Project Mémoire

Miriam Mitchell

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Auparavant une enseignante de première année, Miriam Mitchell s’est jointe aux Corps de la Croix-Rouge canadienne. Elle s’est portée volontaire pour aller outre-mer et a été postée à Londres en juin 1943. Elle a travaillé à la cantine BC, qui fournissait de la nourriture et des breuvages chauds aux soldats en congé. Puisque la cantine était située au centre de Londres, les bombardements aériens ennemis étaient une menace constante. 

Miriam Mitchell
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Tout d’abord, je suis allée outre-mer en juin 1943 alors que j’avais 23 ans. J’enseignais à la première année. J’avais une formation d’enseignante et j’ai fait la première année pour, je crois, un an et j’ai ensuite commencé la formation pour - j’avais entendu parler de la Croix-Rouge et j’avais commencé à le faire de soir. Éventuellement, j’ai donc laissé tombé l’enseignement et j’ai eu l’appel pour aller outre-mer.

J’aimais l’idée qu’il s’agissait de volontaires. Et je connaissais deux femmes qui avaient fait ça. Elle étaient formées le soir au gymnase de l’école secondaire locale, c’est là qu’elles faisaient leur formation. Alors j’ai suivi et j’ai fait ça. Il y avait une trentaine de nous.  Mais tout le monde ne désirait pas aller outre-mer, c’était des volontaires. Tu pouvais donner ton nom pour y aller.

Nous avons été accueillies à la station. Nous nous sommes regroupées près du général de division (à la retraite) Price, de Montréal (Québec) qui, pendant un certain temps, était à la tête de la Croix-Rouge à Londres (Angleterre). C’était un général à la retraite. Fait intéressant, il avait deux filles dans la division, dans la Croix-Rouge. 

Donc, le plus grand groupe était à Corps House, qui est éventuellement devenue trois maisons jointes ensemble. Donc j’imagine que la première nuit nous sommes allées à Corps House. Mais les femmes qui allaient faire partie de différents clubs canadiens - il y avait des clubs d’officiers, des clubs ONC (officiers non-commissionnés) et des clubs privés - elle se sont séparées. Et c’était majoritairement des maisons qui avaient été saisies et transformées en un club où quelqu’un venant du sud de l’Angleterre, où il avait fait sa formation militaire, pouvait venir à Londres pour quelques jours pendant un congé et habiter.       Ils y avaient une chambre et des repas leurs étaient fournis. Cela leur donnait une pause. Ce qui est assez drôle, c’est que je me souviens d’une fois où, dans l’apogée des bombardements, un soldat était venu dans la cantine et m’avait dit : « Et bien, je vais être heureux de retourner dans mon unité, Londres, c’est beaucoup trop dangereux ! »

Dans la pire période, les bombardiers passaient au-dessus à toutes les nuits. Et il y avait les silencieuses, les V-2 (bombes volantes). Elles n’y avait pas d’humain à bord. Vous en avez probablement entendu parler. Et ces choses arrivaient d’Allemagne et étaient programmées pour être lancées à une certaine heure qui les enverraient au-dessus de Londres. Nous avons toujours dit que tout était correct tant que tu pouvais entendre les moteurs, et une fois que le moteur était éteint et qu’il n’avait plus de son, cette chose, comme un avion, tombait et explosait. C’étaient les V2. 

 

Et il y avait des bandes dessinées dans Punch.  Tout le monde essayait d’alléger ce qui se produisait. Et je me rappelle d’un homme assis à la table qui dit à son valet : « Un autre morceau de pâté de poisson, Jeeves, avant que le bourdonnement ne cesse ». Ce qui signifiait, vous savez, avant que tout explose et que tout ne saute dans les airs, il prendrait un autre morceau de pâté. 

 

Une autre fois, il y avait un raid très sévère à Londres et ils se produisaient généralement la nuit. Et nous entendions les bombes, très près. Après le feu vert, nous voulions aller dehors voir les dommages parce que nous savions que c’était près du Corps House à Kensington. Et lorsque nous allions à l’extérieur, les rues étaient couvertes de verre. Et c’était comme marcher sur de la glace, c’était épais de plusieurs pouces. Et nous marchions dehors et constations que nous l’avions échappé de justesse.  Une maison à quelques maisons de la nôtre avait toute sa façade arrachée. Elle était dans le milieu de la route. La maison était éventrée et nous pouvions voir les cinq étages et les cinq pièces.   Et dans une des pièces, une robe volait dans le vent, accrochée sur un cintre. C’était une vision étrange.

 

Chaque jour, par exemple, on nous disait : « Vous êtes aux tables », ce qui signifiait que tu devais ramasser les assiettes et nettoyer les tables - c’est devenu ma tâche. Ou tu pouvais être au café, tu devais faire le café. Il y avait une cafetière. Et peler les pommes de terre, c’était une grosse affaire.

 

Je devrais mentionner ceci, parce que Mary trouve que c’est une bonne histoire. Nous offrions des bagatelles, bien sûr, pour dessert. Et nous essayions toujours de les avoir en main, prêtes, avant le temps, vous savez, que le repas débute. Et il y avait une petite pâtisserie sur Regent Street, derrière un bâtiment, et c’était très miteux mais quelqu’un avait décidé que c’était là que nous allions nous procurer la bagatelle. Et vous ne croirez pas ça, mais nous avions une valise qui ne servait qu’à aller à la pâtisserie pour ramasser le gâteau, une énorme dalle qui rentrait dans la valise, pas de papier, pas de sac de plastique. Et nous la ramenions. Mais nous aimions cette tâche car cela nous permettait de sortir de la cantine et de marcher, et c’était plaisant. Mais lorsque venait le temps de couper le gâteau et de faire la mise en place avec la crème anglaise Bird’s, c’était plutôt répugnant. Mais dans le gâteau, on trouvait des trucs comme des élastiques, et d’autres choses étranges, un peu de fil y avait été échappé. Ces choses étaient dans le gâteau.

*Magazine hebdomadaire britannique humoristique et satirique