Aileen Hanger a servi dans le Service féminin de l’Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Le Centre d’instruction A6 (Corps canadien du génie) [camp Chilliwack, Colombie-Britannique] était utilisé pour l’expédition et le départ à l’étranger des hommes; c’est là qu’ils avaient leur instruction, construisaient des ponts et tout ce genre de choses. Le colonel responsable du camp du centre d’instruction n’était pas très enthousiaste à l’idée d’avoir des femmes dans son camp. C’était un vieux soldat de la Première Guerre mondiale et il n’était tout simplement pas content de penser que des femmes allaient envahir son centre d’instruction. Mais il s’est vite rendu compte qu’il devait compter sur les femmes pour effectuer les tâches, car les hommes de catégorie A étaient envoyés à l’étranger en guise de remplacement. C’est ainsi qu’il a finalement décidé d’accepter les femmes dans le camp. L’autre centre d’instruction, destiné aux officiers d’infanterie, avait été fermé. Je suppose qu’il était déménagé ailleurs. Quoi qu’il en soit, le jour où nous sommes allés dans l’autre camp, ce même officier m’a fait visiter les lieux et m’a présenté aux sergents d’état-major et aux sergents-majors. Nous nous entendions très bien, car il savait qu’en me demandant mon opinion, il aurait la vérité et pas nécessairement ce qu’il voulait entendre, alors que d’autres militaires de rang inférieur lui auraient dit ce qu’ils imaginaient qu’il voulait entendre. Quoi qu’il en soit, c’était un homme très intelligent. Lorsque nous étions stationnés aux Pays-Bas, l’armée avait pris possession d’un endroit appelé Apeldoorn et avait confisqué certaines maisons habitées par des Néerlandais qui n’étaient pas fidèles à leur pays [des collaborateurs]. Il y avait un superviseur pour chacune des maisons dans lesquelles nous étions logés, et comme elles étaient de taille différente, le nombre de soldats différait d’un cas à l’autre. On ne parle pas de 25 soldats par maison. La maison dont j’étais responsable en comptait en fait 150, et c’était l’une des plus grandes. J’avais la tâche de faire régner l’ordre et la discipline. Nous allions dans un autre établissement pour nos repas, soit le mess des sergents. C’est là que j’ai fait connaissance de mon mari, qui était canadien. Je disais avant qu’être sergent-major peut être un travail solitaire parce qu’on est en position d’autorité. Mais, d’un autre côté, j’ai toujours dit qu’on pouvait juger, mais qu’il fallait être juste dans ses jugements. Oui, il y a des gens qui sont plus difficiles d’approche que d’autres, mais, dans l’ensemble, je m’entendais assez bien avec les filles. Je ne me souviens pas avoir eu de véritables ennuis.