Project Mémoire

Kathleen Griffith

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

La transcription en français n’est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter la transcription en anglais.
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Nous, les gens de la Trésorerie militaire, on avait belle apparence, on n’avait pas l’air exténué par la guerre, on donnait l’impression d’être vraiment capable de combattre les Allemands.

Et alors nous étions à Bradford [Angleterre], l’endroit où je suis née et où j’ai grandi, et j’ai été appelée sous les drapeaux, mais ils disaient que vous pouviez choisir et j’ai pensé que ce serait bien d’être infirmière. C’est romantique, et vous connaissez Florence Nightingale, se faire descendre en faisant de l’espionnage vous savez ce que c’est quand on est gamin. Bien évidemment, j’étais trop petite et trop menue pour devenir infirmière, je pesais moins de 45 kilos et faisais à peine un mètre cinquante, à peine… alors ils m’ont fait choisir entre aller dans les services de munitions, bon je pense que je n’aurais pas pu descendre à la mine comme les garçons, les Bevin Boys, mais j’ai pensé que ce serait bien de travailler à la Trésorerie militaire royale parce que je pensais qu’après la fin de la guerre je pourrais toujours y revenir, parce que vous avez toujours besoin d’argent et vous avez toujours besoin de comptables.

Alors je me suis engagée dans la Trésorerie militaire en 1942, et je n’en suis sortie qu’après la fin de la guerre, et pendant cette période on a fait différentes choses, par exemple le samedi on défilait dans les quartiers favorisés du Yorkshire, ou dans les alentours de notre garnison à Leicester et devant nous il y avait les Australiens, les Canadiens, et ainsi de suite, et après il y avait les filles, et qui faisaient-ils défiler celles qui étaient fraîches et disposes, qui avaient fière allure et autre, avec des uniformes impeccables, et même nos boutons brillaient, ils étaient en laiton, et c’était beaucoup de travail. Et vos chaussures étaient reluisantes, nous les gens de la Trésorerie militaire, on avait belle apparence, on n’avait pas l’air exténué par la guerre, on donnait l’impression d’être vraiment capable de combattre les Allemands.

Rappelez-vous, il n’y avait pas de lumière, quand la guerre a éclaté j’avais 15 ans, en fait j’ai eu 15 ans en décembre donc je n’avais que 14 ans quand la guerre a éclaté, et en Angleterre les parents ne vous laissaient pas sortir seule à cet âge-là, non, non, la nuit c’était vraiment, vous savez, vous ne sortiez que pendant les fins de semaine et c’était seulement pour aller à l’église et vous savez, ce qu’il y avait, un film par exemple. Alors tout ce que vous voyez c’est l’obscurité, après mes 14 ans, je n’ai plus jamais vu de rues éclairées ou alors on avait des lampes torches pour aller au cinéma, et une fois je suis allée au cinéma et c’était quelque chose comme le Portrait de Dorian Gray qui passait au Sundown, et la fin c’était toute l’histoire si vous voyez ce que je veux dire, vous savez ça conduisait à cette chose. C’était un mystère en tout cas, alors ils sont venus et ils ont dit qu’il y avait une alerte de raid aérien et maintenant on pouvait sortir du cinéma tranquillement, sans utiliser de lampe torche en quittant le cinéma parce que la lumière allait se refléter dans les avions qui arrivaient et ils étaient en train de larguer des bombes.

Et ils ont pensé que comme c’était une nuit brumeuse, ils pensaient que les Allemands étaient perdus, alors s’ils voyaient des lumières en bas ils allaient larguer leurs bombes. Bon, je suis partie du cinéma en pensant que je ferais mieux de rentrer à la maison pour m’assurer que mes parents allaient bien et quitte à mourir, au moins on mourrait tous ensemble, ou je pourrais peut-être apporter mon aide aux voisins avec les enfants.