Project Mémoire

Robert Faulkner

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Pendant la guerre de Corée, Robert Faulkner a servi dans les 1er et 3e bataillons du Royal Canadian Regiment. Ci-dessous, il fait référence de son temps avec le 3e bataillon sur la colline 187 et avec le 1er bataillon plus tôt en 1953. Sa vision de la guerre est toute en contraste, avec des moments de légèreté et le souvenir disparus.
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Les conditions dans les positions canadiennes sur la colline 159 en Corée.
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Propagande communiste visant les soldats des Nations Unies.
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Propagande communiste visant les soldats des Nations Unies.
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Un soldat canadien braquant un révolver de l’armée.
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Robert Faulkner à un événement du Projet Mémoire à Ottawa en Ontario. Août 2012.
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Propagande communiste visant les soldats des Nations Unies.
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Le soldat Robert Faulkner (en bas) avec les soldats McNeil (en haut à gauche) et O’Neil en Corée.
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Un char Sherman canadien sur la colline 187 en 1953.
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Propagande communiste visant les soldats des Nations Unies.
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Soldats canadiens avec une mitrailleuse légère Bren et des soldats du KATCOM (Korean Augmentation to Commonwealth) sur la colline 159 en juillet 1953.
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Et ce qu’ils faisaient c’est qu’ils tiraient deux obus de mortier et puis quand ils se fracassaient, ils en envoyaient un troisième. Donc après deux explosions, quelqu’un va se lever et partir en courant pour se trouver un meilleur abri et il arrive que le troisième vous tombe dessus.

La [colline] 187 est une espèce d’échine qui se poursuit jusqu’au no man’s land. Quand vous êtes au sommet de la 187, vous avez une bonne position parce que cette échine est assez longue. Et elle fait dans les 93 mètres au sommet et c’était là que se trouvait la compagnie Charlie et c’est l’endroit que la compagnie Dog (le 3e bataillon RCR) allait rejoindre, et on a passé un mois et demi sur cette position et on a été pratiquement anéantis aussi. C’était dur pour tout le monde.

Bon l’humour noir ça devient la routine parce que vous faites tout pour faire baisser la tension. Tout ce qui nous arrivait était prétexte à rire. Pas les blessures, mais un truc comme moi assis sur le trône, les latrines, et quand je suis revenu je tenais toujours mon pantalon et je suis arrivé en courant dans un bunker. On avait des rations et tout le monde s’en plaignait et c’est lui le cuisinier du jour. On cuisinait à tour de rôle. On mettait toutes les rations différentes, on les mettait toutes dans une gamelle qu’on avait, et on cuisinait ça et on ne peut pas se plaindre parce que c’est pareil pour tous. McCain, il regardait, il a dit : « On a entendu qu’il y avait des obus en chemin » et il m’a regardé et il a vu que je tenais mon pantalon. Vous courez jusqu’au bunker des munitions parce qu’il se trouve juste en face des latrines. Et ce qu’ils faisaient c’est qu’ils tiraient deux obus de mortier et puis quand ils se fracassaient, ils en envoyaient un troisième. Donc après deux explosions, quelqu’un va se lever et partir en courant pour se trouver un meilleur abri et il arrive que le troisième vous tombe dessus. Alors j’ai attendu le troisième dans le bunker et quand le troisième est arrivé… et ils procédaient toujours de la même manière. Et je me suis dépêché de rejoindre mon bunker, c’est là que McCain a rigolé. Il était en train de remplir son assiette. Les autres gars de la section mangeaient, il a placé son assiette sur sa couchette et il m’a servi, et il rigolait tellement qu’il s’est assis sur elle. Alors tout le monde s’est mis à rire parce que c’est le genre de truc idiot qui faisait tomber la tension. Ce qui m’était arrivé sur le trône, dans les latrines, et ils pensaient que c’était drôle, en fait ce n’était pas vraiment amusant, mais pour nous, si.

En janvier [1953], on était là-haut sur le Crochet. C’était une compagnie de réserve et on était à nouveau la compagnie de réserve, on servait souvent de réserve parce qu’il y avait sûrement plus de tués et blessés que dans n’importe quelle autre compagnie. Alors il a fallu qu’on fasse toutes les patrouilles de décembre, janvier, février et aussi nous occuper de tous les câbles quand ils sautaient sur le front. Et le 8 janvier, on faisait cette patrouille. Il y avait un tertre qui partait de la position, la position des Chinois, et quelqu’un a repéré de la lumière par là, en alternance, alors ils ont voulu se renseigner. Et on était avec la compagnie « Dog », on s’est occupés de la patrouille. On s’est divisés, pas tout les gens de la compagnie « Dog » étaient de sortie, mais on était une trentaine et on s’est divisés en deux sections. J’étais dans l’une et mon copain [Bernard Ancel] « Newfie » MacDonald, il était là. Et notre section c’était la cavalerie. S’ils avaient des problèmes, on allait à la rescousse. Et la manière dont ça se passait toujours c’était, il y avait un barrage de cinq minutes sur cette position, et alors MacDonald et ceux qui étaient avec lui balayaient la colline pour voir ce qu’il y avait dessus, ensuite ils se retiraient et il y avait un barrage de trois minutes pour couvrir leur retraite. Donc on est tous de retour, on se sentait bien, il ne s’était pas passé grand-chose et on était plutôt contents. Tout le monde papote et on avait une bouteille de rhum, tout le monde en boit une goulée et puis quelqu’un dit : « Newfie, on ne t’entend pas aujourd’hui. » Parce que c’était un bavard et il me faisait toujours tellement rire avec ses histoires, un Terre-Neuvien pur souche. C’était un conteur et il racontait des blagues. Il était d’un village isolé, un port isolé, ils les ont éliminés. Ils les ont fermés. Alors on était tous là et tout à coup, pas de Newfie. On a vérifié et attendu et le lieutenant qui commandait la patrouille a fait un appel à la radio : « Il nous manque un homme. Est-ce qu’on doit aller le chercher ? » Et ils ont répondu : « Non parce que vous risquez de tomber dans une embuscade parce que – sur le retour. Il s’est peut-être perdu et il va retrouver son chemin. » Jamais et on pense qu’il a été pris dans le barrage en partant, il a peut-être tourné au mauvais endroit, ou quelque chose comme ça parce qu’à ma connaissance son corps n’a jamais été retrouvé.