Adam J. Bardach (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Adam J. Bardach (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Adam J. Bardach a servi dans l'armée polonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a participé à la bataille de Scapezzano et s'est vu décerner la Croix polonaise de la vaillance pour ses actions. Veuillez lire et écouter le témoignage d'Adam J. Bardach ci-dessous.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


L'Institut Historica-Dominion
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Adam Bardach à Ottawa, Ontario, le 8 novembre 2010.
L'Institut Historica-Dominion
On a réussi à traverser la frontière roumaine et ensuite on a été évacué au Moyen-Orient où, deux ans plus tard, je me suis engagé dès que j’ai eu 18 ans.

Transcription

Je suis né en Pologne. J’ai vécu en Pologne jusqu’en 1939. Quand la guerre a éclaté, j’avais 16 ans, alors ma mère et moi nous avons quitté la ville. On a réussi à traverser la frontière roumaine et ensuite on a été évacué au Moyen-Orient où, deux ans plus tard, je me suis engagé dès que j’ai eu 18 ans. J’ai servi dans l’armée polonaise au Moyen-Orient au départ et puis à travers, à nouveau le Moyen-Orient, Irak, puis l’Égypte et l’Italie. Aussi, j’étais en route pour Tobrouk (un port dans l’est de la Lybie), mais à ce moment-là, le bateau pour Tobrouk est tombé et on n’a pas fait le voyage. J’ai terminé la guerre avec le grade de major. J’ai un certain nombre de décorations, mais j’ai la chance d’avoir survécu. J’ai participé, au début j’étais dans le régiment antichar (33ème régiment de l’artillerie polonaise) ; et après la bataille de Monte Cassino (en Italie), on a pris le relais des canadiens. On a suivi à peu près le même chemin que les troupes canadiennes en Italie. On est allés à Ancône (ville sur la côte est de l’Italie). J’étais présent pendant la bataille d’Ancône, du fleuve Sangro, de Monte Cassino et la dernière c’était Bologne.

Après Bologne j’ai été malade et je me suis retrouvé à l’hôpital et ensuite on m’a transféré, après l’hôpital, dans le régiment qui venait d’être formé le 3ème régiment de lanciers polonais, où j’ai été promu officier. J’étais dans le régiment antichar et la partie intéressante c’est qu’on avait deux canons (antichars) de 17 livres qui pesaient dans les 2,5 tonnes chacun ; et on les a démontés, on s’est portés volontaires pour les monter de nuit en les portant sur le dos et on les avait parqués sur la colline qui avait un numéro, le 324 (colline du monastère), à moins d’un kilomètre du monastère. On a tiré sur le monastère pendant plusieurs jours ; et on a fait un certains nombre de trous dans les murs du monastère. Ce n’était pas aussi facile qu’il y paraît parce que les allemands avaient leurs canons braqués en permanence ; et on avait une petite distance à parcourir entre l’abri et les canons, donc on tirait cinq ou six fois, on revenait en courant jusqu’à l’abri et puis les allemands nous bombardaient violemment. Alors c’était la partie la plus difficile dans tout ça parce que vous ne saviez jamais quand les allemands allaient commencer parce qu’ils bombardaient au hasard. Alors de toute façon, ça a été la partie la plus dure.

Après Monte Cassino, on est partis vers le nord-est et on a participé à la bataille de Scapezzano où j’ai reçu la médaille (polonaise) de la bravoure. On a eu plusieurs chars, deux chars allemands, et c’est pour ça que j’ai reçu une médaille. Donc après l’hôpital, que j’ai mentionné tout à l’heure, pendant la bataille de Bologne, j’ai été transféré dans le régiment de cavalerie blindée comme spécialiste antichar ; et j’ai eu mon grade d’officier en entrant, en arrivant dans le régiment. Et pour finir, je suis devenu l’adjudant du régiment (officier d’état-major, assistant du commandant) et voilà plus ou moins toute ma carrière dans l’armée. Je n’oublierai jamais le jour où le sergent major de la compagnie est arrivé en courant vers moi et a dit, le commandant veut te voir sur le champ. Je l’ai regardé, pourquoi, qu’est-ce qui s’est passé ? Il ne pipait mot. Je suis entré, le commandant a dit, avez-vous déjà remplacé l’adjudant ? J’ai répondu, non mon commandant. Savez-vous ce que fait un adjudant ? Non, mon commandant. Vous prenez vos fonctions dans une heure, félicitations. (rire) C’est comme ça que ça s’est passé. (rire) Donc, en un instant, de lieutenant je suis devenu le capitaine le plus haut placé dans le régiment. J’ai habité en Grande-Bretagne après la guerre et je suis venu au Canada en 1952.