Project Mémoire

Eloie Durrell

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Eloie Durrell et ses frères servirent dans les forces armées. Venant d’une famille de boxeurs, M. Durrell était en Corée après l’armistice signé en juillet 1953. Il raconte ses expériences là-bas, notamment de sa participation à un tournoi de boxe.
Eloie Durrell
Eloie Durrell
Eloie Durrell lors d’un événement organisé par le Projet Mémoire à Miramichi dans le Nouveau-Brunswick en novembre 2012.
Eloie Durrell
Et, les temps étaient durs à l’époque. Et alors on a décidé, les quatre frères, on a décidé de s’enrôler dans les forces armées.

On était pêcheurs, on était bûcherons. Et bien sûr, on était une famille de boxeurs de la Baie-Ste-Anne au Nouveau-Brunswick.

Et, les temps étaient durs à l’époque. Et alors on a décidé, les quatre frères, on a décidé de s’enrôler dans les forces armées.

On a quitté Petawawa. On a pris le train en Ontario. Et c’était un transport de troupes. Et on a fait le voyage de Petawawa à Seattle. Et on a pris le bateau à Seattle, le [USNS] Marine Lynx, et on a passé 21 jours en mer, jusqu’à notre arrivée à Pusan [Corée].

Notre mission c’était – on était dans l’artillerie, on était des artilleurs. Et, on devait se tenir prêts 24 heures sur 24, au cas où il se passe quelque chose, et heureusement ça n’a pas été le cas.

J’ai fait deux combats en Corée, deux combats de boxe en Corée. Bon, un jour j’étais – on était en très bonne forme physique à l’époque, on était jeunes et forts et on se fichait pas mal de tout ce qui se passait. Alors, on est monté en haut de la colline jusqu’à notre camp. Et puis j’ai entendu un nom en bas au quartier général. « On m’a dit que vous avez un Durrell ici. » C’était un Anglais qui parlait. Le sergent-major, évidemment, c’était M. Nobby Clarke : « Oui, on a bien un Durrell ici. » Bon, on a commencé avec un match de boxe pour le Commonwealth, ça arrive, alors on voudrait qu’il participe.

Alors ils m’ont appelé en bas de la colline. Et il a dit : « Prépare-toi, tu vas boxer. » Quoi qu’il en soit, ils m’ont fait monter dans une jeep et ils m’ont amené là-bas et on a passé trois jours là-bas, et ensuite le tournoi de boxe a commencé. Et comme j’étais – j’avais déjà fait quelques combats en professionnel ici au Canada, donc je n’ai pas fait les présélections, seulement l’événement principal, pour le championnat. J’ai combattu contre M. – un Anglais, M. Dougherty. Et il commençait à être assez brutal avec moi. Alors il a fallu que je me débarrasse de lui dans le deuxième round. Et, ça a été la fin de ce combat – et après on s’est battus, ils se sont arrangés pour que je me batte contre M. Johnson de la 3e armée américaine.

Et l’arbitre qui arbitrait ce combat, pour le Commonwealth, c’était M. Dougherty. Il arbitrait ces combats ici, aux États-Unis.

Et chaque fois qu’on faisait un accrochage, quand il disait « break », au lieu de reculer, il m’attrapait à la gorge. Mais il ne m’aimait pas trop de toute façon, je crois. Faut dire que c’était un Anglais. Et, « break », je lui ai dit : « Ne recommence pas. Fous la paix à ma gorge. » Et la fois suivante où on s’est accrochés, il m’a encore attrapé. Alors je me suis retourné, j’ai laissé M. Johnson et je m’en suis pris à l’arbitre. Donc j’ai été disqualifié.