Project Mémoire

Albert Waddington (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, le Projet Mémoire a interviewé Albert Waddington, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) qui suit est un extrait de cette entrevue. De 1941 à 1945, Albert Waddington a servi dans le Royal Air Force Regiment; il a ensuite servi dans le Queen’s Own Cameron Highlanders avant d’être libéré en 1947. Albert Waddington est né le 11 octobre 1923 à Édimbourg, en Écosse, et il s’est enrôlé dans les forces armées britanniques à l’âge de 18 ans. En tant qu’artilleur au sein du régiment de la RAF, il a contribué à défendre le Royaume-Uni contre les attaques des avions allemands et des missiles V1. Dans son témoignage, Albert Waddington décrit son service dans la RAF et l’armée britannique. Il explique également comment ses fonctions ont changé en raison de sa perte auditive, et il partage ses expériences de « flashbacks » et de troubles du sommeil liés à son service en temps de guerre. Albert Waddington a immigré au Canada avec son fils en 1986 et s’est installé à Milton, en Ontario.

Le saviez-vous?
Les recherches suggèrent que les soldats, en particulier ceux qui ont été employés dans les équipes d’artillerie, sont vulnérables aux traumatismes crâniens en raison de leur exposition à la surpression de l’explosion.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Albert Waddington
Albert Waddington
Albert Waddington en 1942 alors qu'il était dans l'Aviation Royale.
Albert Waddington
Albert Waddington
Albert Waddington
Portrait d'Albert Waddington en 1941, peu de temps après s'être engagé dans l'Aviaion Royale.
Albert Waddington
Albert Waddinton
Albert Waddinton
Certificat de démobilisation des Queen's Own Cameron Highlanders delivré à Albert Waddington.
Albert Waddinton
Albert Waddington
Albert Waddington
Photo de l'Escadron 2761 de l'Aviation Royale pendant leurs Classes à Filey, Yorkshire en Angleterre. Albert Waddington (3<sup>ème</sup> à gauche) s'est porté volontaire pour être mitrailleur aérien.
Albert Waddington
Albert Waddington
Albert Waddington
Portrait d'Albert Waddinton à Edimbourg, Ecosse en 1946, peu de temps après qu'il se soit engagé dans les Queen's Own Cameron Highlanders.
Albert Waddington

Transcription

Je pensais devenir mitrailleur arrière, mais la RAF [Royal Air Force] a commencé à défendre ses aérodromes parce que ça faisait partie du travail de l’artillerie à l’époque. On a donc créé le régiment de la RAF. À notre première affectation, nous sommes allés à l’aérodrome [RAF St. Mawgan] Newquay, en Cornouailles, et nous y sommes restés environ 12 mois, puis nous avons été affectés aux canons Bofors [antiaériens]. De là, nous sommes allés à l’aérodrome [RAF] Manston, un grand aérodrome dans le Kent, où il y avait tous les bombardiers. Nous étions donc dans le périmètre, assez loin de l’aérodrome. De là, nous sommes allés à différents endroits. Lorsque les Allemands ont cessé d’arriver avec leurs avions, ils ont commencé à envoyer leurs bombes volantes [Vergeltungswaffe-1]. On les appelait aussi bombes-robots. On nous a donc placés sur une île où il n’y avait qu’une ou deux fermes, une grande île. On a pris la batterie et chargé les canons, et il y en avait quatre en ligne et quatre derrière, et quatre autres derrière encore. C’était sur l’île, on essayait d’empêcher les bombes volantes de parvenir à Londres. Nous y sommes restés quatre ou cinq mois. Le sergent nous donnait nos rôles sur les canons : un sur le côté, numéro deux, numéro trois sur l’autre, un qui le montait, un autre, moi, qui le déplaçait. Puis un homme activait le tout avec son pied et d’autres arrivaient avec les munitions. C’est tout, nous tirions et tirions. Je suis sourd d’une oreille parce que nous ne portions pas de bouchons d’oreille et qu’il fallait écouter les instructions du sergent. L’oreille en question était à côté du canon et je n’entends plus rien de ce côté. L’autre va bien. Ce n’était pas facile pour les opérateurs des canons : pas d’électricité ni de radio ni rien d’autre, seulement les soldats livrés à eux-mêmes dans la nature. S’il fallait partir, le camion-citerne arrivait avec de l’eau, une fois tous les trois ou quatre jours, et on se lavait à l’eau froide. Ce n’était pas une douche. Il fallait se rendre dans la section principale de l’aérodrome pour prendre une douche, à environ une demi-heure de marche. Donc les douches n’étaient pas fréquentes. On se lavait à l’eau froide à l’extérieur. C’était vraiment difficile. Il y a eu le jour J, puis les Allemands ont cessé de venir. Ils ont continué à envoyer des bombes volantes, mais par la suite, ils [la RAF] ont dit qu’ils ne voulaient plus de nous et qu’ils allaient nous transférer dans l’armée. Oui. Lorsqu’on nous a demandé quel régiment, nous en donnions un, mais ils faisaient à leur tête. On m’a donc mis dans le Queens Own Cameron Highlanders. Je me suis entraîné avec eux et puis on m’a dit qu’on allait me laisser à la caserne vu que j’étais sourd d’une oreille. J’ai donc trouvé un emploi dans la caserne et j’y suis resté jusqu’à la fin. J’avais un bon travail. Je m’occupais de la salle de jeux. Je nettoyais les NAFFI [Navy, Army and Air Force Institutes : établissements récréatifs des forces armées britanniques] une fois le matin et une autre fois après leur pause. C’était ma tâche. Puis on m’a mis responsable de la salle de jeux. Il y avait deux tables de snooker et j’en faisais l’entretien. Quand tout s’est arrêté, il m’a fallu beaucoup de temps pour m’en remettre. C’est vraiment difficile de se refaire une petite vie après quatre ans. J’ai encore de vifs souvenirs. Je me réveille la nuit. Les événements reviennent se bousculer dans ma tête. Puis je m’assois sur le canapé pendant une heure, je me recouche et je me rendors. Et tout se remet en place. C’étaient les meilleurs jours de ma vie, vraiment. C’étaient mes meilleurs jours, mais je n’aurais pas dû les passer là-bas. On perd une partie de sa vie dans les forces armées.