Je m'appelle Paul Métivier. Je suis né le 6 juillet 1900 à Montréal. Je suis allé à l'école primaire seulement. J'ai commencé à travailler à 12 ans. À 16 ans, je me suis enrôlé pour aller à la guerre qui sévissait dans ce temps-là. Ça avait commencé en 14. En 1917, j'ai été obligé de mentir, j'avais 16 ans. Je n'avais pas encore mes 17 ans malgré que j'aie eu mes 17 ans en juillet et je me suis enrôlé au mois de mars. On s'est enrôlé à condition qu'ils nous envoient le plus vite possible. On ne voulait pas que la guerre finisse avant qu'on soit là. Après une couple de semaines ils nous ont envoyés. On a pris plus de deux semaines pour traverser l'océan. Et puis on est arrivé à Liverpool, de là on est allé à un camp à Shorncliffe, près de la Manche. Il y avait des baraques là. Là on a été entraîné à monter à cheval, à sauter des clôtures, à aller au trot. Le 9 avril, on est arrivé quand Vigny a été pris. Les Canadiens ont gagné la bataille de Vigny le 9 avril. On était en Angleterre et on a senti la terre trembler dans le temps qu'il y avait des gros barrages de canons. Au mois de juillet mon entraînement était fini, j'ai été envoyé en France. J'avais le soin de deux chevaux et j'apportais des munitions à l'infanterie, je déménageais les canons quand il fallait, des fois sous le feu des canons. Des fois, la nuit, on avait toujours des hommes, des sous-officiers qui nous conduisaient, qui nous montraient où aller, et souvent on avait le moins d'information possible. On ne savait pas comment la guerre allait. On ne voyait pas souvent de journaux. J'ai servi 20 mois dans l'armée. Ils ont découvert mon âge. Ma mère a demandé qu'ils me laissent aller parce que je n'étais pas encore en âge d'aller au front. J'étais à Paris au printemps 1918. J'ai vu des avancées de guerre sur Paris quand les Allemands ont fait une avance ce mois-là et puis le monde était en panique. D'un village près de Paris, dans la rue on voyait des foules qui s'en allaient avec un bébé, avec un trésor ou quelque chose qu'ils voulaient sauver. Il y en a même qui avait une cage avec un oiseau dedans. Une aventure ça aussi. À mon retour après le congé de Paris, j'ai écrit à ma mère. Sans doute que mon moral parlait de ça, que je retournais à la saleté et la méchanceté de la guerre, c'est là que ça l'a poussée à aller voir son membre du parlement et demander qu'on me laisse aller. Ils m'ont ramené en Angleterre et en Angleterre ils m'ont mis dans un bataillon qu'on appelait le Boy's Batallion, et ils ont mis des insignes rouges sur nos manches pour montrer qu'on était trop jeune. Alors moi qui avait fait le combat pendant presque un an de temps sous le feu des Allemands, je ne pouvais pas prendre un verre de bière ou un verre de vin parce que j'avais ces tâches rouges.
Je suis revenu et je me suis marié avec une jeune fille qui habitait à côté de chez nous. Je la connaissais depuis qu'elle avait dix ans. Puis je me suis placé dans la cartographie, je travaillais pour le gouvernement pour faire des cartes géographiques du Canada. Je l'ai demandée en mariage puis je l'ai amenée avec moi : je m'ennuyais à Ottawa, tu sais. Et puis je l'ai gardée 72 ans. Pendant la deuxième guerre je travaillais pour le gouvernement dans la cartographie. Je faisais des cartes pour leur montrer leurs cibles et pour qu'ils les trouvent facilement. Le plus vieux de mes enfants c'est un garçon et à l'âge de 20 ans, en 1942, il a disparu dans une patrouille en chassant des sous-marins. Il était dans un avion, il chassait des sous-marins, il était un « wireless air gunner ». Les avions, lui-même il disait qu'entre eux-autres ils appelaient ça des « flying coffins », un Whitley. C'était des avions qui n'étaient pas rapides. Ils n'avaient pas grandes chances des fois quand ils combattaient contre des Allemands. J'ai 102 ans. Je me sens encore assez bien.