Project Mémoire

Ellsworth Hutchins

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ellsworth Hutchins servit dans le 2e bataillon du Black Watch (Royal Highland Regiment) du Canada en Corée de fin 1953 à 1954. Malgré l’arrêt officiel des combats après l’armistice de juillet 1953, les deux côtés sont restés sur le qui-vive prêts à recommencer les combats et le danger était toujours aussi présent qu’entre 1950 et 1953.
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Soldats canadiens jouant au volley dans un camp. La Corée, 1953-1954.
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Jeeps et Universal Carriers (véhicules blindés légers) dans un parc de véhicules canadien. La Corée, 1953-1954.
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Un soldat tenant un crâne portant le béret et l’insigne de coiffure du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. La Corée, 1953-1954.
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Véhicules semi-chenillés M3 dans un parc de véhicules canadien. La Corée, 1953-1954.
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Travailleurs coréens travaillant dans une rizière. La Corée, 1953-1954.
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Soldats du Black Watch (Royal Highland Regiment) du Canada en Corée, 1953-1954.
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Ellsworth Hutchins devant un panneau indiquant le 38e parallèle en Corée.
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Donc j’ai parcouru la moitié du chemin et il attendait toujours debout là-bas sur la route et il a hurlé, il a dit : « Tu es dans un champ de mines. »

Les Princess Pats,* on les a remplacés. Ils disaient que ça allait recommencer, que ça ne tiendrait pas. Alors… On est montés dans nos lignes, j’étais dans une compagnie d’appui, un peloton antichars, et j’avais quatre semi-chenillés, un ¾ de tonnes, et une jeep. Et, l’officier m’en avait confié la responsabilité, et de trente et quelques hommes aussi. On partait en patrouille à tour de rôle la nuit. On partait à la nuit tombée, juste quand la nuit tombait, et on rentrait de jour. Il fallait aller en territoire ennemi, vous savez.

On est restés là-bas à peu près, une semaine, je pense, deux semaines peut-être ou quelque chose comme ça. Et ils nous faisaient sortir la nuit, et ils avaient de gros projecteurs, qui plongeaient sur la Corée du Nord, et on a bien cru que la guerre allait recommencer, les tirs, alors, ils nous ont tous fait retourner à toutes vitesse dans nos tranchées. On y a passé toute la nuit et le lendemain on est repartis dans nos tentes.

On montait la garde à tour de rôle – il y avait un poste avancé, pour la compagnie d’appui, là-haut sur – vers la tranchée. Et, deux gars devaient monter là-bas et ils restaient du matin jusqu’au soir. Et après on rentrait… et il y avait une ligne en travers. Il y avait trois lignes, trois lignes blanches. On appelait ça la bande. Et elle allait d’un côté de la Corée à l’autre. Et la bande du milieu, c’était le no man’s land. Si on allait sur notre première, et ensuite jusqu’à la deuxième, c’était bon là dedans, mais si vous dépassiez ça, vous savez, ce n’était plus le no man’s land, et on vous tirait dessus. Et, un Chinois qui arrivait par là, s’il rentrait là, vous savez, il était celui qui, et la deuxième, ensuite ils pouvaient lui tirer dessus. Et par deux fois, j’ai tiré sur quelqu’un. Mais on ne tirait pas pour les tuer, vous tiriez derrière – j’ai tiré sur un gars, une fois, et il remontait en courant sur la colline, et on pouvait voir la poussière se soulever là où les balles tombaient derrière lui.

Avec un autre gars juste avant qu’on rentre au pays, on est descendus à la compagnie Dog, pour rendre visite à un ami de Dingby [Nouvelle-Écosse] juste par ici, oh, à sept ou huit kilomètres de là où je suis maintenant. Mais je ne l’ai pas revu depuis que je suis rentré. Je ne sais pas s’il est vivant ou mort. Mais, en tout cas, on est allés lui rendre visite. Une semaine avant notre retour il me semble. Alors en rentrant – ensuite, il fallait qu’on monte en haut d’une colline pour arriver à l’endroit où… C’est que des collines là-bas, alors on marche dans la vallée, la route. Quoi qu’il en soit, il y avait une rizière, et autre. En tout cas, j’ai dit à cet autre gars,  je lui ai dit : « Je vais prendre un raccourci – prenons un raccourci pour traverser. » Vous savez, « on monte en passant par la colline pour ne pas avoir à prendre la route tout du long. » Donc j’ai parcouru la moitié du chemin et il attendait toujours debout là-bas sur la route et il a hurlé, il a dit : « Tu es dans un champ de mines. » Mais le lendemain, j’ai pris le ¾ de tonnes et j’ai roulé jusqu’à l’endroit où il se trouvait. Et ce qui m’a sauvé, les mines étaient bien rondes – je ne sais pas si vous avez déjà vu des mines ou pas. Mais, le gravier ou la boue, et la terre et les trucs, c’était tout parti, et en marchant je pense que… voyez, si elles avaient été enfoncées dans la terre, et recouvertes, j’aurais pu marcher sur l’une d’entre elles et j’aurais sauté. Mais en fait, elles étaient toutes déterrées, la terre avait été balayée, alors, je ne pouvais pas poser le pied dessus à moins de lever mon pied vraiment haut, comme ça. Mais je pense, vous savez, c’est ce qui m’a sauvé.

*Le régiment Princess Patricia’s Canadian Light Infantry