Alec MacInnis (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Alec MacInnis (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

« Les guerres font beaucoup de victimes chez les enfants. Nous devons trouver le moyen de résoudre nos problèmes sans tueries sur des champs de bataille où peuvent périr des innocents. »

Pour le témoignage complet de M. MacInnis, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Alec MacInnis
Les guerres font beaucoup de victimes chez les enfants. Nous devons trouver le moyen de résoudre nos problèmes sans tueries sur des champs de bataille où peuvent périr des innocents

Transcription

Je m’appelle Alec MacInnis. Je me suis enrôlé en 1939 dans le West Nova Scotia Regiment. Envoyé outre-mer, j’ai passé trois ans en Grande-Bretagne avant l’invasion de la Sicile. Pendant l’invasion de l’Italie, nous avons combattu en Sicile et remonté jusqu’à Ortona, où j’ai été blessé au genou. On m’a renvoyé en Grande-Bretagne, où je suis resté sept mois à l’hôpital. J’en suis sorti à temps pour me joindre à la Bataille de France, dans une ville appelée Lisle. Mais dans un autre régiment, car je ne pouvais retourner en Italie. C’est donc avec la Royal Hamilton Light Infantry que j’ai traversé la France jusqu’à la frontière allemande, où j’ai de nouveau été blessé. On m’a évidemment rapatrié peu de temps après, et je suis rentré au Canada en février 1945, avant la fin de la guerre. Aucun fantassin ne se remet de ce qu’il a vécu aux premières lignes du combat. J’ai écrit une petite histoire pour raconter ma propre expérience. C’était le jour de Noël 1943. Nous combattions pour prendre la petite ville médiévale d’Ortona. J’ai intitulé mon récit My Little Son Was the Stranger. I Never Knew His Name (« Mon jeune fils était un étranger dont je n’ai jamais su le nom »). Ce petit garçon, je l’ai rencontré à Ortona. C’est en traversant la zone inoccupée que je l’ai aperçu. Il était mortellement blessé. Je me suis penché pour prendre sa main d’enfant dans la mienne. Ses yeux noyés de larmes exprimaient sa peur de mourir, sans sa mère pour l’enlacer et le réconforter, sur ce champ de bataille encombré de corps de soldats ensanglantés. Cet enfant n’a jamais quitté mes pensées. Il m’accompagne la nuit sans jamais vieillir. Il est jamais destiné à conserver ce même âge de huit ou neuf ans. C’était le jour de Noël 1943, ce qui rendait la scène encore plus triste. C’était le quatrième Noël que je passais loin des miens, et ce n’était pas un jour heureux. Les guerres font beaucoup de victimes chez les enfants. Nous devons trouver le moyen de résoudre nos problèmes sans tueries sur des champs de bataille où peuvent périr des innocents. J’ai voulu expliquer dans mon histoire que même après le silence des canons et la dispersion des fumées, une autre guerre commence pour le fantassin sous forme de mauvais rêves et de cauchemars. Je n’ai que ces mots à transmettre à mon jeune ami : « Je suis sûr que nous voyagerons de nouveau ensemble. Je suis désolé d’avoir dû te quitter. Tu étais simplement trop jeune pour mourir à la guerre. Au revoir, petit bonhomme. Je t’aime. Ton père adoptif, Alec. »