leurs populations augmentent. Les dommages causés aux plantes peuvent comprendre des feuilles déformées, enroulées ou flétries, un retard de croissance ou une croissance déformée, ainsi que la formation de galles. Comme ils se nourrissent en perçant les tissus végétaux, les pucerons peuvent également transmettre certains virus entre les plantes. Ils endommagent les diverses cultures commerciales comme les pommes, les courges, les melons, les fèves, les concombres, les betteraves, les pommes de terre et le chou. Leur miellat collant peut également devenir une nuisance lorsqu’il enduit les surfaces et les objets sous les plantes affectées.
Il n’est pas toujours nécessaire de contrôler les pucerons. En fait, ils peuvent même être une ressource précieuse pour d’autres insectes utiles, soit comme proies, ou pour le miellat qu’ils produisent. Lorsque nécessaire, il est possible de les contrôler en les surveillant ou les éliminant au début de la saison. D’autres méthodes de contrôle peuvent inclure l’usage d’un contrôle biologique, par exemple en relâchant des coccinelles et des guêpes parasitoïdes qui sont disponibles sur le marché (voir Guêpe). Les insecticides sont généralement déconseillés étant donné qu’ils tuent également les insectes utiles en même temps que les pucerons. De plus, ces derniers développent généralement une résistance aux insecticides commerciaux (voir Pesticides). Les petites infestations sur les plantes de jardins peuvent habituellement être gérées en pulvérisant les insectes avec une solution diluée d’eau et de savon.